Magazine Humeur

Commemoraison des fideles defunts : 2 novembre (2)

Publié le 27 octobre 2009 par Hermas

COMMÉMORATION DES MORTS

(PREMIER SERMON)

par le saint Curé d'Ars

LE PURGATOIRE

Venit nox, quando nemo potest operari.

La nuit vient, pendant laquelle personne ne peut plus travailler.

(S. Jean, IX, 4.)

Telle est, la cruelle et affreuse position où se trouvent maintenant nos pères et mères, nos parents et nos amis, qui sont sortis de ce monde sans avoir entièrement satisfait à la justice de Dieu. Il les a condamnés à passer nombre d'années dans ces prisons ténébreuses du purgatoire, où sa justice s'appesantit rigoureusement sur eux, jusqu'à ce qu'ils lui aient entièrement payé leurs dettes. «Oh! Qu’il est terrible, nous dit le saint Roi-prophète, de tomber entre les mains du Dieu vivant (Hébreux X, 31)! «Mais pourquoi, suis-je monté en chaire aujourd'hui; que vais-je vous dire? Ah! je viens de la part de Dieu même; je viens de la part de vos pauvres parents, afin de réveiller en vous cet amour de reconnaissance que vous leur devez; je viens vous remettre devant les yeux toutes les bontés et l'amour qu'ils ont eus pour vous pendant qu'ils étaient sur la terre; je viens vous dire qu'ils brûlent dans les flammes, qu'ils pleurent, et qu'ils demandent à grands cris le secours de vos prières et de vos bonnes oeuvres. Il me semble les entendre s'écrier du fond de ces brasiers qui les dévorent : «Ah! Dites bien à nos pères, à nos mères, dites à nos enfants, à tous nos parents, combien sont cruels les maux que nous souffrons. Nous nous jetons à leurs pieds pour implorer le secours de leurs prières. Ah! Dites-leur que depuis que nous sommes séparés d'eux, nous sommes ici à brûler dans les flammes! Oh! Qui pourra être insensible à tant de maux que nous endurons? «Voyez-vous, entendez-vous cette tendre mère et ce bon père, et tous ces parents qui vous tendent les mains? «Mes amis, s'écrient-ils, arrachez-nous à ces tortures, vous le pouvez» Voyons donc:

1° la grandeur des tourments qu'endurent les âmes du purgatoire, et

2° les moyens que nous avons de les soulager, qui sont : nos prières, nos bonnes oeuvres, et surtout le saint sacrifice de la Messe.

I. – Je ne veux pas m'arrêter à vous prouver l'existence du purgatoire; ce serait perdre mon temps. Nul d'entre vous n'a le moindre doute là-dessus. L'Église à qui Jésus-Christ a promis l'assistance du Saint-Esprit, et qui, par conséquent, ne peut ni se tromper ni nous tromper, nous l'enseigne d'une manière assez claire et assez évidente. Il est certain et très certain qu'il y a un lieu où les âmes des justes achèvent d'expier leurs péchés, avant d'être admises à la gloire du Paradis qui leur est assurée. Oui, et c'est un article de foi : si nous n'avons pas fait une pénitence proportionnée à la grandeur et à l'énormité de nos péchés, quoique pardonnés dans le saint tribunal de la pénitence, nous serons condamnés à les expier dans les flammes du purgatoire. Si Dieu, la justice même, ne laisse pas une bonne pensée, un bon désir et la moindre action sans récompense, de même aussi il ne laissera pas impunie une faute, quelque légère qu'elle soit; et nous irons souffrir en purgatoire tout le temps que la justice de Dieu l'exigera, pour achever de nous purifier. Dans l'Écriture Sainte, grand nombre de textes montrent que, bien que nos péchés soient pardonnés, le Bon Dieu nous impose encore l'obligation de souffrir dans ce monde, par des peines temporelles, ou dans l'autre, par les flammes du purgatoire

Le Jugement Dernier, Michel Ange

Le Christ envoie au Purgatoire

Voyez ce qui arriva à Adam : s'étant repenti après son péché, Dieu l'assura qu'il l'avait pardonné, et cependant il le condamna à faire pénitence pendant plus de neuf cents ans (Genèse, 3, 17-19); pénitence qui surpassa tout ce que l'on peut imaginer. Voyez encore (2° Livre des rois): David ordonne, contre le gré de Dieu, le dénombrement de ses sujets; mais, poussé par les remords de sa conscience, il reconnaît son péché, se jette la face contre terre et prie le Seigneur de lui pardonner. Dieu, touché de son repentir, le pardonne en effet; mais, malgré cela, il lui envoie Gad pour lui dire : «Prince, choisissez l'un des trois fléaux que le Seigneur vous a préparés en punition de votre faute : la peste, la guerre et la famine.»David dit : «Il vaut mieux tomber entre les mains du Seigneur dont j'ai tant de fois éprouvé la miséricorde, que dans celles des hommes.»Il choisit donc la peste, qui dura trois jours et qui lui enleva plus de soixante-dix mille sujets; et, si le Seigneur n'avait arrêté la main de l'ange déjà étendue sur la ville, tout Jérusalem eût été dépeuplé! David voyant tant de maux causés par son péché, demanda en grâce au Bon Dieu de le punir lui seul, et d'épargner son peuple qui était innocent. Hélas! Quel sera donc le nombre d'années que nous aurons à souffrir en purgatoire, nous qui avons tant de péchés; qui, sous prétexte que nous les avons confessés, ne faisons point de pénitence et ne versons point de larmes? Que d'années de souffrances nous attendent dans l'autre vie!

