Déjà de son vivant, le Curé d'Ars [1786-1859][1] fut considéré comme un saint. Le peuple de Dieu pressent très vite cela. Ce qui impressionnait ses contemporains, ce n'était pas d'abord ses pénitences, ou même les faits extraordinaires que l'on se transmettait de fermes en fermes. Ce fut peut-être sa fidélité, dans le sens d'un amour donné et non repris. Fidélité à Dieu qui transpirait de tout son être, fidélité aux hommes aussi dont chacun reconnaissait avoir été le bénéficiaire. Hanté par le salut, il n'avait de cesse que chacun puisse rencontrer le Seigneur en vérité et en vivre. Il le fit comme prêtre, et plus précisément comme curé. Depuis avril 1905 il est “patron de tous les prêtres de France”, depuis avril 1929 “patron de tous les curés de l'univers”. Le rayonnement universel de ce curé de campagne humble et pauvre est impressionnant : une encyclique écrite sur lui[2], tous les papes l'ont pris en exemple, Jean Paul II l'a donné comme modèle aux prêtres, des milliers de prêtres et de fidèles viennent chaque année à Ars…
Il est donc légitime de se poser la question : qu'est-ce qui caractérise cette figure de sainteté sacerdotale ? Quelles en sont les grandes intuitions, le cœur ? Nous le ferons en distinguant d'abord trois grands aspects (sa spiritualité personnelle, son œuvre de pasteur, l'influence de son entourage) puis en cherchant ensuite à découvrir ce qui les unifie[3].
1. Un cœur de pauvre : aspects personnels de sa sainteté
Il faut déjà se pencher sur quelques aspects de sa spiritualité. On ne soulignera ici que les points qui semblent les plus saillants et à la base de sa vie pastorale :
1.1 Un cœur de pauvre…
La grâce du curé d'Ars fut sans doute d'être un pauvre. Pas d'abord dans le sens de celui qui n'a rien, mais dans celui –biblique– de celui qui attend tout de Dieu. Il remarquera un jour : « l'homme est un pauvre qui a besoin de tout demander à Dieu »[4]. Jean-Marie Vianney fut vraiment un pauvre. La pauvreté, non pas la misère ou le misérabilisme. Une pauvreté reçue, choisie, parfois subie, mais toujours assumée, offerte et finalement transfigurée. Cette pauvreté recouvrait chez lui différents aspects : elle était matérielle déjà, et toute la vie du saint Curé en témoigne ; elle était humaine aussi avec son caractère, ses angoisses… ; intellectuelle et culturelle certainement ; psychologique peut-être ; spirituelle aussi par la rigueur de sa formation ou l'influence de son époque. Mais il a su offrir tout cela au Seigneur et le faire fructifier.
Pour lui la pauvreté c'est avoir une confiance totale en Celui qui peut tout, comme un enfant. C'est une démarche d'abandon, pas une démarche de foi aveugle, mais aimante ; tout cela le Curé d'Ars le mit en pratique. Il y a quelque chose de profondément marial dans cette confiance absolue, dans ce "oui" tous les jours redit ; quelque chose qui le rapproche de Marie, sa « plus vieille affection »[5]. La pauvreté lui permettra d'être réceptif au don de Dieu, ouvert à sa volonté, à ses grâces, attendant tout de Dieu, se recevant de Lui. Il sera ainsi ce que Dieu veut, pleinement configuré au Christ. Il accueillait les dons de Dieu, en vivait, en témoignait et les transmettait. Si la pauvreté fut son secret, dans ce dépouillement total, sa richesse fut Dieu lui-même.
L'humilité semble alors être une de ses plus belles vertus. L'humilité de celui qui ne se croit rien devant Dieu, qui reconnaît ses faiblesses, sa “misère” et son péché, bien conscient de son incapacité à grandir par lui-même. Mgr Ancel, évêque auxiliaire de Lyon et ancien supérieur du Prado, remarque : « il semble que le Seigneur se soit occupé d'une façon toute spéciale de former le Curé d'Ars à l'humilité, non seulement par les humiliations extérieures qui pleuvaient sur lui, mais surtout par la lumière qui l'éclairait sur sa misère »[6]. Cette humilité lui donnera une sorte d'indifférence par rapport aux remarques qui lui sont adressées (louanges ou blâmes) et affermira la pureté de son cœur. « Heureux les cœurs purs ils verront Dieu » ; M. Vianney illustre à merveille cette béatitude tant son détachement des créatures semble grand. « Être à Dieu, être à Dieu, tout entier sans partage, le corps à Dieu, l'âme à Dieu ! Un corps chaste, une âme pure ! Il n'y a rien de si beau »[7]…
1.2 L'Union à Dieu…
Le Curé d'Ars a une perception très forte de l'amour de Dieu, « sa spiritualité pastorale est dominée par l'amour »[8]. Et à partir de la grandeur de cet amour de Dieu pour nous dont il reste un témoin émerveillé, il s'oriente et oriente les autres vers le Seigneur. « L'homme est créé par amour et il ne peut vivre sans amour ; ou il aime Dieu, ou il s'aime et il aime le monde… »[9] remarque-t-il. De cet élan qui semble “l'aspirer” toujours plus, naît une attirance pour le Ciel, perçu comme la vie avec Dieu, la patrie des saints que l'on peut déjà goûter ici-bas.
