Je savais, par sa mère, que Ludivine restait la plupart du temps enfermée dans sa chambre à bouquiner. Elle ne supportait ni les autres patients, ni les murs de l'hôpital psychiatrique où il était convenu qu'elle fasse, avant de s'y retrouver internée, son stage de diplôme.
Feuilletant les romans étalés sur les tables, je ne savais que choisir. Il suffisait d'un mot, d'une sensation pour que je rejette une histoire qui me paraissait dangereuse pour l'âme dolente de ma sœur. Alors, errant au rayon papeterie, j'ai vu une illustration, toute de poésie et de nostalgie, qui m'a arrachée un sourire. Je savais que Ludivine écrivait parfois ses pensées et j'ai jugé qu'il valait mieux, finalement, lui offrir un espace pour ses maux.
Puis, parce que j'étais tombée amoureuse de sa couverture, j'ai pris un deuxième cahier pour moi. J'avais une impression étrange, comme si en emportant ces deux cahiers identiques un pour ma sœur, un pour moi, j'allais communiquer avec Ludivine. Comme si j'allais la retrouver. D'un coup je me suis sentie plus tranquille, presque sereine.
De retour chez moi, j'ai cherché Princesse Camcam sur internet. Il se trouve qu'elle a un blog et qu'elle est venue peu de temps après sur le mien...
Aujourd'hui j'ai commencé à griffonner des idées pour un conte qu'elle illustrera, s'il lui plait.