Joséphine n’a pas envie d’être gentille aujourd’hui, ni les autres jours à venir d’ailleurs. Elle en a marre d’être la bonne copine, la bonne amie, la collègue idéale, celle à qui on peut tout demander, à tout moment, à la dernière minute, celle sur qui on peut toujours compter, qui se mettra en quatre pour aider, bref, la bécasse de service ! Cela fait un moment que ces sentiments alors inconnus pour sa bonne âme lui trottent dans la tête mais elle les avait mis de côté trop occupée à penser aux autres, à épauler, secourir, dépanner.
Aujourd’hui elle sature, elle fatigue, elle est lasse, elle a une indigestion de bonté, elle veut changer et devenir égoïste, nombriliste, individualiste, ne plus penser qu’à elle et rien qu’à elle.
Cela demande tout un apprentissage, lui a dit sa collègue de bureau, il faut savoir résister à la tentation, faire fi de toutes ses valeurs longuement accumulées tout au long d’années de service pour la bonne cause. L’idéal serait de trouver le juste équilibre entre penser à elle et penser aux autres…oui mais elle sait d’avance que la balance ne sera jamais horizontale. Elle doit s’attaquer à cette entreprise avec les grands moyens et quand elle sera devenue l’antithèse de ce qu’elle est, peut-être trouvera-t-elle enfin l’harmonie ?
Pour débuter, elle décide de n’accorder qu’un service par jour, que ce soit demandé par ses voisins, ses collègues, ses amis, sa famille. Elle ne choisira pas, la première demande ne sera suivie d’aucune autre durant tout le reste de la journée, ce sera aussi simple que cela. Pas besoin de se prendre la tête. En fait c’est si simple, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?