La première phrase que l'on connaît du jeune desservant d'Ars est adressée au petit berger qu'il croise : « Je te montrerai le chemin du Ciel » ; c'est-à-dire, moi ton pasteur, je ferai de toi un saint, je ferai grandir ton intimité avec Dieu pour que, dans la vérité, tu te laisses habiter par la grâce, don de miséricorde et de sanctification. Le Ciel va fasciner le Curé d'Ars, il en sera un extraordinaire témoin, comme s'il l'avait visité diront ses contemporains… Ce désir l'habite profondément et rejaillit sur ses actions, sa pastorale, l'aménagement de son église. Voir Dieu, être avec lui pour l'éternité en compagnie des saints, goûter sa charité… quelle belle vocation que celle de l'homme, il en est émerveillé !
De sa pauvreté et de ce désir du Ciel va jaillir une réelle intimité avec Dieu. De la grâce accueillie comme un don peut alors se développer et grandir chez lui une véritable amitié avec Dieu : « la prière c'est une douce amitié avec Dieu, une familiarité étonnante… »[10] remarque-t-il. Sa grande joie, sa grande consolation est l'union à Dieu dans l'amour. « Dans cette union intime, Dieu et l'âme sont comme deux morceaux de cire fondus ensemble »[11]. Amitié qui sous entend une réciprocité, il s'y plongera avec délices, puisant là toute sa force, sa joie et son espérance[12]. Sa prière viendra l'abreuver et guérir son ”désespoir” comme il disait, qui le tentera jusqu'au bout : « Ma tentation c'est le désespoir »[13].
Son union à Dieu est nourrie par l'Eucharistie célébrée et adorée, c'est vraiment là que Dieu vint le combler. Comme un enfant, il a su tout lâcher et faire ce pas spirituel fondamental pour lui et pour son ministère, celui de s'abandonner en Dieu et de se laisser aimer. L'Eucharistie peut alors le combler, car il n'est plus encombré par rien. Il vit de l'Eucharistie, elle devient sa nourriture et le sommet de sa journée, elle est la clé de son ministère et la source de sa charité pastorale. S'il est tout donné, c'est d'abord au pied de la Croix à chaque consécration, et il s'offre alors, ainsi que sa paroisse et le monde entier. Ouvert à la grâce, habité par l'Esprit, il s'est laissé conduire humblement ; il devint ainsi serviteur de l'Eucharistie. Fasciné par l'amour de Dieu pour nous dont il était par grâce le témoin et le serviteur, il pouvait ainsi répéter sans cesse devant le corps de son Dieu : « Je vous aime, oh mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu'au dernier soupir de ma vie … »[14].
1.3 Force dans l'adversité…
Le Curé d'Ars a bien conscience de ses faiblesses et de son péché, la force qu'il manifeste est d'autant plus extraordinaire. Ses confrères, les événements et ses paroissiens mêmes ne lui épargneront ni épreuves ni calomnies. Lui qui avait dit un jour : « si j'avais su tout ce que je devais souffrir en arrivant dans cette paroisse, je crois que je serai mort de chagrin… »[15], remarquera pourtant « Je consens à souffrir tout ce que vous voudrez, tout le temps de ma vie pourvu qu'ils se convertissent »[16]. Dénonciations, jalousies, critiques le mettront parfois au bord du doute mais ne lui enlèveront ni sa douceur ni son courage. Il redoublera de charité et remarquera : « je redoublais de politesses et de prévenances envers eux et je fis des aumônes plus abondantes à ceux que j'avais l'habitude de secourir »[17]. Le grappin se chargera aussi douloureusement de le lui rappeler. Si le Seigneur a permis les attaques quotidiennes et souvent spectaculaires du démon durant plus de 30 ans, c'est pour qu'il ne tombe pas dans l'orgueil, peut-être aussi pour faire grandir sa force dans l'adversité. Cette force que ses contemporains remarqueront, jaillit de sa foi et de son abandon confiant. Il plaisantera même des ruses du démon « avec le grappin, on est quasi camarade tellement on se connaît »[18]. Il répondra aux attaques de toutes sortes par la foi et dans l'espérance, et par le développement de ses vertus, tout spécialement la patience et la maîtrise de soi. Retournant à son adversaire le mérite de son offrande, il sera doublement vainqueur même s'il en ressortira meurtri et touché. Mais les épreuves spirituelles ne lui feront pas perdre la paix. Ses désirs de fuite, la tentation du désespoir l'ancreront douloureusement mais fermement dans un dépouillement confiant ; « certains jours je rentre avec dégoût dans mon église » confiera-t-il même. Ce fut profondément un homme de foi et un héraut de l'espérance, et cela nourrira son humble fidélité.
Il répondra enfin à ces attaques par ses pénitences, qui feront couler tant d'encre car mal comprises ou objet de la moquerie de ses confrères. Par ses mortifications, il veut aussi être pasteur de la miséricorde. Il est au pied de la Croix et comme prêtre, il a perçu qu'il devait entrer dans ce don total, cette identification au Christ qui se donne complètement. Ses pénitences, malgré les excès de sa jeunesse qu'il reconnaissait bien volontiers, n'eurent jamais un côté morbide ou ostentatoire. Rares sont ceux qui les connaissent. Tout est donné, offert et prend sens uni à la passion du Christ. On perçoit ce que l'on pourrait appeler une “substitution” : je souffre pour vous et avec vous, de ce que vous ne voulez pas souffrir : « Ah mon Dieu ! –prie-t-il– Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, de vous aimer en souffrant »[19]. Sa spiritualité personnelle n'a donc de sens qu'en rapport à Dieu seul, perçu comme infiniment aimant, à l'origine de notre vocation extraordinaire à la vie divine, présent au milieu de nous. Il est le seul horizon de la vie chrétienne. Le “Bon Dieu” comme il disait, est Tout, en dehors de Lui il n'y a rien ; toute sa spiritualité est là. Il en perçoit la présence dans le Saint-Sacrement avec un réalisme et une force peu habituels, mais dans la logique de l'incarnation ; ce sera sa grande consolation.