Le purgatoire, folio 113v des Très Riches Heures du duc de Berry

Mais comment pourrai-je vous faire le tableau déchirant des maux qu'endurent ces pauvres âmes, puisque les saints Pères nous disent que les maux qu'elles endurent dans ces lieux, semblent égaler les souffrances que Jésus-Christ a endurées pendant sa douloureuse passion? Cependant, il est certain que si le moindre supplice de Jésus-Christ avait été partagé entre tous les hommes, ils seraient tous morts par la violence des souffrances. Le feu du purgatoire est le même que celui de l'enfer, la différence qu'il y a, c'est qu'il n'est pas éternel. Oh! Il faudrait que le bon Dieu, dans sa miséricorde, permît qu'une de ces pauvres âmes qui brûlent dans ces flammes, parût ici à ma place, tout environnée des feux qui la dévorent, et qu'elle vous fît elle-même le récit des maux qu'elle endure. Il faudrait qu'elle fît retentir cette église de ses cris et de ses sanglots, peut-être enfin cela attendrirait-il vos cœurs. «Oh! Que nous souffrons, nous crient-elles, ô nos frères, délivrez-nous de ces tourments; vous le pouvez! Ah! Si vous sentiez la douleur d'être séparées de son Dieu!...»Cruelle séparation! Brûler dans un feu allumé par la justice d'un Dieu!... souffrir des douleurs incompréhensibles à l'homme mortel!... être dévoré par le regret, sachant que nous pouvions si bien les éviter!... « Oh! Mes enfants, s'écrient ces pères et mères, pouvez-vous  bien nous abandonner, nous qui vous avons tant aimés? Pouvez-vous bien vous coucher dans la mollesse et nous laisser étendus sur un brasier de feu? Aurez-vous le courage de vous livrer au plaisir et à la joie, tandis que nous sommes ici à souffrir et à pleurer nuit et jour? Vous possédez nos biens et nos maisons, vous jouissez du fruit de nos peines, et vous nous abandonnez dans ce lieu de tourments où nous souffrons des maux si affreux, depuis tant d'années!... Et pas une aumône, pas une Messe qui nous aide à nous délivrer! – Vous pouvez nous soulager, ouvrir notre prison; et vous nous abandonnez? Oh! Que nos souffrances sont cruelles!...»Oui, l'on juge bien autrement dans les flammes, de toutes ces fautes légères, si toutefois l'on peut appeler léger, ce qui nous fait endurer des douleurs si rigoureuses. «0 mon Dieu, s'écrie le Roi-prophète, malheur à l'homme, même le plus juste, si vous le jugez sans miséricorde (Psaume 142,2) «Si vous avez trouvé des taches dans le soleil et de la malice dans les Anges, que sera-ce donc de l'homme pécheur (1° Lettre de Pierre 4, 18? Et pour nous, qui avons commis tant de péchés mortels, et qui n'avons encore presque rien fait pour satisfaire à la justice de Dieu, que d'années de purgatoire!

« Mon Dieu, disait sainte Thérèse, quelle âme sera assez pure pour entrer dans le ciel, sans passer par les flammes vengeresses?»Dans sa dernière maladie elle s'écria tout à coup : «O justice et puissance de mon Dieu, que vous êtes terrible!»Pendant son agonie, Dieu lui fit voir sa sainteté, telle que les Anges et les Saints la voient dans le ciel, ce qui lui causa tant de frayeur, que ses sœurs la voyant toute tremblante et dans une agitation extraordinaire, s'écrièrent tout en larmes : «Ah! Notre mère, que vous est-il donc arrivé; craignez-vous encore la mort, après tant de pénitences, des larmes si abondantes et si amères?» – « Non, mes enfants, leur répondit sainte Thérèse, je ne crains pas la mort, au contraire, je la désire, afin de m'unir à jamais à mon Dieu.» – «Est-ce donc que vos péchés vous effraient, après tant de macérations?» – «Oui, mes enfants, leur dit-elle, je crains mes péchés, mais je crains encore quelque chose de plus.» – «Est-ce donc le jugement?» – «Oui, je frémis à la vue du compte redoutable qu'il faudra rendre au bon Dieu, qui, dans ce moment, sera sans miséricorde; mais il y a encore quelque chose dont la seule pensée me fait mourir de frayeur.»Ces pauvres sœurs se désolaient. – «Hélas! Serait-ce l'enfer?» – «Non, leur dit-elle, l'enfer, grâce à Dieu, n'est pas pour moi; oh! Mes sœurs, c'est la sainteté de Dieu! Mon Dieu, ayez pitié de moi!Il faut que ma vie soit confrontée avec celle de Jésus-Christ lui-même! Malheur à moi si j'ai la moindre souillure, la moindre tache! Malheur à moi si j'ai même l'ombre du péché!» – «Hélas, s'écrient ces pauvres religieuses, quel sera donc notre sort!...»Que sera-t-il donc de nous, de nous qui peut-être dans toutes nos pénitences et nos bonnes oeuvres, n'avons pas encore satisfait à un seul péché pardonné dans le tribunal de la pénitence? Ah! Que d'années et de siècles de tourments pour nous punir!... Que nous paierons cher toutes ces fautes que nous regardons comme un rien, telles que les petits mensonges que nous disons pour nous divertir, les petites médisances, le mépris des grâces que le bon Dieu nous fait à chaque instant, ces petits murmures dans les peines qu'il nous envoie! Non, jamais nous n'aurions la force de commettre le moindre péché, si nous pouvions comprendre combien il outrage le bon Dieu, et combien il mérite d'être puni rigoureusement, même en ce monde.

Intercession la Sainte Vierge et de Saint Joseph

Auprès de la Trinité

Pour les âmes du Purgatoire

Par Giuseppe Badaracco

Bastia, église Sait Jean-Baptiste


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