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La petite boîte à névroses (gballand)

Publié le 27 octobre 2009 par Mbbs

Sur le blog je-double, un  texte  de gballand, « la petite boîte à névroses », illustrée par un photomontage de Patrick Cassagnes

Il était debout près du lit alors qu'elle était encore allongée, et il la toisait d'un regard lointain, comme s'il était déjà parti, comme si ce qu'il venait de vivre à l’instant n'avait plus aucune importance pour lui.  Soudain elle lui dit d'un ton agressif qu'il ne sembla pas comprendre :

- C'est pas parce que vous avez couché avec moi qu'il faut faire le malin.

Elle savait parfaitement que si elle lui avait dit ça, c'était à cause de sa petite boîte à névroses qui tournait à une vitesse folle. Une fois de plus elle se sentirait abandonnée, une fois de plus elle pleurerait toutes les larmes de son corps quand il serait parti, une fois de plus elle aurait le sentiment de n’avoir pas été comprise.
Si elle ne lui avait pas proposé sa table ce jour-là, au déjeuner, alors qu’il cherchait désespérément un endroit  où s’asseoir dans la salle enfumée du café restaurant, elle ne serait pas dans cette chambre d'hôtel minable mais chez elle avec son mari et son fils. Elle s’en voulait d’avoir eu à  imaginer une histoire ridicule d'inventaire de dernière minute pour faire l’amour avec un nouvel inconnu.

- Je vais prendre ma douche, s'excusa-t-il.

Qu'il aille prendre sa douche, pourquoi il me dit ça ? De toutes façons je m'en fiche, pensa-t-elle. Bien sûr il avait l'air gentil, bien sûr elle avait eu du plaisir avec lui, mais elle lui en voulait. Etait-ce normal de demander à des inconnus de lui donner autre chose, toujours ?

Il sortit  de la salle de bain et commença à s'habiller lentement en la regardant à la dérobée.

- Si vous voulez, on pourrait se voir de temps en temps, lui dit-il presque hésitant.
- Quoi ? Baiser à date fixe ? Non, merci ! Répondit-elle avec une violence dont elle ne s’étonna pas.

Il n'insista pas et finit de passer ses vêtements en silence. Quand il fit mine de s'approcher du lit pour lui dire au revoir elle le repoussa violemment.

- Inutile ! On doit vous attendre !

Il sortit et tira la porte derrière lui sans un dernier regard. Une fois la porte refermée, elle pleura tout son saoul. Elle l’avait congédié sans appel, comme les autres. Elle prit son portable sur la table de nuit, appela un numéro et au bout d’un instant elle dit d’une voix neutre.

- Michel, j'arrive dans une heure, l’inventaire a été plus long que prévu. Tu as fait manger Bruno ?

23_10_09


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