2. Un prêtre admirable : aspects de sa sainteté comme pasteur
Ce fut un pasteur admirable, précise Jean Paul II qui remarque : « Saint Jean-Marie Vianney demeure pour tous les pays un modèle hors pair à la fois de l'accomplissement du ministère et de la sainteté du ministre »[20]. Si l'on se penche sur la sainteté de son ministère de pasteur, exemplaire selon le pape, on soulignera les points suivants :
2.1 Le zèle apostolique d'un homme donné
Nul ne remit jamais en question ce que l'on appelait alors son zèle apostolique. Enfant il voulait devenir prêtre « pour gagner des âmes au Bon Dieu »[21]. Ce souci du salut des âmes va le hanter toute sa vie et explique sa ténacité malgré les épreuves de toutes sortes qui l'accableront. Ce zèle se caractérise semble-t-il par trois points :
D'abord par le don qu'il fit de lui-même. Répondant un jour à une personne qui lui demandait quel était son secret, il répondit simplement : « mon secret est bien simple, c'est de tout donner et de ne rien garder »[22]. Au-delà de l'intention première de celle qui l'interroge, tout le Curé d'Ars est là. Ce fut un homme totalement donné, et ce dans toutes les dimensions de sa personne et de son ministère. Il entre dans la logique du don, la logique de la sainteté : le Père se donne au Fils, le Fils se donne au Père, et de ce don total jaillit l'Esprit Saint qui n'est que don : c'est un mouvement de charité qui l'envahit et qui déborde… Il se donne à Dieu et à chacun, il ne s'appartient plus et cherche, comme son Maître, à être tout à tous. Son zèle se caractérise ensuite par l'amour des personnes. Il prend conscience de la vocation de tout homme, baptisé appelé à la sainteté, mais aussi de la vocation particulière de chacun. Son amour s'enveloppe de la miséricorde de Dieu, il est profondément bienveillant. Chacun se sent aimé et respecté, quel que soit son histoire ou son péché. « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime… ». Son regard sur les personnes voit ce qui est beau et ce qui peut grandir : « Mon cimetière est ensemencé de saints » remarque-t-il un jour en sortant de l'église[23] ; c'est le regard d'un pasteur aimant son peuple. Enfin, on peut semble-t-il caractériser son zèle par la prise de conscience de sa propre responsabilité de pasteur. Il en a une conscience extrême, pourrait-on dire, qui sera à la source de son angoisse persistante. Il sait que comme pasteur, il a la responsabilité devant Dieu du salut de ceux qui lui sont confiés. Pris entre ses pauvretés et la grandeur de sa responsabilité, il aura parfois la tentation de fuir, mais inlassablement il retournera s'asseoir au confessionnal ; « j'ai fait l'enfant »[24] dira-t-il lors de sa dernière fuite d'Ars en 1853. Ces trois points (don, amour et responsabilité) furent poussés à l'extrême. Les exemples fleurissent et couvrent son ministère de confesseur autant que son action de pasteur. « Je suis prêt à rester 100 ans de plus sur terre pour réconcilier une âme avec Dieu » remarquait-il un jour. Jusqu'aux dernières heures de sa vie, il se souciera des pénitents et, peu de temps avant sa mort, il les fera monter dans sa chambre, près de son lit afin d'absoudre ceux qui attendaient depuis longtemps… Il ne ménagera ni son temps, ni sa peine pour manifester à tous la miséricorde de Dieu. Un “prêtre mangé” aurait dit son contemporain, le père Chevrier… Il y là aussi quelque chose d'une “substitution” chez le Curé d'Ars : « je pleure de ce que vous ne pleurez pas »[25] précise-t-il à un pénitent. « Monsieur le curé, pourquoi donnez-vous de petites pénitences ? » - « Je donne de petites pénitences et je fais le reste » répondit-il simplement.2.2 Les œuvres d'un pasteur faites avec sainteté
Si l'on regarde bien ce que fit le Curé d'Ars, on pourrait être surpris à première vue, de ne rien trouver d'extraordinaire par rapport à beaucoup de ses confrères du XIXème. Comme tous les curés de son temps, il célébrait, confessait, s'occupait d'œuvres sociales… Mais tout ce qu'il faisait, il le fit admirablement, ayant pour objet le salut des personnes et leur rencontre personnelle avec Dieu. Rappelons-nous la remarque de Jean-Paul II concernant M. Vianney : « un modèle hors pair […] de l'accomplissement du ministère ».
Soulignons d'abord sa prédication. Dès son arrivée, il chercha à enseigner par le catéchisme et par le biais de ses homélies. Ce n'est pas un séducteur mais un éducateur et un formateur. Il n'attire pas les gens à lui, il n'a pas un enseignement qui veut séduire. Si l'on regarde ses homélies ou ce que l'on en connaît, elles n'ont rien de tendre ou de mièvre, elles paraissent même parfois austères ou sévères. Il considère que chacun, aussi humble soit-il, a droit à la vérité. Jusqu'à la fin de sa vie, il sera tourmenté par la pensée qu'il se damne en attirant les gens à lui, et que si les gens viennent si nombreux, c'est parce qu'il n'est pas assez strict avec la vérité ; ce sera l'une des raisons de ses fuites. Il prêche la Parole de Dieu, il y est profondément fidèle, mais il en est d'abord le disciple.
Notons aussi les sacrements dont il fut le ministre fidèle. On pense immédiatement à la Messe et à la confession, mais il fut un curé qui baptisait, mariait et s'occupait des malades. Les sacrements furent pour lui le principal canal de la grâce dans ce petit village d'Ars, et le lieu d'une rencontre personnelle avec Dieu ; c'est là qu'il voyait le Sauveur agir. Comme tout prêtre, il en usa avec joie et, dans ses premières années à Ars, son temps disponible lui permettait d'aller aider ses confrères à les donner.
