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Des cailloux – partie 08 – la chute

Publié le 28 octobre 2009 par Eleken
    Épisodes précédents
  • 1 – le libraire
  • 2 – l’inspecteur
  • 3 – Un jour gris
  • 4 – Des problèmes
  • 5 – la maison du libraire
  • 6 – Une piste ?
  • 7 – Confessions

Quand Alpeed arriva au commissariat, il n’avait pas le moral. Il se sentait mal et ne cessait de tourner et de retourner le petit caillou dans ses doigts. Qu’est-ce que cela voulait dire. Le tueur était là-bas, avec lui. Il avait voulu lui envoyer un message ? C’était purement fortuit… Mais dans ce cas, pourquoi n’y en avait-il pas d’autres alentour. Il pensait à sa femme et son enfant et se dit qu’il ne devait pas lui arriver quelque chose. Perdu dans ses pensées il  monta rapidement les escaliers le menant à l’étage.

Le gros inspecteur était déjà là. Il fut frappé par son teint jaune empreint d’une fatigue extrême. Il entra dans son bureau. Il n’eut même pas le temps de lui adresser plus de quelques mots que le commissaire Haustatsh sortit de son silence pour venir à leur rencontre. Il s’adressa directement à Lornbeck et Alpeed comprit immédiatement à son ton que quelque chose de grave couvait.

« J’ai parlé avec Abberline inspecteur, il m’a appris quelque chose d’intéressant »

L’inspecteur ne broncha pas, on aurait même pu croire qu’il n’avait pas entendu le commissaire. Les yeux baissés sur le plateau de bois de son bureau. Lornbeck releva la tête et regarda le commissaire avec lassitude. Il savait. Il savait que tout était finit.

Le commissaire se tourna vers Fergus qui essayait de se faire le plus discret possible aux yeux des deux hommes.

« Vous avait bien fait Alpeed, Abberline a fait du bon boulot. » Il se retourna vers le gros bonhomme. « L’une des femmes, qui correspond complètement au profil des autres femmes disparues, était votre propre femme Lornbeck. Et je vous sais trop intelligent pour l’ignorer. Avouez-le-moi s’il vous plaît. »

Alpeed marqua sa surprise son regard se portant sur l’inspecteur. Celui-ci avait de nouveau baissé les yeux. Il resta un moment immobile semblant vouloir contrôler sa respiration qui n’était pas tout à fait calme.

La main de Lornbeck claqua sur le bureau et se retira. Il n’adressa pas un regard à Haustatsh. Mais sur le bureau, y resta le médaillon de sa femme. Haustatsh qui y vit là le symbole de son énervement intima du regard l’ordre de sortir à Alpeed. Il ne voulait pas que ce dernier assiste à la suite de la conversation.

« Je ne peux pas vous laisser vous occuper de cette affaire plus longtemps. Dès demain, je la donnerai l’enquête à Gardan. Il n’a certes pas votre expertise en la matière mais Fergus lui prêtera ses compétences. Quand à vous inspecteur, vous allez prendre du repos. Vous avez l’air épuisé… » Commença le commissaire.

« Vous m’avez laissé trois jours pour résoudre cette affaire. Il m’en reste deux. » Lornbeck avait mis tout ce qui lui restait de colère dans cette phrase. Il se sentait si las, si loin de ce lieu, si loin des événements. Ses pensées ne cessaient d’aller et venir, sa femme, son père, sa vie, cette enquête.

« Oui je sais, mais c’était avant que je découvre que vous étiez personnellement impliqué et… ». Le commissaire pesa ce qu’il allait dire. « Et si je vous ai laissé trois jours, c’est parce que vous êtes dans un tel état que je ne puis vous laisser en faire plus. Regardez-vous Lornbeck, vous sentez la maladie et la mort. Je suis désolé de vous le dire, mais je ne crois pas que vous pourrez encore continuer à enquêter longtemps ici. » Haustatsh n’était pas fier de ce qu’il était entrain de faire, mais il le savait nécessaire au bon fonctionnement du service de la police. « Ecoutez mon vieux… » Commença-t-il sur un ton plus doux.

