RIEN A DECLARER
L’angoisse de la feuille blanche. Rien que d’y penser, ma crampe de l’écrivain me lance.
Je suis là, bloquée, position de chienne à l’arrêt.
Surtout ne faut pas bouger, à peine respirer et puis fixer la feuille, faire le vide dans son esprit, dégager suffisamment d’espace – nan c’est pas un studio, c’est juste qu’il y a beaucoup de bibelots – pour que l’idée puisse atterrir en douceur.
Si rien ne vient, je m’autorise une petite incantation intérieure, voire une séance de troc. Allez ma muse si tu déclenches un orage crânien, j’arrête de fumer, enfin demain.
Et rien ne vient, pas d’illumination, aucune grâce conceptuelle, pas une idée à la con à vous jeter en pâture. J’ai beau caqueter, je n’arrive pas à pondre mon œuf. Je finis par faire des cocottes en papier de mon angoisse. Mais ça me donne la chair de poule.
Parfois on me demande où je trouve mes idées, et je trouve toujours une réponse spirituelle et follement intrigante, un sourire modeste masquant mon inconséquence et je me retiens de hurler « Si on te le demande morue …»
Comme si je savais… Le robinet est bloqué, pas cool. Et si ça ne revenait jamais, si je m’étiolais dans l’indifférence générale, m’asséchant à en devenir lyophilisée, petit tas de poudre incompris. Me recueillerait-on au moins, m’offrirait-on une coquette urne ou me laisserait-on m’abattre sur le vaste monde en une tempête vengeresse ?
Muse, oh ma muse quant tu soulignes au crayon noir tes méchants adieux…
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble