Les feuilles se colorent. J’en vois des rouges, des oranges, des jaunes. C’est une pluie d’étincelles merveilleuses qui peu à peu, habillent la route, recouvrent l’herbe. Je les regarde tomber, elles sont le temps qui passe, l’hiver qui arrive. L’homme qui n’a que peu d’ambition pourrait ne voir que le froid glacial, je distingue pour ma part les prémices du printemps qui revient. Nous sommes des créatures misérables et, dans cet état de perfectibilité, nous n’acceptons pas les évidences. L’amour, celui qui dure une éternité, ne doit pas être l’éternel été foudroyant qui aveugle et suffoque par sa chaleur, l’ivresse nous forcerait tôt ou tard à quitter la route, finir brûler par le soleil. Il est mieux qu’il se mu en doux printemps, miroitant et revenant année après année, jour après jour, dans la fraîcheur et la rosée. C’est ce moment de l’année où les plantes s’éveillent, où la nature revient à son meilleur moment. C’est au printemps et lors de son antagoniste tout aussi beau, que la vie montre ses droits, qu’elle montre ce qu’elle a de plus beau.
Je souhaite que l’hiver ne nous chasse pas du cœur l’un de l’autre, qu’au contraire nous embrassions notre printemps, nos printemps, nos automnes, prenions acte et nous fassions joie de nos étés restants, et sachions ne pas nous effondrer face aux hivers. Laissons nos âmes s’embrasser quand le temps s’y prête, geler le temps d’une courte nuit pour respirer aux lendemains soulagé. Je sais bien que nous n’avons pas de temps pour nous le dire, malgré tout ce temps déjà passé, malgré ce temps gâché. Je le vois passer moi aussi et je me demande pourquoi il y en a tant et je ne cherche pas les causes de ce que je ne contrôle pas, je veux juste le soleil, notre demain. L’hiver a assez duré, notre printemps doit commencé. Malgré le froid, malgré la pluie, malgré tout ce qui se met sur notre chemin… Sache le, soit en bien consciente. Toi, mon écarlate, toi qui m’habites, je t’aime.