« Écoutez-moi bien Edmund ! Oui, ma femme est probablement morte des mains du tueur. Oui, je ne me donne guère de temps de vie devant moi et je ne sais si je croupirais en enfer ou bien au paradis mais peu m’importe. Cette affaire est la mienne ! C’est mon droit de savoir bon Dieu ! » S’emporta Lornbeck. Le commissaire recula d’un pas surpris la violente vitalité que la colère faisait retrouver à l’inspecteur. L’homme avait encore de la ressource.

Haustatsh resta un long moment silencieux, jaugeant l’homme qui lui faisait face. Il savait que c’était un bon inspecteur et, même s’il le jugeait responsable de la déchéance de son existence, ne pouvait ne pas en faire cas. Il prit une profonde inspiration et se lança.

« Quel est votre point de vue sur l’enquête ? Arriverez-vous à quelque chose d’ici à après-demain ? Soit, le libraire a tué votre femme…
- Pas le libraire non, le libraire n’était qu’un pion, j’en suis presque certain… C’est l’autre, le tueur sans visage qui à commis tous les crimes. Les derniers en tous cas… Je pense que c’est également lui le meurtrier de ma femme… »

Haustatsh posa les mains sur le bureau et plongea son regard dans celui de Lornbeck. Ce qu’il y vit, derrière le jaune répugnant et les veines éclatées le rassura peu. Une détermination frôlant la folie. Un besoin de résoudre cette enquête même au prix de sa vie. Un besoin frôlant la foi d’expier ses pêchers par cette ultime quête. Il parla pour essayer de rassembler ses esprits et de comprendre ce qu’il venait de voir.

« A l’origine nous avions deux meurtrier. Le libraire, coupable d’un grand nombre de crime et un tueur fortuit et maintenant vous me dites que c’est certainement tout le contraire. Le tueur du libraire serait le tueur le plus sordide des deux ? Mais je ne comprends pas inspecteur, les crimes, les bouts d’os dans la chaudière du libraire. Tout semble indiquer qu’il était bien le tueur… Et il est mort ! Vous courrez après une chimère. La perte de votre femme vous avez sans doute bien plus affecté que je ne l’eu cru à l’époque et vous voilà divaguant…
- Je ne divague pas et vous le savez » le coupa calmement mais ferment Lornbeck.

Haustatsh pesa bien cette interruption et laissa refluer sa colère. Il la savait dénuée d’intérêt dans ce cas. Lornbeck était un homme entêté… C’était surtout certainement le meilleur homme qu’il avait pour cette enquête. Ce qu’il allait dire pèserait probablement sur la suite de l’enquête. Il lui fallait être à la fois juste et intelligent… Un conflit court et vif s’engagea dans son esprit. Il pesa les pour et les contres, estima les risques, jaugea les conduites. Une fois redevenu serein, il reprit la parole.

« Vous avez jusqu’à après-demain comme convenu. Après, je vous demanderai de ne plus agir sur le terrain. Vous resterez cependant en charge de l’enquête, mais je ne veux pas vous envoyer sur le terrain. J’ai besoin de votre compétence et je crains qu’un trop d’effort physique vous atteigne plus que de supportable. Comprenez-moi bien inspecteur. Vous êtes doué et, malgré nos divergences, je respecte votre travail. C’est je pense la meilleure solution. Alpeed continua d’enquêter sur le terrain et vous prendrez les décisions adéquates. Nous en rediscuterons dans deux jours, par contre et par pitié, ne faites rien de préjudiciable d’ici là. Ne cherchez pas à faire justice vous-même. »

Lornbeck prit appuis sur le bureau pour se relever. Il tendit la main et serra celle de Haustatsh.

« Merci Edmund. »

***

08 - les cailloux - la chute
La lumière éblouie Asling après autant de temps passé dans l’obscurité. Petit à petit, il ouvrit les yeux. A quelques pas de lui, une silhouette tenait ce qui devait être un bougeoir.

La flamme tremblotante d’une bougie. Et derrière le regard dément et animal de son porteur. Il s’agissait que l’enfant sale qu’avait poursuivit Asling dans les égouts. Sauf qu’ici, il ne ressemblait plus du tout à un enfant. Ses os saillaient sous sa peau tendue par la faim. Un rictus mauvais anima ses traits.

