Film français d’Alain Resnais d’après « L’incident » de Christian Gailly. Ed de Minuit
Lorsqu’en mai dernier, à Cannes un prix spécial a été inventé en l’honneur de ce cinéaste hors pair, cela n’a étonné personne. Ce vieux grigou de Resnais se fait de plus en plus léger en vieillissant, si bien qu’on ne réussit plus à le ranger dans les tiroirs tant aimés des médias. Alors là, c’est carrément un cinéaste au bord du pétage de plomb qui nous embarque dans cette histoire dont on se contrefiche royalement. On ne fait que sourire à ses pieds de nez, ses références au cinéma, la voix off qui pour une fois se montre indispensable à la narration hésitante, donc très drôle, forcément drôle puisque c’est Edouard Baer qui nous susurre à l’oreille…
Comme il aime le cinéma, notre Alain national et comme il aime les acteurs ! Azéma est affreuse mais elle le sait ; Dussolier est génial et tient là son meilleur rôle : quel acteur, mais quel acteur ! Il passe du comique à la frayeur en moins de temps qu’il ne le faut pour écrire. Les seconds rôles, tous choisis avec délectation sont magnifiques, en commençant par la belle Anne Consigny et l’adorable Mathieu Amalric qui ne boude pas son plaisir d’avoir à camper un flic parfaitement neuneu, mais la liste est trop longue…( je vous laisse le plaisir de découvrir la brochette d’acteurs monstres jouant la douleur dans un fauteuil de dentiste…)
Aussi léger soit-il, Resnais donne évidemment dans cette fantaisie des idées qui se télescopent, des petites pensées comme ça, sur la vie, sur l’écriture, sur l’amour, le couple, le désir et la mort….et rien n’est plus important que ses non-leçons qui laissent toute la place au plaisir, juste le plaisir.
La fin du film, parfaitement anachronique, c’est carrément Einstein en train de nous tirer la langue !
( petit bémol tout de même dû au festival des marques qui défilent mais bon, que ne pardonnerait-on à Resnais !))