On vit dans un pays formidable !

Publié le 04 novembre 2009 par Cassandre
Au diable Hadopi, au diable Edvige, au diable Christina...et tous ces fichiers aux doux noms féminin, à croire que le flicage est une histore de "filles".
Cependant, nous serons ravi d'apprendre, nous autres français, que nous vivons dans un pays formidable : Liberté, Egalité, Fraternité.
Liberté de se la fermer.
Egalité de se faire espionner tout le temps et par tout le monde.
Fraternité des plus pauvres, les riches en profitant... c'est bien connu.
Hors voici donc en catimini, que notre "ami" Woerth va faire sa propre police. Eh, c'est qu'il faut s'attaquer aux trafiquants (de toutes confession : beuh, filles et autres joyeusetés) et à l'économie souterraine qui en découle forcément.
Tout ceci en utilisant des agents du fisc, histoire de saisir les biens des "petits" malfrats.
La nouvelle loi Wasserman qui est en ce moment débattue au Parlement, va permettre de pratiquer un droit de saisie des biens dès la phase d'enquête préliminaire ou de flagrant délit des voyous précités. On pourra ainsi revendre illico presto les belles allemandes confisquées évitant de la sorte des frais de fourrière et puis sûrement de se faire un peu de marge sur la revente.
Ca ressemblerait presque à une bonne idée, si, et seulement si...
Si vous êtes du type (un peu comme moi) parano, et bien cela va dépasser toutes vos espérences, et les "théories du complot" vont se révéler un peu fades après ça.
Et tout ceci, même pas par décret, mais par un simple protocole d'accord signé entre Hortefeux et Woerth. Celui-ci va permettre de déployer 40 agents du fisc répartis sur 43 sites jugés "sensibles" dans 17 départements afin d'aider les forces de police. S'ensuit un comité de pilotage pour diriger le tout et un autre, local, pour chaque département où se trouve au moins un quartier sensible.
Et ces enquêteurs de Bercy ont des pouvoirs que vous ne soupçonneriez pas : car ils ont entre leurs mains : les informations personnelles que nous leur envoyons via notre déclaration d'impôt, puis les autres fichiers. Comptes bancaires, patrimoine, droits de succession, caisse de retraite, hypothèques, entreprises, taxe d'habitation, train de vie... tout peut être épluché. Et oui, car les agents du fisc ont aussi le droit de croiser les bases de données d'autres administrations, telles que la sécu.
En contrepartie, ils sont "juste" astreints au secret professionnel.
Et c'est précisemment cela que Woerth et Hortefeux sont en train de faire sauter, en catimini :

"Les règles du secret professionnel seront aménagées. Les forces de sécurité disposeront, ainsi, d'informations de nature fiscale et les agents de l'administration fiscale auront communication par les agents et les officiers de polices d'informations leur permettant de mener des actions de lutte contre la fraude."
Objectif flagrant : croiser les fichiers du fisc et de la police. Ce qui va nous donner :
  - Un individu "d'origine géographique" nord-africaine (nouveau fichier PASP du ministère de l'intérieur)
  - Vérification de son compte en banque (fichiers du fisc)
  - Conclusion du ministère de l'intérieur : s'il est pauvre, tout va bien, mais s'il est riche... ça ne va plus...
Ce protocole a été signé le 23 septembre 2009. En avez-vous entendu parler ? Pas vraiment à moins de fouiller le net. Et évidemment, promis juré, on ne touche qu'à la "racaille des bas quartiers" hein... mais Hortefeux de déclarer le 1er octobre dans une conférence à ses préfets :

"Nous examinons d'ores et déjà la possibilité de généraliser ce dispositif."
Oh ? Vraiment ? Ben mince, on s'en serait pas douté dites donc !
Evidemment, un simple protocole pour faire sauter les libertés élémentaires des citoyens, c'était un peu illégal... mais qu'on se rassure, dans les deux mois qui vont venir, les textes de lois levant définitivement le secret professionnel entre le fisc et la police verront le jour.
Evidemment, ce cadeau de Woerth à Hortefeux ne se fait pas sans contrepartie. Bercy se verra ainsi laisser la liberté de mettre sur pied un service spécial du budget : les Officiers Fiscaux Judiciaire (OFJ).
Des agents du fisc, toujours, mais avec de supers pouvoirs de police judiciaire (perquisitions, garde à vue, commission rogatoire internationale et même écoutes et infiltration !). Les textes passeront, normalement, en Conseil des ministres le 14 novembre si l'on en croit la Tribune. Officiellement, ils auront en charge de s'occuper des paradis fiscaux, de la très grosse fraude etc...
On y croit, on y croit.
Bref, faites gaffe, l'égalité des chances, c'est pas pour demain... ou alors, si, mais à l'exclusion.
Bon vol ! ...