Magazine Humeur

Into the jungle

Publié le 28 octobre 2009 par Didier T.
La vie ici, loin de France, n’est pas tous les jours aisée. Il faut bien le reconnaître.
D’abord, j’ai quelques soucis avec la nourriture. Hong Kong de carte postale est moderne, Hong Kong en vrai ne connaît pas bien la chaîne du froid. C’est bizarre, à l’aéroport pour entrer sur le territoire, il faut avoir 37°c de température, pas 36, encore moins 38, 37, le type qui prend la température porte un masque, dans l’aéroport tous les locaux portent un masque, par contre dans la ville les cuisses de canard volent et engraissent à l’air (pollué, vicié, chaud) accrochées à un gros crochet de boucher. Faut pas avoir l’estomac fragile c’est moi qui vous le dis !
Les Dim Sum sont moins bons qu’à Paris, et, en plus, la plupart du temps ils sont servis dans de la vaisselle sale. D’ailleurs leurs détergents, j’ai pu le remarquer, vous connaissez ma manie d’acheter des produits d’entretien, ne sont pas bien efficaces contre la graisse. Ils « détergent » mal.
Pour me détendre de tous ces soucis domestiques, j’ai voulu profiter des bienfaits de la nature et aller me baigner dans une mer à peu près saine. Je voyais un après-midi « miami beach ». Pour trouver de belles plages, il faut s’éloigner un peu de Central. J’ai été jusqu’à Exchange Square, j’ai pris un bus direction Repulse Bay (miami beach locale quoi). La montée, ça monte, en bus est intéressante, ça monte, ça monte, comme en haute montagne, les feuilles de palmiers et d’autres arbres tropicaux fouettent les vitres du bus, j’ai bien cru me retrouver au milieu de la forêt tropicale. Après ça descend, ça descend, ça bringuebale, j’étais heureuse de n’avoir rien avalé. Dans toute cette précipitation bus-esque, j’ai planté l’arrêt Repulse Bay Miami Beach. Je me suis retrouvée à Santley, jolie station balnéaire, minuscule, trop minuscule pour se baigner comme j’aurais voulu me baigner. Sanley- Repulse Bay Miami Beach, j’ai voulu le faire à pieds. Mauvaise idée ! J’ai manqué à plusieurs reprises de me faire écrabouiller par un bus sur la petite route qui grimpe et qui finit par ne pas être assez large pour un bus à droite + un bus à gauche + une fille. Stoppée au milieu de nulle part, devant : la route impraticable pour un piéton non suicidaire, à gauche : la jungle, à droite : la jungle. Allo papa ? Rebrousser chemin ? Pfff = manquer encore de se faire tuer ! Bien regarder tout autour. Ouais un parc ! Je pensais que j’allais pouvoir prendre un raccourci, en plus, un peu plus agréable que le béton, et me retrouver à Repulse Bay Miami Beach dans l’eau salée et chaude. Grave, grave, grave, erreur. Le parc, ce n’était pas indiqué bien sûr ou je n’ai rien vu, s’étend sur 1315 hectares. J’ai donc pris le chemin, un chemin de randonnée, en tongs délicieusement turquoises, et j’ai monté, monté, monté, ça n’en finissait pas de monter, je ne voyais pas âme qui vive, pas un chat, pas un rat, rien, des bruits de serpents, des oiseaux, des papillons géants à l’œil hostile, pas un panneau, pas une indication, au bout d’une heure, plus de chemins en pierre, que des gros cailloux et de la terre rouge. Perdue. Le jour qui tombe à 6 heures, c’est-à-dire dans une heure et demie. La perspective ? Un chemin qui monte point final. A droite, de la jungle, à gauche de la jungle. J’ai fini par pleurer, par m’imaginer, seule, au milieu de la nuit noire, avec les serpents, et ne pouvant pas bouger du tout, car bouger ça veut dire, inexorablement, parce qu’on ne voit rien, mais où sont les buildings ?, s’écarter du chemin en grosses pierres et tomber dans la végétation drue et hostile. Faire demi tour ? Descendre tout le long du chemin déjà parcouru ? Finalement, je me suis assise au milieu du chemin de randonnée. Un bruit. Un ornithologue chinois, qui observe mes tongs. Sergio Rossi, if you want to know, mister l'ornithologue, crocodile leather même. Il ne comprenais que le chinois. Néammoins, je l’ai suivi, jusqu’en haut de la montagne (the top the top, m' a t-il dit, soon), il a été sympa, on s’est arrêtés souvent pour respirer et boire. Lui il a fait pipi plusieurs fois. Moi j’ai fait du sport pour 6 mois, mon cœur était au bord d’exploser. En haut, il a exigé que je prenne une photo de lui, même que j’étais encore toute transpirante avec le souffle coupé, j'ai pas eu le courage de prononcer non, j'ai même obtempéré sans rechigner, après nous sommes redescendus par une longue longue longue suite de milliers de marches. J'ai cru finir à quatre pattes comme un vieux chien malade. J'étais en pleine guerre du Vietnam, voyez dans Apocalypse now ou le pont de la ricière truc ou à Alcatraz, quelque part par là. L'ornithologue chinois m’a emmenée jusqu’à l’arrêt de bus. J’étais toute mouillée de sueur mais, heureusement, c’était caché par la clim à fond du bus. Sinon la honte ! Habiter Central et puer du cul ! J’étais lessivée, vannée, exténuée, heureuse d’être en vie malgré tout. Finir morte et abandonnée de tous dans un parc incompréhensible, non merci.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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