Soulignons enfin son attention à chacun qui se manifeste dans ses visites à ses paroissiens ou dans l'accueil extraordinaire de ses pénitents. Chacun, pauvre, malade, étranger, pénitent, ou simple paroissien, trouve en lui une écoute et une attention miséricordieuses et vraies ; il se sent reconnu et aimé. Notons enfin son souci de l'éducation (il ouvrit deux écoles) et du soin de former des mamans car, dit-il « la vertu passe si bien du cœur des mères au cœur des enfants »[26].
2.3 La force de l'exemple, il entraîne
Le Curé d'Ars est un pasteur et il l'a bien compris. Il sait qu'il est non seulement observé mais aussi imité. Il n'en tire pas de gloire, mais une responsabilité certaine qu'il assume pleinement malgré les contradictions de toutes sortes. Il a bien conscience que sa vocation est d'être devant, de montrer ainsi par son exemple et l'authenticité de son témoignage, le “chemin du Ciel”. Non seulement son témoignage impressionne, mais il entraîne et tire vers le haut ; c'est la grâce du chef.
Soulignons sa prière tout d'abord. C'est peut-être le point qui a le plus surpris ses paroissiens à son arrivée. Ils venaient d'hériter d'un jeune pasteur, certes humble et simple, mais qui parlait sans grandes facilités et qui semblait un peu gauche. Ce qui frappait cependant c'était sa prière. Dès les premières heures du jour, alors qu'il fait encore nuit, le voici à l'église, à genoux devant le tabernacle à prier. Par curiosité d'abord, par respect ensuite, ses paroissiens viendront voir ce qu'il peut faire si tôt le matin dans son église. Attirés, impressionnés ils découvriront l'intimité profonde qui lie leur pasteur au Seigneur. Il n'a pu réellement entraîner les autres dans une rencontre intime et vraie avec le Seigneur, que parce que d'abord il en a donné le témoignage authentique.
Sa bonté et sa charité ensuite. Sa bonté est légendaire déjà à son époque. On a aujourd'hui souvent l'image d'un Curé d'Ars austère, dur et rigide. Mais si on écoute les témoins au procès de béatification, on s'aperçoit que ce qui jaillit au premier abord, c'est cette bienveillance, cet amour profond du pasteur envers ceux à qui il a été envoyé, avec un a priori positif sur chacun. Il disait un jour : « être missionnaire, c'est laisser déborder son cœur », « il faut avoir un cœur liquide » qui déborde, qui entraîne. Sa bonté s'exprime même dans les difficultés, les contrariétés ou les calomnies ; elle s'exprime aussi dans sa prière d'intercession. Son exemple tire ses paroissiens qui, pour ne pas faire de peine à leur curé, changeront de vie et chercheront à avoir une vie meilleure.
Son souci de la vérité accueillie et vécue totalement sera aussi un exemple pour chacun. Le curé d'Ars ne badine pas avec la vérité et il souffrira d'autant plus des calomnies qui circulent sur son compte. Rappelons simplement cet exemple significatif : dans le petit jardin du Curé d'Ars, il y avait les plus beaux pommiers d'Ars. Un jour au moment de la récolte, quelqu'un vient lui voler ses pommes la nuit. Certains auraient guetté ou mis des barrières pour qu'on empêche de voler les pommes. Lui, coupe les pommiers pour empêcher les voleurs de commettre un péché. Sa bienveillance et son attention envers le pécheur vont jusque-là ! Le but n'est pas ses pommes et son propre bien, mais d'empêcher que quelqu'un fasse un péché et soit dans le mensonge. À son procès de béatification Guillaume Villier, d'Ars, fait cette remarque : « quand on était à côté de lui, on avait envie d'être meilleur » ; sans rien dire, on percevait l'ampleur du don de lui-même qui entraîne vers le haut.
2.4 Témoin de la miséricorde
Il convient aussi de parler de cet aspect de son ministère qui le caractérise peut-être le mieux. Ce fut un extraordinaire témoin de la miséricorde de Dieu. On peut aisément souligner deux aspects chez lui, sa bienveillance miséricordieuse envers les pauvres et les petits, et celle envers les pécheurs. Nous retiendrons ici surtout la seconde dont il est devenu presque l'icône. Jean-Paul II le considère comme un martyr du confessionnal[27]. Son instrument de pénitence, rapporte son dernier vicaire, devint son seul confessionnal ; on pourrait ajouter que ce même confessionnal fut aussi l'instrument que Dieu lui donna pour se sanctifier. 17 heures par jour sans repos, dans une église glacée l'hiver et surchauffée l'été, à écouter la misère du monde se déverser, sans autre appui ou aide que Dieu seul… Jean-Paul II remarquera en 1947 que c'est en voyant son confessionnal, qu'il comprit la place que celui-ci devait tenir dans la vie et le ministère d'un prêtre[28]. Devant la grandeur de la vocation de l'homme et la beauté de l'amour de Dieu, il réalisait la folie de notre péché, et il fit tout pour que chacun puisse en être libéré.
Le Curé d'Ars fut totalement prêtre. « Oh ! qu'un prêtre fait donc bien de s'offrir à Dieu en sacrifice tous les matins »[29] - « Après Dieu, le prêtre c'est tout » remarquera-t-il un jour. Sa vie en a été une parfaite illustration, le drame du combat où la grâce semble surgir au milieu des ténèbres. « Ce qui nous empêche d'être des saints, nous autres prêtres, c'est le manque de réflexion. On ne rentre pas en soi-même ; on ne sait pas ce qu'on fait. C'est la réflexion, l'oraison, l'union à Dieu qu'il nous faut !… »[30]. L'action de l'Église dans le monde lui paraissait avant tout comme une action surnaturelle, comme une œuvre de la grâce, il était convaincu que le succès de la Rédemption dépendait beaucoup de la sainteté des prêtres[31].
