Magazine Journal intime

degré IV, CXXII (112)

Publié le 29 octobre 2009 par Moinillon

saint Jean ClimaqueMais considérons encore quelle a été sa rare prudence dans les jugements qu’il portait sur les dispositions intérieures des hommes; prudence admirable qu’il n’avait acquise que par une obéissance très parfaite. Dans le temps qu’il demeurait au monastère de Saint-Sabba, trois moines se présentèrent à lui pour se mettre sous sa discipline. Il les reçut avec une affection toute particulière, et fit tout ce que sa charité lui suggéra pour les remettre de la fatigue du voyage; mais après trois jours, ce saint vieillard leur adressa ces paroles : «Mes Frères, leur dit-il, je ne suis qu’un misérable pécheur; il m’est donc impossible de vous accorder ce que vous me demandez.»

Ces moines ne donnant aucune suite à cette réponse, ni à la raison qu’il alléguait, le prièrent avec, instance de les recevoir au nombre de ses disciples : tant était grande l’idée qu’ils avaient de sa vertu ! Mais, comme ils virent que rien ne pouvait le fléchir ni le gagner, ils se précipitèrent tous à ses pieds, et le conjurèrent avec instance de leur donner au moins quelques règles salutaires de conduite et de leur dire de quelle manière et dans quel lieu ils devaient passer le reste de leur vie. Cédant alors à leurs voeux ardents, et sachant d’ailleurs qu’ils recevraient ses avis avec soumission et humilité, ce saint vieillard dit à l’un d’eux : "Mon fils, il est agréable au Seigneur que vous viviez dans la solitude, sous la direction d’un père spirituel." Puis s’adressant au second : "Pour vous, lui dit-il, allez et consacrez au Seigneur votre volonté, sans vous en rien réserver, chargez-vous de la croix qu’il vous a destinée; vivez dans un monastère, au milieu de la société des frères, et vous aurez indubitablement un trésor dans le ciel." Enfin il dit au troisième : "Quant à vous, il faut qu’il n’y ait pas un instant dans votre vie, où vous ne pensiez à cette sentence de notre Seigneur : Celui qui persévérera jusqu’à la fin, sera sauvé (Mt 10.22); allez donc, et faites en sorte que parmi tous les hommes il n’y en ait point qui soient plus sévères ni plus pénibles que celui que vous prendrez pour maître et pour conducteur dans la vie religieuse; ne vous séparez jamais de lui, et chaque jour avalez, comme du lait et du miel, les mépris et les humiliations par lesquelles il vous fera passer." À ces paroles, un frère répartit à ce grand homme : Mais si ce père spirituel vivait dans la paresse et la négligence, que faudrait-il faire ? — "Quand même vous le verriez, lui répondit-il, tomber dans quelque faute qui vous ferait horreur, demeurez avec lui et contentez- vous de vous dire à vous-même : Mon ami, qu’es-tu venu faire ici ? Alors triomphant de la tentation, vous sentirez toute l’enflure de l’orgueil tomber et s’évanouir, et le feu de la concupiscence diminuer et s’éteindre."
saint Jean Climaque : L'Échelle sainte
«De la bienheureuse et toujours louable obéissance»


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