aux frontières

Publié le 08 novembre 2009 par Cecileportier


Identité nationale. C'est un débat qui laisse Nathalie perplexe. Sa propre identité lui semble si incertaine, déjà, elle pourtant bien moins complexe qu'une nation. Et si elle tente de se projeter comme élément constitutif, infinitésimal, de cette nation française, le doute la reprend. Elle, dont les origines se perdent vite dans l'oubli, sent bien qu'elle n'est pas française depuis si longtemps que cela.
Du côté du père, ce nom de Pages, venu de l'occitan, et qui signifie le paysan. Un nom qui vient d'une langue mise au pas, pour désigner une classe subalterne, pas de quoi se sentir appartenir.
Du côté de la mère, c'était Lenoir. Noir par rapport à qui? L'ironie est que le noir s'est porté, dans l'histoire de cette famille, sur les pieds, puisque pieds noirs ils sont devenus, c'est leur identité, depuis 1962. Et avant cela, dans cette famille toujours, l'identité nationale leur semblait plus vaste et plus puissante, et comme à étages. En tout cas ce n'était pas une question. Du moins pas pour eux.
Et si on remonte un peu, du côté de la mère, la mère de la mère de la mère, ça donne des noms vraiment pas français, des noms du Nord, des flandres certainement, des noms qui reconduisent encore une fois son identité aux frontières.
Bien sûr elle sait qu'on ne doit pas confondre identité et origine. Mais à partir de combien de temps passé?