« Encore une mon ami, et j’aurais ce que je veux » dit la créature en prenant sur le sol une petite pierre noire. Asling vit que le sol éclairé était complètement recouvert par ces petits cailloux.

Asling sentait une panique incontrôlable montait en lui. Une panique qui n’avait de nom que celui-ci mais qui n’avait pas de commune mesure avec aucune qu’il eut jamais ressentit.

« Je suis désolé, tu ne reverras pas ta femme mon ami… » Commenta sournoisement la créature. Asling essaya de reculer sur ses fesses mes ses liens lui sciaient les poignets.

Anahschecha… N’Baramund… Anahshecha… N’Bargol… Diridumzumm calté no’es !

Qu’avait dit la créature. Un gargouillis de mots incompréhensible. Asling sentit le sang refluer de ses membres. Il faisait si froid ici. Il avait si soif. Comme se faisait t-il… Depuis combien de temps était-il ici, depuis combien de temps n’avait-il pas mangé, depuis combien de temps… Quelqu’un devait bien le chercher.

« Personne ne te cherche mon ami. Ils croient tous que tu as abandonné ton poste. Tiens, prend donc un peu d’eau » dit la créature en lui tendant un bol rempli d’un liquide clair. Asling n’osa bouger mais quand le bol vint heurter la commissure de ses lèvres, il ne pu s’empêcher de boire à grande goulée.

Pendant une seconde, il se sentit bien, la présence même de la créature devint moins oppressante. Puis, une douleur naquit dans son estomac et commença à se propager en fourmillant dans son corps. Asling roula sur le sol tandis que la créature éclatait d’un rire tonitruant. Elle s’approcha de l’homme au sol qui rua pour tenter de s’éloigner mais il ne réussi qu’a retomber face contre terre. Asling vit le couteau qu’elle avait à la main et blêmit un peu plus encore alors que la douleur devenait insoutenable. Il gémissait de manière incontrôlable et ne se retiendrait plus longtemps de hurler.

Anah N’Bagol An Ahrumhum… Diridum no’es !

C’était une sensation affreuse, le fourmillement sous sa peau le happer vers le sol. Il était incapable de bouger. Asling sentait quelque chose courir sur sa peau, l’envelopper comme une mélasse vivante. Il se sentait étouffer et, à mesure que la créature scandait sa litanie de plus en plus forte, Asling sentait sa vie se faire aspirer par la chose. Des fourmillements lui parcouraient tout le corps et son cœur cognait si fort dans sa poitrine que chaque battement était comme un coup porté à sa poitrine.

Asling ne sentit pas quand la lame trancha ses liens et le laissa comme un pantin désarticulé sur le sol.

La douleur le déchira quand les fourmillements envahir son cœur. Il se sentit convulser. Il sentit son corps se cabrer de toutes ses forces.

Il se sentait mourir.

***

Après l’épreuve qu’était devenue la montée de ses escaliers, Lornbeck se sentit très seul et las de l’existence quand il pénétra dans son appartement vide de toute autre existence que la sienne. Des murs fissurés et humides pour l’accueillir. Un silence pesant bien que reposant. Il déposa son manteau et son chapeau sur une chaise à côté de l’entrée et s’assis à la table de la pièce principale. Mis à part celle-ci, il n’y avait qu’une petite chambre, une cuisine et une minuscule mansarde.

Il prit la bouteille de vin qui était restée là, l’appartement était frais, la bouteille aussi. Il vida une lampée de liquide dans son œsophage. Il se releva très vite et sortit du placard un bout de pain de seigle qu’il avait. Il badigeonna la surface de crème de marron et revint s’assoir à table après être passé récupérer le journal du libraire dans la poche de son manteau.

Il en contempla la couverture sans la voir, le regard perdu dans ses pensées. Il songea à son enfance, à sa vie gâchée par trop d’attente. Il avait trop attendu pour vivre et avait raté le coche. Il était maintenant sans ressource. Il avait raté sa vie. Peu importait la disparition de sa femme, il avait raté sa vie par son choix de vie, pas par ses événements.

