Sarkopétainisme

Publié le 28 octobre 2009 par Hmoreigne

Chahuté par une succession de polémiques, Nicolas Sarkozy essaye de se relancer à mi-mandat en faisant appel à son côté obscur. En mêlant identité nationale et référence à la terre, le Chef de l’Etat joue sans complexe avec le feu et avec l’histoire. Entre Rupture Sarkozyste et Révolution nationale Pétainiste, les ambiguïtés ne manquent pas.

La terre fait partie de l’identité nationale française“, a déclaré Nicolas Sarkozy lors de son discours du 27 octobre 2009 à Poligny. Comment ne pas faire le lien avec les propos de Pétain lors de son appel du 25 juin 1940 : “La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c’est une portion de France qui meurt.

Comment ne pas penser à l’ancien slogan du Front National “Aimez-la  ou quittez-la“. En ouvrant le pseudo débat sur l’identité nationale Nicolas Sarkozy veut accorder des bons et des mauvais points. Son ministre des basses œuvres, Eric Besson a commencé lundi soir sur le plateau de Mots croisés en accusant ouvertement le parti socialiste et notamment François Hollande d’être de mauvais patriotes. En l’espèce parce que l’ancien Premier Secrétaire socialiste avait refusé que soient mis en place des drapeaux Français lors d’un meeting de Ségolène Royal. Présent sur le plateau, Pierre Moscovici a vivement répliqué accusant le ministre d’insinuation malsaine, celle de parti de l’étranger, et a rappelé que le PS n’avait pas de problème avec la Nation.

Comment ne pas être mal à l’aise face à tous ces signaux qui se multiplient et qui nous renvoient aux périodes les plus sombres de notre histoire. Stigmatisation de l’immigration, de l’étranger, rafles d’enfants de sans papiers devant les écoles, relations délétères avec la presse, reconduite de clandestins dans un pays en guerre …

La définition d’une identité nationale est un leurre car la république n’est pas identitaire. Ernest Renan au lendemain de la défaite de 1870 avait déjà essayé de trouver une réponse pour finalement conclure que l’identité nationale, c’est la volonté de vivre ensemble. Avec beaucoup de finesse et d’intelligence Alain Gérard Slama , intellectuel de droite et plume du Figaro n’a de cesse de rappeler que l’identité française n’a rien à voir avec l’immigration et que l’accolement des termes “immigration” et “identité” est une atteinte à l’esprit des Lumières.

Le besoin actuel n’est pas là, dans une labellisation des bons français mais plûtot dans une refondation du pacte social et républicain. A ce titre, “le ministère de l’immigration et de l’identité nationale constitue un ministère ambigu au service d’une politique ambiguë” selon les propres mots de Pierre Moscovici.

Vincent Peillon de son côté estime que le gouvernement lance le débat, à quelques mois des régionales, “pour ne pas parler de la France: école, laïcité, acquis sociaux…” et chasser “sur les terres des extrémistes” en s’appuyant sur une stratégie des trois “i”: immigration, insécurité, impôt“.

Le chroniqueur Thomas Legrand est l’un des rares à s’étonner de la forme retenue par Eric Besson de tenter de définir l’identité nationale dans les préfectures et sous-préfectures. Dans la France profonde et éternelle, empreinte de bon sens.C’est au Parlement que doivent se tenir les débats politiques. Le parlement a vu, parait-il, ses droits et pouvoirs renforcés par la réforme des institutions,votée en juillet 2008. S’il y a un débat législatif, autour d’un projet, il sera relayé, n’ayez crainte, hors des murs du Parlement. Mais vous ne procédez pas ainsi parce que vous ne voulez pas, au fond, légiférer. Vous voulez que la société s’agite sur ce thème porteur pour vos nouveaux amis. Les régionales arrivent.

Bégaiement ou pas de l’histoire, le télescopage d’une crise économique majeure et de la question des flux migratoires ne peuvent qu’inciter à la vigilance républicaine.

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