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Enclave

Publié le 24 octobre 2007 par Jlhuss

par Arion 

L’appétit sonnait l’heure du partage à la table de fer sous le tilleul. De loin s’invitait l’odeur des troènes en fleur. Les bruits de la ville -une sirène, un train- rappelaient le lien social au coeur de l’enclave. Un merle sur l’antenne proche sifflait la joie d’être à jour de ses devoirs. Des enfants embrassaient les pères, tout à coup, sans mot ni raison, comme reconnaissants d’être en vie, puis couraient jouer mêlant leurs cris à la partition d’insouciance.

Vous avez connu ces bonheurs -vins frais dans les verres, rires clairs dans les gorges, siestes sous les ombrages. Ils ont volé plus vite que l’hirondelle, et si communs qu’on leur trouvait un air d’ennui. Si le coeur bat, on voudrait que ce soit à tout rompre ; si l’on respire, que ce soit à perdre haleine ; la paix viendra bien assez tôt…

Le désir sonnait l’heure des baisers dans les chambres. Le clair de lune venait voir, versait de la blancheur sur les caresses. Les plaintes avaient saveur de sel, les sommeils étaient des trêves. Déchu de ses pouvoirs, le hasard regagnait sa berline au bout du tapis rouge de notre sacre. Le monde était pour nous. Sur la pointe des pieds, les enfants entraient avec le jour, confortés de notre enlacement tranquille, puis demandant des yeux si n’était pas venue l’heure du beurre et du lait.


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