Présentation du ballet Jewels par le Royal Opera House anglais.
Si vous aviez prévu de sortir vos plus beaux bijoux pour aller à l’Opéra ce soir… ils seront assurément passés inaperçus…
Joyaux, donné au Palais Garnier ce soir (28 octobre), était pour moi un moment spécial. Celui qui ouvrirait ma saison d’Opéra. Ouverture en douceur, sur une valeur sûre, dans un bel écrin doré.
Si j’apprécie particulièrement les représentations données par l’Opéra de Paris au Palais Garnier… (représentations que je préfère souvent à celles données à Bastille), je n’aurai de cesse de maudire leur total inconfort. Et encore c’est peu dire ! J’ai même cru que mon plaisir allait être gâché par ce détail.
L’étonnant, pourtant, c’est qu’à chaque fois que le rideau se ferme et que je sors avec des étoiles plein les yeux… j’oublie immédiatement cette sensation affreuse… Ces genoux qui vous entrent dans le dos, le manque de place pour les jambes… (qui ne prennent appui nulle part… et pourtant je ne suis pas des plus petites !)
Je pourrais bougonner des heures. Mais il me faut vous parler de ce ballet délicieux. Puisqu’au final, passés les maux, restent les émotions, le sourire, les souvenirs d’un moment privilégié.
Balanchine et ses joyaux... : Mimi Paul, Violette Verdy, Patricia McBride, Suzanne Farrell. Date inconnue.
JOYAUX (Jewels, pour la V.O.)
Ce ballet a été créé en 1967 par le danseur et chorégraphe George Balanchine, pour le New York City Ballet.
Ce n’est qu’en l’an 2000 que Joyaux rejoint le répertoire de l’Opéra de Paris, treize ans après la mort de son créateur.
Pour l’occasion, l’Opéra de Paris demande à Christian Lacroix d’en recréer les décors et costumes.
Le ballet est actuellement donné à l’Opéra Garnier, ce jusqu’au 18 novembre 2009.
La représentation est accompagnée par l’orchestre de l’Opéra de Paris.
Joyaux est un ballet en trois parties. Chacune d’elle est porteuse, selon moi, d’un « aspect » précis du bijou… (C’est expérimental… je ne fais que vous proposer mon interprétation. Possiblement ridicule.)
Émeraudes
Joyaux : émeraudes. Costumes et décors Christian Lacroix. Crédits Christian Leiber.
Sur une musique originale de Gabriel Fauré, extraite de Pelléas et Mélisande (1898) et de Shylock (1889), Balanchine invente une chorégraphie tout en douceur et en élégance.
De cette chorégraphie très classique, la première impression qui fut la mienne fut d’apercevoir les facettes des pierres. La partie émeraudes propose une occupation de l’espace très élaborée (surtout lorsque l’on a l’occasion d’être placé en hauteur – situation que je préfère, pour ma part, justement pour la vue plongeante sur la chorégraphie, dans son ensemble), composée de nombreuses figures qui s’entremêlent sans cesse, avec fluidité. L’image qui me vient à l’esprit est celle du kaléidoscope… Un vrai travail de joailler !
Rubis
Joyaux : rubis. Décors et costumes Christian Lacroix. Crédits Sébastien Mathé pour l'Opéra de Paris.
De loin ma partie préférée. Igor Stravinski a cette emprise sur moi, totale. Il est le seul, à ce jour, à toujours provoquer en moi des sentiments exacerbés. A la limite du supportable, émotionnellement. J’entends par là qu’automatiquement, l’écoute de quelques secondes d’un morceau composé par Stravinski me fait monter les larmes aux yeux. Pas de tristesse, non. C’est une décharge d’émotions. Révélatrice de ce qu’il y a au plus profond de moi.
Si la musique a fait beaucoup quant à mon attrait vers ce spectacle, elle a influencé, fatalement, la chorégraphie de Balanchine. Une chorégraphie pétillante. Un rouge flamboyant. Dissonances de la musique (Capriccio pour piano et orchestre – 1929), frétillement des corps, postures ployées et cassées, suivant le rythme syncopé.
Une partie qui m’a évoqué l’éclat des bijoux. Cet éclat essentiel, qui en fait toute la splendeur… cet éclat qui provoque la convoitise et l’admiration…
Diamants
[Youtube=http://www.youtube.com/watch?v=bHzJWjWODm4]Joyaux : Diamants. Décors et costumes Christian Lacroix. Scène finale.
Le ballet s’achève sur les scintillements des diamants… Final précieux, tout en douceur, aux bijoux évocateurs de luxe. Pierres précieuses, étincelantes. Ravissement des yeux mais inaccessibles pour le commun des mortels.
Sur une musique de Piotr Ilyitch Tchaikovski : la symphonie n°3 en ré majeur op.29 (1875), Balanchine lance de la poudre aux yeux du spectateur, qui se laisse prendre au jeu. Grandiloquence digne des ballets les plus classiques. Un final efficace, qui ne manque pas de faire son petit effet.
Je ne peux malheureusement vous offrir de vidéo de ces rubis que j’ai tant aimés… mais l’imagination a parfois du bon.
Autres ballets, opéras, concerts… très prochainement sur ces pages !
En attendant, je vous propose un tout autre divertissement… Laissez-vous tenter par l’exposition « Lanterne magique et film peint », à la Cinémathèque. Epatant !!! (Voir ci-contre.)