Comme un cheveu
Un soir frileux
Enluminé d’or et de rouille
Navets et citrouilles,
Topinambours et panais,
Gaiement cheminaient
Vers l’Auberge de l’Avenir
Là où devait se tenir
En secret
S’il vous plait,
Le bal des citrouilles et des potirons.
Salsifis, aubergines et pâtissons
En mesure sautaient en rond
Là des vers luisants
Impatients
Et des lucioles
Folles
Balisaient des allées
Empierrées.
Depuis le printemps déjà
Ils ne poussaient que pour ça
Rejoindre les variétés
Choisies pour leur qualité extra frais.
Partout aux confins des bourgs
Rumeurs et bruissements sourds…
Branle-bas et la terre en émoi,
En racine et en tapinois
Tout un bataillon de légumes
Brillait comme mille enclumes
Des choux pommés, de noirs radis
En habits de cérémonie.
Des cardes, des poireaux ardents
Profitaient du vent
Batavia, romaines, chicorées
Se pâmaient déjà enivrées
Sans avoir absorbé,
Pourtant, la moindre goutte de rosée.
Derrière des volets rongés
Les reins et le dos brisés,
Le jardinier ronflait sous sa couette,
Entre son chat et sa femme replète
Le bal pouvait commencer.
Brigitte Lécuyer