3. Dans la communion des saints : influences de son entourage
Dans le cadre d'un pasteur – on pourrait préciser d'un prêtre diocésain –, il semble intéressant de pointer les influences qu'il a reçues de tiers. Il n'est pas devenu saint tout seul, mais son entourage a eu une place certaine. Citons entre autres :
3.1 Dans la communion des saints
Dans l'influence de son entourage, il peut paraître surprenant de mettre en premier ses intercesseurs du Ciel, mais c'est d'abord sur eux qu'il s'appuya et c'est surtout vers eux qu'il orienta ses demandes. La communion des saints a une place centrale dans la prédication du Curé d'Ars, mais surtout dans sa prière et dans sa vie spirituelle : on peut, sans excès, dire qu'il vivait avec eux une étonnante familiarité. La Vierge Marie bien sûr tient la première place. Celle qu'il appelait « la portière du Ciel »[32] et qu'il avait fait placer au-dessus de chaque porte de son église fut « sa plus vieille affection ». Sa présence est si grande qu'elle l'engendra à la vie pastorale, et que son titre de Mère des prêtres prend ici un relief tout particulier, à la fois spirituel, matériel et humain. Il faut aussi citer “ses saints”, ceux pour lesquels il avait une véritable amitié spirituelle et à qui il “cassait la tête” (sic). On soulignera S. Jean-Baptiste dont il prit le nom à sa confirmation, et qu'il garda toujours comme modèle tant dans la désignation du Seigneur que dans la dimension de prophète qu'il illustra lui aussi à merveille. Citons S. François-Régis, saint populaire de son enfance et apôtre du Vivarais, près de qui il ira chercher réconfort, et dont il a été un fidèle disciple comme confesseur. Citons enfin Ste Philomène, connue par le biais de Pauline Jaricot et dont il devint un familier et un ardent propagateur. Il avait trouvé en “sa petite sainte” une avocate efficace et fidèle, et il lui voua une véritable amitié spirituelle. Mentionnons enfin un de ses prédécesseurs peu connu mais qu'il imita sous bien des aspects, et dont on imagine l'intercession, M. François Hescalle curé d'Ars de 1724 à 1740. Il marqua profondément la paroisse par son zèle, sa sainteté et ses initiatives pastorales, et est enterré dans son église devant l'autel sur lequel célébrait chaque jour le Saint Curé[33].
3.2 Place de ses parents
Si l'on se penche sur l'enfance de M. Vianney, l'influence de ses parents fut certainement capitale. On a la chance de connaître les faits rapportés par sa petite sœur Gothon. Sa maman tout d'abord, Marie Béluze. Elle lui a donné le sens de Dieu, celui de la vie avec Dieu. C'est elle la première qui lui apprendra à prier, à connaître Dieu et à l'aimer. Elle lui enseignera à vivre sous son regard, c'est-à-dire en toute vérité et simplicité avec Lui. Cette qualité le guidera toute sa vie, particulièrement dans les moments plus difficiles où les épreuves sont lourdes et où il ne perçoit pas la volonté de Dieu, ainsi que dans les périodes plus paisibles. Sa familiarité avec le “Bon Dieu” vient certainement de cette habitude. Marie Béluze lui avait appris à se tourner vers Dieu quand l'horloge de la ferme de Dardilly sonnait les heures, et à confier ainsi ses occupations, ses joies ou ses peines à Jésus. Il fera de même à Ars en relevant le clocher et en y installant une pendule ; il pourra ainsi inviter ses paroissiens à tourner leur cœur vers le Seigneur. Sa Maman avait aussi pressenti l'ampleur de l'appel de Dieu tout spécialement sur son Jean-Marie. Petit, elle lui avait dit un jour : « tu vois Jean-Marie, si tes frères et sœurs péchaient – dans le sens de gravement – cela me ferait de la peine, mais surtout si c'était toi ». Quand il lui dira déjà grand, sa volonté de devenir prêtre, elle lui répondra : « tu sais, cela fait longtemps que je le sais ». Elle a donc porté et accompagné la vocation de son fils. Devenu pasteur d'âmes, il pressentira bien souvent la profondeur de l'appel de Dieu sur ceux qui venaient à lui, et il les aidera à répondre de tout leur cœur à cet appel. Le “charisme” de la maman a engendré et porté celui du curé. Son père ensuite, Mathieu Vianney. Agriculteur solide et pragmatique, il lui apprendra à connaître et à aimer la vie. Il enseignera aussi à son fils à aimer le travail et à y être fidèle. La terre ne ment pas et, en la travaillant pour lui faire porter du fruit, en coopérant à l'œuvre de la création, on rejoint le Créateur. Comment ne pas percevoir chez le saint Curé cet amour de la terre et de son travail. En bon fils de paysan, il s'en servira comme d'un réservoir inépuisable d'exemples et d'analogies pour parler du Créateur et de la vocation de chacun. Il y percevra une image de la fidélité et de la bonté de Dieu au-delà de tous les bouleversements possibles. Son père lui apprit aussi à aimer les pauvres et plus largement à les accueillir, c'est-à-dire à reconnaître en eux le Seigneur lui-même. Jean-Marie Vianney retiendra aussi de son père son attention à sa propre famille et à son devoir d'état. Il y discernera l'importance de l'exemple et de l'image que donnent le père et la mère. À son arrivée à Ars il n'aura de cesse de sauvegarder la famille et de la protéger de tout ce qui peut la blesser (alcool, futilités, travail le dimanche, débauche, grossièretés…). Mathieu Vianney apprit enfin à son fils l'obéissance filiale. Si les relations ne furent pas toujours faciles entre eux, si le père ne comprit pas toujours son fils dans son désir de devenir prêtre, si le refus de la conscription et la désertion entachèrent fortement leurs liens, il lui montra (même malgré lui) que l'obéissance filiale porte du fruit en son temps. L'amour filial du Curé d'Ars envers l'Église et son évêque, trouve sans doute ici son origine.
