Photo trouvée sur le net
Lignes découvertes sur la quatrième de couverture :
"Mes frères! s'écria Jonathan. Mille années durant, nous avons joué des ailes et du bec pour ramasser des têtes de poisson, mais désormais nous avons une raison de vivre : apprendre, découvrir, être libres!"
Jonathan Livingston n'est pas un goéland comme les autres. Ses parents, les autres membres de son clan, ne voient pas plus loin que le bout de leurs ailes. S'ils volent, c'est uniquement pour se nourrir. Jonathan, lui, vole pour son seul plaisir. Et en volant toujours plus haut, toujours plus vite, il sait qu'il découvrira un sens plus noble à la vie. Effrayés par son audace, ses semblables le rejettent. Mais Jonathan va se faire de nouveaux amis...
C'est un soir qu'ils arrivèrent, rencontrant Jonathan qui planait, serein et solitaire, dans son ciel bien-aimé. Les deux goélands qui apparurent à toucher ses ailes étaient purs comme la lumière des étoiles, et l'aura qui émanait d'eux, dans l'air de la nuit profonde, était douce et amicale. Mais plus merveilleuse que tout au monde était la grâce avec laquelle ils volaient, leurs rémiges ramant avec précision et régularité à trois centimètres des siennes.
Sans mot dire, Jonathan voulut les éprouver - et cette épreuve, aucun goéland ne l'avait jamais passée. Il cambra ses ailes, ralentissant jusqu'à la limite de la perte de vitesse - les deux oiseaux radieux ralentirent avec lui, en souplesse, ailes encastrées dans les siennes. Ils n'ignoraient donc rien du vol lent.
Il replia alors ses ailes, et partit en piqué à deux cents kilomètres à l'heure - ils piquèrent avec lui en formation impeccable.
Finalement, il convertit la vitesse de sa chute libre en une chandelle qui lui permit d'enrouler un long tonneau lent vertical - ils exécutèrent le tonneau avec lui en se jouant...
Jonathan se remit à voler en palier, demeurant un bon moment silencieux.
- Fort bien, dit-il enfin. Qui êtes-vous?
- Nous sommes les tiens, Jonathan, nous sommes tes frères, répondirent-ils avec assurance et calme. Nous sommes venus te chercher pour te mener plus haut encore, pour te guider vers ta patrie.
- De patrie, je n'en ai point. Les miens, je les ignore. Je suis un exclu. Tenez, vous voyez bien, nous volons à la crête des grandes ondes de la montagne. Encore quelques dizaines de mètres d'altitude et il me faudra renoncer à hisser plus haut ma vieille carcasse.
- Mais non, Jonathan, tu peux t'élever davantage encore, car tu as voulu apprendre. Ton apprentissage élémentaire est terminé et il est temps pour toi de passer à une autre école.
Jonathan le Goéland avait eu l'intuition, toute sa vie durant, qu'un jour elle s'illuminerait de cet instant unique. Oui, ils avaient raison! Il volerait ainsi plus haut encore et le moment était bien venu pour lui d'aller vivre en sa vraie patrie.
Longuement il promena un ultime regard sur les cieux, sur cette magnifique terre argentée où il avait appris tant de choses.
- Je suis prêt, dit-il enfin.
Et Jonathan Livingston le Goéland, accompagnant les deux goélands-étoiles, s'enleva pour disparaître avec eux dans le ciel d'un noir absolu.
(...)
Richard Bach - Jonathan Livingston le Goéland - J'ai Lu n° 1562
Ce texte, qualifié de roman, et que je considère plus comme un conte pour adultes (au même titre que Le Petit Prince de Saint-Exupéry d'ailleurs), je l'avais découvert il y a très longtemps et avais savouré sa lecture très poétique, et puis j'ai égaré le livre. Il manquait sur mes rayonnages, c'est un texte qu'il me fallait absolument avoir à portée de main, sur lequel je devais me pencher régulièrement... Je n'ai pas résisté lorsque j'ai trouvé ce titre il y a quelques petites semaines au supermarché... Relu d'une traite, je n'ai absolument pas été déçue, le temps n'avait rien dénaturé, ce livre avait conservé toute sa fraîcheur, tout son charme.
Si je compare Jonathan au Petit Prince, je me permets aussi de comparer les deux auteurs, Richard Bach et Antoine de Saint-Exupéry qui ont été l'un et l'autre aviateur dans l'armée de l'air. Richard Bach est en effet un ancien pilote de l'US Air Force... il n'est pas utile de rappeler le parcours de l'auteur de "Terre des Hommes", " Vol de nuit", "Courrier sud"...