Il y a des choses que je ne comprends pas, des gens que je ne comprends… Leurs réactions me sont un mystère, je n’ai jamais vraiment appris ce qu’était un esprit social. Je l’ai analysé, je l’ai imité, mais je ne le comprends pas. La plupart des gens sont irrités par mes réactions, qu’ils jugent soit enfantines soit déplacées. Ils pensent que c’est parce que j’ai un culot démesuré, ou bien par volonté de faire du mal, ou que sais-je encore… Ils ont tord. Je ne suis rien de tout cela, je pousse même mon honnêteté comme un vice, car c’est bien la seule chose qui soit à moi et que j’ai comprise. Alors je suis blessé bien sûr, parfois je le montre, le plus souvent non. Alors d’autres encore me croient fort et capable de résister à des tempêtes… Ils se trompent aussi. Il y a que, je me cache la plupart du temps, derrière un masque pour pleurer. Imaginez-vous dans ce monde, arpentant les rues, ne comprenant, ni ne saisissant pas la presque totalité des comportements que vous percevez. Je les interprète bien sur, j’ai appris à ne pas être un imbécile, je les analyses, mais je suis incapable d’en saisir la signification profonde. Chez moi, tout cela reste superficiel. Je suis trop balloté par mes sentiments profonds qui, paradoxalement, ne sont pas de finesse, mais complet et absolu. Ainsi va ma vie, rongé par la haine, l’amour, la honte, les remords, l’envie. Incapable de faire les bons choix, ceux qu’un individu normal ferait pour moi.
Quand je reçois ce genre de missive, je suis circonspect, déprimé, balayé par un sentiment d’incompréhension douloureux. Est-ce là le juste retour de tout mes sacrifices ? Est-ce là ce qu’il faut attendre de cette vie ou de ces gens ? Qu’ils vous prennent ce que vous avez si vous leur donnez, qu’a l’évidence pour moi ils devraient rendre… Qu’ils ne rendent pas. Qui suis-je en vérité ? Le prénom que m’ont donné mes parents, le nom que je me suis choisi, celui dont on m’affublé à l’école ? Et que suis-je ? Il y a des jours où je me sens si peu proche des autres que j’ai conscience de ne pas appartenir à votre espèce, à votre société. Parfois je cris que vous n’êtes que des animaux, des ordures, je vous hais de toute mon âme. Mais au final, c’est peut-être moi qui ne suis pas humain… Je me heurte à une incompréhension comme peu d’autre en on j’en suis certain. Je me heurte à quelque chose qui me dépasse. Que ce passe-t-il dans le monde des humains qui nous empêche d’être ce que nous voulons être ? Quelle est cette force capable d’être plus forte que mes sentiments ? Moi je n’en vois aucune, je n’en devine aucune… Alors, cette force existe-t-elle ? Dans mon esprit non. Mais je peux admettre que dans le monde qui m’entoure, elle existe. Je ne la vois pas, je ne la perçoit pas, je ne la comprends pas… Mais elle me fait mal.
Quand des pensées pareilles vous assaillent, elle ne vous laisse que peu de choix. Les ignorer, c’est temporaire, les combattre, s’il vous reste la force de le faire… Après, il ne vous reste que l’abandon, mettre fin à soi-même en espérant que les autres vous connaitront et vous reconnaitront dans cet acte. J’ai abandonné l’ignorance il y a longtemps, et je me bats chaque jour. Mais il y a des jours comme celui-ci, où la violence est telle, que je me sens faiblir. Je sais bien que demain je me relèverai de plus belle, surprenant mes ennemis dans leur attaque, me faisant violence pour écarter de ma route l’infamie et la haine qui sont la chaux de mon âme. Il n’empêche qu’aujourd’hui, je ne me sens rien moins qu’à côté de la vie.