3.3 Influence des paroissiens et des pénitents
Soulignons deux points dans l'influence de ses paroissiens. Le premier sera le soutien fraternel et amical qu'il reçut de certains, déjà dans les premiers temps de son arrivée, mais surtout vers la fin de sa vie. Ce soutien lui permit de mettre en œuvre ses intuitions, de mener à bien son ministère et d'avoir une vie humaine stable. Citons les châtelains successifs, les deux familles des Garets qui ont été un appui fidèle et sûr. Citons le premier maire Antoine Mandy, qui le soutiendra contre les villageois dans les moments les plus sombres où la cabale s‘envenimait. Citons enfin Catherine Lassagne, fidèle et donnée, à la maison de Providence puis à son service. Notons enfin l'ambiance de prière et d'offrande qui le portera, et qui n'est pas banale dans un petit village. Mlle d'Ars a prié pour avoir un saint prêtre et dès son arrivée, elle sera sa première pénitente et assistera chaque jour à sa Messe ; elle le soutiendra par ses œuvres mais aussi par l'offrande de sa vie. De par sa position sociale et son renom, l'appui du château emportera souvent les premières réticences parmi les villageois. Notons le soutien spirituel de certaines familles dont les Lassagne, parents de la première directrice de la Providence. Catherine raconte que dès son arrivée, l'attitude de prière de la famille changea[34]. Notons aussi le soutien des paroissiens et des pénitents qui prient quand le curé d'Ars est malade et encore plus mourant.
3.4 Place des confrères.
Notons aussi l'influence prépondérante de certains de ses confrères dans le sacerdoce. Il faut souligner déjà la place de l'abbé Charles Balley, curé d'Écully. Jusqu'à sa mort, Jean-Marie Vianney l'appellera son maître. On peut imaginer combien son influence fut grande sur le jeune homme qui voulait devenir prêtre. Pendant onze années de vie commune au presbytère d'Écully [1806-1817], le jeune séminariste apprendra par osmose et par imitation, ce qu'est la vie d'un prêtre et d'un curé. Sa forte personnalité, sa rigueur, son sens du sacrifice et de l'abnégation, sa piété et sa foi profonde marqueront à jamais l'âme du jeune Jean-Marie. Il fut un véritable maître et un père pour ce séminariste peu sûr de lui, peu doué pour les sciences, mais au cœur débordant de générosité et si pieux. Ses mortifications, le Curé d'Ars les a apprises chez M. Balley. Tous deux rivalisaient dans l'abnégation et le renoncement. Ils voulaient ressembler à leur Maître et Seigneur et apprendre de lui douceur et humilité. C'est en pensant au curé d'Écully qu'il dira plus tard : « si un prêtre venait à mourir à force d'abnégation et de privations, ce ne serait pas mal ! »[35]. Mais l'Abbé Balley va surtout éveiller en lui un cœur de prêtre, emprunt de zèle, de piété et d'abandon. Il lui apprendra à surmonter et à offrir ses difficultés, ses pauvretés et ainsi à les faire fructifier. Il va l'ancrer dans l'amour de l'Église et engendrera chez le jeune séminariste un cœur de pasteur. Il lui apprendra ce qu'il a lui-même reçu de son ordre religieux (les génovéfains), à savoir la visite des familles à domicile, l'attention à la liturgie et à son déploiement, l'implication personnelle du prêtre dans la pastorale, la prière commune à l'église… autant de points mis en œuvre plus tard par le Curé d'Ars. À la mort de l'Abbé Balley, son jeune vicaire accueillera comme un héritage le témoignage d'une vie toute donnée.
Il faut noter aussi les évêques qui furent les siens dans le nouveau diocèse de Belley, Mgr Devie (1823-1852), Mgr Chalandon (1853-1857) et enfin Mgr de Langalerie (1857-1871). Ils l'ont soutenu et accompagné, porté parfois tout en étant impressionnés et marqués par l'ampleur du don de lui-même qu'ils percevaient. Éclairés tous les trois, mais contre son gré, ils l'ont maintenu à Ars et ont certainement contribué ainsi à son rayonnement universel. Notons enfin ses confesseurs. Même si l'on n'en sait que peu de choses, ils eurent certainement sur lui une influence prépondérante, dans les grandes orientations spirituelles et humaines qui furent les siennes. Comment ne pas imaginer qu'il donna à ses pénitents ce qu'il reçut lui-même dans le silence du confessionnal. On ne peut oublier aussi ses luttes contre le grappin, affirmons simplement que ses confesseurs eurent là aussi une place nécessaire. Son dernier confesseur (durant 13 ans) fut l'Abbé Beau, curé voisin[36] qui remarqua simplement au cours du procès de béatification : « Les souvenirs que j'ai de ces moments-là m'impressionnent encore. Je ne crois pas qu'il soit possible d'aller plus loin dans la pratique des vertus héroïques. Je lis la vie des saints et je n'y trouve rien qui soit au-dessus de ce que j'ai vu dans Monsieur le Curé d'Ars. Je ne pourrai exprimer à quel point il m'inspirait la vénération et le respect. Il avait, d'après mon opinion, conservé la grâce du baptême et cette grâce, il l'a constamment augmentée par la sainteté éminente de sa vie »[37].
