Je nous trouve beaux. A trente ans, à peine pour certains. Je nous trouve beaux sur ces clichés.
Qu’on a l’air intelligent sous cette faible profondeur de champs. Attablés au bar, une belle bouteille nette, un sourire flou derrière, observe.
Une focale bien choisie, un éclairage qui caresse. Tout est dans l’œil. Non, tout est dans l’intention. Et mon dieu le numérique, comme j’ai eu du mal. Mais les images restent, traversent le temps, caressent notre jeunesse et celle de nos enfants. Les belles images, les images volées, celles qu’on n’aurait peut-être pas dû oser. Oui, on fait des conneries quand on est amoureux.
La chambre noire tamisée de rouge et ces images qui, par la magie de la chimie, naissent en silence. Ça c’était de la photo bordel. Tous photographe aujourd’hui avec ton téléphone, ton petit appareil de poche ?
En la matière l’abondance nuit, et le talent se perd.
Je ne vais pas laisser cette série s’arrêter là, je vais me remettre à tirer des portraits.