Les étoiles ont au ciel, sans saison, des raisons secrètes de briller. Elles boutonnent l'habit sombre de la nuit solitaire. Nacre scellant le gros drap du lourd manteau sous lequel je vais. Je sors dans ces heures là pour quelques pas heureux, je marche d'un cercle de lumière à l'autre. Entre deux le fil qui n'existe pas, le fil que les épeires tissent pour moi. Alors je fais ma toile. Comme elles en espérant qu'un ange viendra au bout d'un long silence d'affût. Un ange sans bavardages, aimable comme la substance nouricère du ciel nocturne. Je me repais de nuit, comme elle j'attends des ailes et quand le sourire inéfable d'une étoile me touche, je me remets en marche, vers le centre de ma vie. Qu'un ange enfin m'éfeuille du bout de l'index, qu'il ôte ce qu'il inscrivit à mes lèvres la nuit de ma naissance, en serrant la boutonnière de l'étoile qui est ma gouverne. Que mon verbe se débraille et que j'aille enfin nu, puisque c'est nu que le monde vous accueille, et que c'est aussi nues que les étoiles détaillent, au ciel qu'une nuit habille de ventre, la vie telle qu'elle est, avant que l'ange ne grave son sillon à nos lèvres.
(pour PG)