Enfin il faut signaler ses proches collaborateurs, citons simplement l'abbé Tailhades[38], l'abbé Raymond[39], et l'abbé Toccanier[40]. Tous trois l'ont aidé et servi à leur manière, et furent à jamais marqués par son exemple. Le premier en l'éclairant sur sa pastorale et en le soutenant de ses connaissances. Le second en l'incitant à la charité, le troisième en l'accompagnant fraternellement les dernières années de sa vie. Leurs défauts ou faiblesses contribuèrent aussi à la sainteté du Curé d'Ars ; Dieu se sert de tout pour faire grandir les saints.
JEAN-PHILIPPE NAULT[41]
ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
MGR FRANCIS TROCHU, Le Curé d'Ars , Éd. Résiac (1925), 650 p. - (avec photos) Une des toutes premières biographies du Curé d'Ars, et encore aujourd'hui la plus connue. Ouvrage de référence qui se lit très facilement. MGR RENÉ FOURREY, Le Curé d'Ars authentique, Éd DDB (1981), 260 p. Mgr Fourrey, historien de formation, s'appuie sur un grand nombre de documents historiques et d'archives. Cet ouvrage, complet et rigoureux, a l'avantage du recul ; il cherche à nous faire apparaître le visage authentique du Saint Curé. MGR DANIEL PEZERIL Pauvre et saint Curé d'Ars. Livre de vie, ed. Seuil (1959) 310 p. Biographie alerte et détaillée du saint Curé. Basée sur des témoignages de l'époque (analyse des sermons), l'auteur cherche à cerner le caractère du saint Curé et l'action de la grâce dans ce petit village de la Dombes. PÈRE MARC JOULIN, Petite vie de Jean-Marie Vianney, Curé d'Ars, DDB (2004), 160 p. Accessible à tous, l'essentiel de la vie et de la spiritualité du Curé d'Ars. Encarts avec pensées, paraboles, paroles du saint. FRANÇOISE BOUCHARD, Le Curé d'Ars, viscéralement prêtre, Ed Salvator (2005), 200 p. Nouvelle biographie alerte et facile à lire. PÈRE ANDRÉ RAVIER, Le Curé d'Ars, un prêtre pour le peuple de Dieu, Ed. Parole et Silence (1998), 112 p. Vie et spiritualité sacerdotale du patron des curés de l'univers. Le Curé d'Ars, un maître spirituel pour tous les prêtres d'aujourd'hui.
ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES
8 mai 1786 : Jean-Marie Vianney naît à Dardilly, près de Lyon. Il est le quatrième de six enfants, et passera son enfance dans la ferme de son père, durant la période troublée de la Révolution française. 1806 : ayant manifesté le désir de devenir prêtre, Jean-Marie Vianney commence sa formation auprès de l'Abbé Balley, au presbytère d'Écully. 23 juin 1815 : après une formation longue et souvent difficile, il est ordonné diacre à Lyon. 13 août 1815 : o il est ordonné prêtre à Grenoble par Mgr Simon. Il est alors nommé vicaire de l'Abbé Balley à Écully Le 13 février 1818, il arrive à Ars comme desservant. 1821 : Ars retrouve le statut de paroisse et Jean-Marie Vianney en devient le curé. À partir de 1822, il entreprend de restaurer et d'embellir son église, tâche qu'il poursuivra jusqu'à sa mort. 1822 : le diocèse de Belley, dont dépend la paroisse d'Ars, est rétabli. 1824 : il ouvre la Maison de Providence pour en faire une école gratuite pour les filles ; elle deviendra plus tard un orphelinat. Vers 1830 : début de l'afflux des pèlerins et des pénitents à Ars. Ils ne cesseront de venir toujours plus nombreux, et ce jusqu'à sa mort. Le Curé d'Ars ne pourra presque plus quitter sa paroisse, il s'occupera exclusivement de ses paroissiens et des pèlerins. 1843 : grave maladie du saint Curé et première “fuite” d'Ars. Il y aura 3 autres fuites, face à l'ampleur de la charge de curé et la prise de conscience de ses faiblesses. En 1849, il fonde l'école des garçons qu'il confie aux Frères de la Sainte Famille de Belley. À partir de 1853, une équipe de missionnaires diocésains vient aider le saint Curé, “prisonnier” du confessionnal et assailli par les pèlerins. 1858 : 100 000 pèlerins environ cette année-là à Ars. Le Curé d'Ars passe jusqu'à 17 heures par jour au confessionnal. 4 août 1859 : le Curé d'Ars meurt épuisé vers 2 heures du matin, dans son presbytère. 8 janvier 1905 : béatification par le pape Pie X ; déclaré “patron des prêtres de France”. 31 mai 1925 : canonisation par le pape Pie XI. 1929 : déclaré “patron de tous les curés de l'univers” par le pape Pie XI. 6 octobre 1986 : le pape Jean-Paul II vient en pèlerinage à Ars. 2009 : Jubilé pour les 150 ans de la mort du Saint Curé. Le Curé d'Ars est déclaré par le Pape Benoît XVI “patron des prêtres du monde”.
