Conscient que notre culture artistique partait en lambeau, saccagée qu'elle était par des années de lecture de manga, d'écoute de musique de sauvage, de
visionnage de pub pour la MAIF, nous avons décidé, avec Oncle Toeub, de nous rééduquer grâce à la biennale d'art contemporain de Lyon. On s'est donc retrouvé à la Sucrière, dans un quartier
plutôt sympa qui rappelle un peu Saint-Etienne mais avec des péniches et on a payé notre laisser-passer vers le monde de la culture.
Un peu abruti par la digestion du repas gargantuesque pris une heure avant chez ma belle-mère, j'ai failli m' asseoir sur la première oeuvre.... Une chaise
blanche sur laquelle était posé un sèche-cheveux...Intrigué, j'ai lu la petite pancarte explicative: " Les poulpes sont des céphalopodes du super-ordre Incirrina. Ces animaux se caratérisent
par leurs huit tentacules pouvant comporter chacun jusqu'à 200 ventouses et leur relative intelligence, comparable à celle des dauphins...."... C'est rigolo, j'ai l'impression qu'on se fout de
ma gueule.
Oncle Toeub dans la salle d'à
côté essayait de comprendre si l'oeuvre qu'il devait admirer était le tas de sucre sur le sol ou l'extincteur accroché au mur. Heureusement le petit panneau était là, c'était bien le petit tas
de sucre sur lequel il venait de marcher. On a donc fui vite vers la salle d'à côté où les oeuvres titanesques de Ian Kiaer nous ont émues jusqu'aux larmes " Bouhouhou....Douze euros l'entrée
chacun...Bouhouhou..."
Dans une autre salle, recouverte de graffitis pas terribles, de camionnettes taguées et autres trucs trop rebelles, résonnait la voix d'un guide expliquant
à une bande de bourgeoises en tailleur l'aspect subversif de l'art de la rue... La colère commençait à monter... Il était temps de partir.