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Cordesse, Notes d’esprit

Publié le 05 novembre 2009 par Angèle Paoli
« Poésie d'un jour
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NOTES D’ESPRIT

Sans date

Comment définir le ciel au crépuscule lorsqu’il s’immobilise et descend, lorsqu’il se fige en mouvement. Impossible de l’observer. Nous ne pouvons le percevoir que par intermittence, par succession d’images qui restent très fugitives comme autant de diapositives. Ses couleurs n’apparaissent pas, aucune couleur ne reste imprimée sur la pellicule transparente de l’horizon. Seul un pastel innommable, sans adjectif, pourrait traduire ces mélanges de couleurs infirmes à la rétine de l’œil humain. De même les nuages, mais faut-il les nommer ainsi, adoptent les formes de notre esprit sans laisser de pose nécessaire à l’impression et s’évadent de l’espace pour fuir un temps qu’ils ne reconnaissent pas, pour rejoindre lentement, seule chose positive, le cœur des ténèbres. Finalement, il faut bien le reconnaître. Seule la nuit, la nuit autorise, les mots à sortir de notre bouche pour dire les beautés de nos jours incertains.
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Sous une nuit mélancolique d’étoiles, j’ai rejoint la maison du berger. J’ai ôté mon manteau (de laine) et me suis adossé à la porte (fermée), sur le seuil. La fougère, douce, roulait ses étincelles sur le vallon. Il eut fallu tenir le schiste pour ne pas prendre ce bateau pour un gîte. Mais je n’en avais pas la force. Tourné que j’étais vers les fabuleux nuages, à ne rien suivre (qu’elle). L’instant d’éternité semblait tenir sur cette cime, là-bas, dans une immatérialité silencieuse. Par la beauté, je n’ai pas pleuré (je suis demeuré de marbre). Sur une symétrie singulière, le trait venait de toucher la sphère. Elle était là sans que je l’eusse aperçue. La perle du troupeau glissa à l’heure dans mon sac. J’ai fermé les yeux une dernière fois. Je me suis levé. Il était temps que je parte.

Cordesse, Notes d’esprit, Journal poétique, Les Éditions du Petit Pois, Béziers, 2009, pp. 1 et 14.


     Professeur et poète, Cordesse a créé cette année sa maison d’édition, sise à Béziers. C’est avec les Notes d’esprit, Journal poétique (dont je donne ci-dessus deux extraits) que Cordesse inaugure Les Éditions du Petit Pois. Ce joli livre ― sous jaquette à double rabat, d’un petit format carré, imprimé sur papier couché d'un fort grammage agréable au toucher, et à l’élégante et sobre mise en pages ― est accompagné d’un CD. On y retrouve, lus par Cordesse, sept textes issus de l’ouvrage. Le poète est accompagné à la guitare et à la guitare basse par Laurent Azelvandre et, au piano et à l’orgue, par Jean-Pierre Numa.
     Ces Notes d’esprit, quinze textes brefs, combinent avec délicatesse ― et parfois fantaisie ― notes de journal et poésie. Des notes à savourer dans le silence et le presque recueillement.

A.P.


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