Lecture "Nouvelles à chute"

Publié le 01 novembre 2009 par Clarac

Un petit livre qui ne paie pas de mine et qui de surcroit se présente sous la forme d’une des lectures imposées par la prof de français :
-Ce trimestre nous allons étudier tel courant littéraire ou tel auteur, je vous demanderai donc de lire …
La pauvre prof n’avait pas le temps de terminer sa phrase qu’un soupir général, proche du bâillement à se décrocher la mémoire, prenait le relais, montrant ô combien, l’enthousiasme pour les lectures obligatoires. Elle poursuivait son cours pour transmettre son enthousiasme à nous ses élèves qui ressemblions à un croisement douteux d’invertébrés et de concentrés d’hormones acnéiques. Eh oui, pour la bande de futurs bacs scientifiques que nous étions, les cours de français puis de philo n’avaient pas grand intérêt…
A l’annonciation de la phrase fatidique « vous devez lire untel ou tel livre», nous nous avachissions un peu plus en décrétant que ça ne pouvait qu’être nul vu que c’était la prof qui l’avait choisi. Ah, la bêtise de l’adolescence…
« Nouvelles à chutes » aurait pu s’intituler « pépites et trésors » car ces nouvelles sont formidables et superbement écrites. J’ai retrouvé ce que j’aime depuis toujours dans les nouvelles : cet art subtil qui réside à amener le lecteur rapidement dans un lieu, de le plonger dans une tranche de vie puis à l’étonner, à le surprendre par le fin mot de l’histoire. Et pour le lecteur, les différentes possibilités de les aborder, de les lire : se demander, le cœur battant d’impatience, comment sera la chute ou d’attendre sagement pour apprécier d’avantage le final.
Une nouvelle est un bateau sur lequel j’embarque et où je me se laisse guider les yeux fermés par l’auteur. Aux dernières lignes, je souris, je m’amuse de n’avoir pas soupçonné la chute, ou alors je suis complètement estomaquée, sonnée comme le boxeur qui reçoit un dernier crochet et s’écroule sur le ring.
Entassés sous Camus et Sartre, coincés entre Molière et Ionesco, j’ai retrouvé « Bel Ami » et « Une Vie »de Maupassant. Les pages ont bien jaunies depuis la classe troisième ou de seconde mais quel plaisir de les relire avec un œil nouveau.