Quand on me dit : "J'admire ton courage", je suis toujours un peu partagée. Voyons, d'un côté, le fait que quelqu'un m'admire, n'est pas un phénomène suffisamment fréquent pour que j'y sois habituée, donc j'aime bien.
Mais il est vrai que, d'un autre côté, la condescendance du mot courage me fait parfois un peu flipper ma race. Genre, j'ai l'impression d'avoir décidé, en reprenant des études à 33 ans, de sauter à l'élastique sans élastique, et que les gens se regardent d'un air entendu, triste et navré en se disant "Mais quel courage elle a, la pauvre...". Vous voyez ?
Bref je suis dubitative.
Sauf que j'ai découvert que les gens ne mettent pas exactement la même chose que moi derrière "J'admire ton courage" :
- Certains pensent effectivement qu'il faut être courageux pour reprendre des études, risquer son confort intellectuel, aller manger au RU, toussa.
- D'autres trouvent simplement courageux d'aller à la fac en banlieue avec tous ces pauvres ères de la région parisienne, les minoritaires et autres mal-aimés.
- Certaines sont époustouflées par l'idée qu'on puisse sacrifier son budget shopping vestimentaire (si ténu soit-il vu que le chômage grève mon poste "pouffe") pour un budget Clairefontaine / Amazon / Les éditions d'organisation /
Soirées BDE - Y'en a même qui pensent sincèrement qu'il faut du courage pour apprendre, réfléchir, se cultiver. Ils appèlent ça du temps libre, rapport que eux, ils ont des occupations des vraies, voire des problèmes (alors que moi, au pays des bisounours
/ chômagelandfaut avouer que j'en ai pas trop de problèmes existentiels).
Du coup, je suis allée voir dans le dictionnaire la définition du courage et ça donne : "Le courage est un trait de caractère qui
désigne la capacité à surmonter la peur pour faire face à un danger."...
Et en vrai, ouais, j'ai la trouille...