Lornbeck ouvrit enfin le petit journal noir et détérioré. Son analyse confirma sa première conclusion, près de la moitié des pages avaient été arraché.  Il en disséqua rapidement le contenu premier. Des suites de chiffres, des commandes, des notes. Il avait sous les yeux la gestion de la librairie. Puis petit à petit, l’écriture change, devient plus hasardeuse, moins linéaire. Moins de chiffre, plus de note. Des mots parfois seuls, abandonnés, qui ne se parlent pas entre eux.

Souffrance… Solitude… Habité par le désir… Elle voulait… Je n’avais pas… Elle voulait… Je ne pouvais pas…

Plus Lornbeck poursuivait sa lecture, plus il était convaincu qu’il avait là les paroles d’un fou. Une longue et lente descente sur les pentes de l’insanité. Sur la fin, une page non arrachée attira son attention.

Qui suis-je finalement ? Je vis une existence par procuration. Je ne suis pas qui je parais être, mais ne saisit pas la nature même de ce que je suis. Quand les anges de la mort viendront m’emporter, emporteront-ils le bon ? Le mauvais qui est en moi. Je bon lui, a besoin d’aide. Saura-t-il la trouver là où elle est censée l’attendre.

Un ange de sang plane dans le ciel obscur de l’abysse, de l’agonie, d’une existence. Un ange sombre plane sans trouver la force de priver la terre de cette existence futile et dérisoire. Qui a raison, qui a tord ? La multitude, là dehors qui torpille de question sans comprendre, ou la solitude intérieur qui vrille mes trippes dans l’attente de plus de choix, d’envie, de vie ! Je n’ai presque plus le droit de vivre ma vie, je ne la contrôle plus, l’ai-je jamais vécue pour moi plutôt que par les autres…

Elle s’est acharnée à vouloir vivre mais je ne pouvais pas… Elle méritait cette déraison… Ce choix, cette fin.

Il y a dans le ciel des présages des futurs. Certain me parle de mort, d’autres de vie. Certain me compte de noires histoires, d’autres, des promesses sans fin. Un jour il faut vivre, un jour il faut mourir. Ici je ne meurs pas, alors que je l’appelle de mes cris suppliant. Ici je ne vis pas, c’est quelqu’un d’autre à ma place qui le vit.

Elle a supplié, son mari est un policier m’a-t-elle dit. Qu’en dites-vous monsieur le policier… Me retrouverez-vous ? Non, vous en êtes incapable. Personne n’en est capable. Je ne suis que justice, Dieu me protège.

C’est dans l’obscurité quelle vit, dans les profondeurs de la ville, dans la fiente et la puanteur des catacombes où elle vit enfermée depuis trop longtemps pour que je m’en souvienne.

Un amas de phrase incompréhensible, la suite n’était que pages déchirées ou gribouillis intelligibles dénotant la plongée incontrôlée dans la folie de l’autre. Mais pourtant, ces mots éveillèrent l’alarme interne de Lornbeck. Il y avait là une clef… Mais quelle clef ? Il avait la presque certitude que la seule phrase parlant d’un policier était une référence à sa propre femme.

Il comprenait aussi clairement que cette page était là pour lui… La seule de toute une quantité déchirée. C’était à escient que celle-ci était encore là. Il frappa du poing contre la table, refoulant cette larme qui coula tout de même sur la table. Le meurtrier jouait avec lui, il le savait avec certitude maintenant. Il savait qui il était, il savait qu’il était sur l’enquête, il savait quels étaient ses rapports avec l’une des victimes. C’était trop pour être une simple coïncidence.

Il referma le livre et se leva pour le remettre dans son manteau. Quand il revint sur ses pas il vit un morceau de papier déchirait sur le plancher. Un morceau probablement tombé quand il s’était relevé de sa chaise…

Sur se morceau était écrit une phrase en caractères capitales et mal habile une seule phrase. L’on voyait à sa disposition qu’elle avait était ajoutée après avoir était déchiré.

ELLE POURRIE EN ENFER

Lornbeck faiblit à cette lecture et du se maintenir en s’aidant de la table. Le meurtrier  lui adressait un message. A lui et à lui seul. Il se retourna, le cœur battant à tout rompre, quand on frappa à la porte de son appartement.

— Eleken,
Finit encore à une heure imbue son boulot :s
Pour la peine je finis un peu comme je peu ce chapitre avant d’attaquer le 9e

:)


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