[1] Jean-Marie Vianney est né à Dardilly (près de Lyon) le 8 mai 1786 ; il est mort à Ars le 4 août 1859. Il devint officiellement curé d'Ars le 25 août 1821 (Ars est alors érigé en paroisse) et le resta jusqu'à sa mort le 4 août 1859 ; avant 1821 il n'en est que desservant, Ars étant une chapellenie dépendant du curé voisin de Misérieux. [2] Pie X le béatifia le 8 janvier 1905 et le déclara “patron de tous les prêtres de France et des pays qui lui sont soumis” le 28 avril 1905 ; Pie XI le canonisa le 31 mai 1925 et le déclara “patron des curés de l'univers” le 23 avril 1929 ; Jean XXIII écrivit une encyclique sur lui à l'occasion du centenaire de sa mort (Nostri sacerdotii primitias – 31 juillet 1959) ; Jean Paul II publia une lettre aux prêtres sur le Curé d'Ars le jeudi Saint 1986, et vint en pèlerinage à Ars le 6 octobre 1986 où il prêcha une journée de retraite sacerdotale à 6000 évêques, prêtres et séminaristes de France ; Benoît XVI doit le déclarer “patron des prêtres du monde” durant l'année sacerdotale qu'il a proclamée à l'occasion des 150 ans de la mort du Curé d'Ars (du 19 juin 2009 au 19 juin 2010). [3] Comme sources principales à utiliser, nous conseillons : les dépositions du Procès de l'Ordinaire [Archives Sanctuaire d'Ars] ; les grandes biographies (A. Monnin, F. Trochu, R. Fourrey et D. Pézeril) ; le petit mémoire de Catherine Lassagne [réédité sous le titre : Le Curé d'Ars au quotidien, Éd. Parole et Silence 2003] ; les travaux de l'abbé Nodet [entre autres : Le Curé d'Ars, sa pensée, son cœur, Éd. du Cerf 2006] ; les analyses du père Ravier, sj [Le Curé d'Ars, un prêtre pour le peuple de Dieu, Éd. Parole et Silence 1999] ; les numéros des Annales d'Ars depuis 1904 rassemblant de multiples études et analyses [Archives Sanctuaire d'Ars] ; les textes du magistère (encyclique de Jean XXIII et surtout les textes de Jean-Paul II [Le Curé d'Ars, un modèle hors pair, Éd. Parole et Silence 2004]). [Pour plus de détails, voir le site du Sanctuaire d'Ars : www.arsnet.org]. [4] B. NODET, Le Curé d'Ars, sa pensée, son cœur, Éd. du Cerf 2006, p. 89. [noté maintenant : NODET, 89]. [5] NODET, 255. [6] Cf. MGR ANCEL, La spiritualité pastorale du Curé d'Ars - Journées Sacerdotales du Centenaire ; Éd. Fleurus 1959, p 132. [7] NODET, 200. [8] ANCEL, 131. [9] A. MONNIN, Esprit du Curé d'Ars, Éd. Téqui, Paris 1935. p. 21. [10] NODET, 85. [11] NODET, 80 - Cf. André RAVIER, Le Curé d'Ars, un prêtre pour le peuple de Dieu, Éd. Parole et Silence 1999, p. 17-20. [12] Le père Ravier précise : « décidément, cette âme évoluait sur les plus haut sommets mystiques » RAVIER, 89-108. [13] NODET, 203. [14] Extrait de l'Acte d'amour du Saint Curé d'Ars, prière attribuée au Curé d'Ars. [15] A. DUPLEIX, Comme insiste l'amour, Éd. Nouvelle Cité, Paris 1986, p. 256. [16] DUPLEIX, 259. [17] NODET, 228. [18] NODET, 177. [19] Acte d'amour, prière attribuée au Saint Curé d'Ars. [20] JEAN PAUL II, Le Curé d'Ars, un modèle hors pair, Éd. Parole et Silence 2004, p. 5. [21] NODET, 226. Il sera ordonné prêtre par Mgr Simon, évêque de Grenoble, le 13 août 1815. [22] NODET, 220. [23] Le cimetière entourait alors son église. C'est lui qui le fit déplacer en 1855. [24] R. FOURREY, Le Curé d'Ars authentique, Le Signe-Fayard 1964, p. 462. [25] A. MONNIN, Vie de Jean-Baptiste-Marie Vianney, Éd. Douniol, Paris 1861. Tome 2, p. 195. [26] MONNIN, I, 15. [27] JEAN PAUL II, 23. [28] JEAN PAUL II, 7. [29] NODET, 107. [30] NODET, 102. [31] RAVIER, 84. [32] NODET, p. 253. [33] Encore aujourd'hui, cinq anciens curés d'Ars sont enterrés dans l'église d'Ars, dont Jean-Marie Vianney. [34] Pour mieux connaître Catherine Lassagne, cet extraordinaire témoin qui fut une des personnes les plus proches du Saint Curé, on se penchera avec bénéfice sur l'ouvrage précité qui constitue le Mémoire qu'elle rédigea à partir des notes prises au quotidien près de son saint curé : C. LASSAGNE, Le Curé d'Ars au quotidien, Éd. Parole et Silence 2003. [35] C. LASSAGNE, P. 140. [36] L'abbé Beau fut nommé curé de Jassans en septembre 1844. Il devint confesseur du Curé d'Ars à partir de novembre 1845. [37] Procès de l'Ordinaire, pp. 1189-1190. [38] Prêtre du diocèse de Montpellier qui passa 3 mois et demi près du Saint Curé en 1939. Ils échangèrent beaucoup et l'abbé Tailhades lui apporta principalement sur la pratique de la confession (influence de S. Alphonse de Liguori). [39] Vicaire du Curé d'Ars de septembre 1845 à août 1853. [40] Vicaire du Curé d'Ars à partir de septembre 1853, puis son successeur à Ars de 1869 à 1883. [41] Père Jean Philippe Nault : prêtre du diocèse de Belley-Ars, membre de la Société Jean-Marie Vianney, recteur du Sanctuaire d'Ars depuis 1999, professeur au séminaire de la Société Jean-Marie Vianney à Ars.