degré IV, CXXIX (118)
Publié le 05 novembre 2009 par Moinillon
Quoique nous
soyons bien loin de pouvoir pratiquer des vertus rares et sublimes, le démon,
pour nous faire briser le joug de l’obéissance sous lequel nous avons le
bonheur de vivre, ne laisse pas de nous en suggérer la pensée et de nous en
inspirer le désir insensé. Pénétrez en effet dans l’intérieur des moines
imparfaits et téméraires, et vous verrez qu’ils soupirent après la vie
solitaire, qu’ils désirent avec ardeur les jeûnes les plus rigoureux, la prière
la plus continuelle et la plus recueillie, l’humilité la plus profonde, la
méditation de la mort la plus constante, la componction la plus vive, la
victoire la plus complète sur leurs passions, le silence le plus absolu et une
pureté d’ange. Mais comme, par une conduite secrète de la divine Providence,
ils n’ont pu, dès le commencement de leur noviciat, pratiquer selon leur désir
ces belles et excellentes vertus, on les a vus ensuite tout découragés,
abandonner les pratiques les plus ordinaires, et se retirer du monastère. Le
démon les a trompés, en leur faisant désirer à contretemps la pratique de ces
vertus, afin qu’ils ne pussent pas par la persévérance, les acquérir dans le
temps convenable. Mais ce ne sont pas seulement les moines cénobites qu’il
cherche à tromper, il attaque aussi les anachorètes. C’est ainsi que pour
décourager et faire tomber les solitaires, cet ennemi rusé et trompeur leur
prêche et leur exalte le bonheur des moines qui vivent en communauté; il leur
vante l’hospitalité qu’ils exercent, les services de charité qu’ils se rendent
les uns aux autres, leur affection et leur union fraternelles, les soins
affectueux et assidus qu’ils ont pour les malades, et mille autres avantages
afin de les dégoûter du genre de vie qu’ils ont embrassé, et de les faire
égarer dans une fausse voie.saint
Jean Climaque : L'Échelle sainte
«De la
bienheureuse et toujours louable obéissance»