Ce matin au bureau j’ai reçu dans ma boîte mail un questionnaire stupide dont la seule question sensée parlait de Pologne. On me demandait de répondre sans réfléchir de citer un Polonais célèbre. Je pouvais toujours répondre que je ne connaissais personne.A la rigueur, je me souviens brièvement de l’histoire du plombier polonais, un fake Mario qu’on paye moins cher pour rentrer dans l’union européenne, non ? L’info va trop vite, et j’ai des reco à terminer. Illumination divine, je réponds « Ne sais pas » et shoote mon questionnaire.
Pris par mes diverses tâches du jour, me voici déjà à l’heure du déjeuner. Il fait assez beau aujourd’hui, les filles sont en robes. C’est la fin de l’été indien. En déficit d’inspiration, je propose d’aller manger au Bombay avec toute l’équipe. On fête les bons résultats commerciaux de l’année, et la promotion du chef, Paul, qui s’en va au siège à NYC. Je ne suis pas
concentré le moins du monde sur nos discussions, je passe mon temps à penser à Leah que j’ai rencontrée en afterwork au Pink hier soir. Blonde, souriante, pas de poil au nez : tout pour plaire.A peine assis, je chope un kir au passage du serveur. Il prend les commandes. Marie ? Un, cassis. Vanessa ? Un, framboise s’il vous plaît. Paul ? Une coupe de champagne. Jean-Paul ? Deux. Il est alcoolique. Si ça continue, il va finir saoul comme un Polonais. On commande directement les plats. « Aujourd’hui plat du jour six euros, c’est poulet curry plus une coupe de cheveux au sabot 6 ou poulet teriyaki et une rose. Levez main pour teriyaki ? Un, deux, trois, quatre. OK. Et pour Marie ? Curry? » Elle répond à peine, faisant mine de refaire ses lacets sous la table. Bizarre, d’habitude elle porte des talons… On parle de nos vies d’avant, de nos métiers précédents, on essaie de ne pas trop parler de boulot. Certains parlent de leurs vacances d’hiver. On imagine tous Paul en ski, en Suisse, ex-trader en partance pour les Etats-Unis.L’attente du plat est longue mais plaisante. On a recommandé des apéros entre temps. Une situation ubuesque s’en suit : Marie commence à caresser le bras de Paul, Vanessa me fait du pied sous la table et Jean-Paul se met à draguer Mohinder, le serveur. Qu’ont-ils mis dans ces kirs ? On ne le saura jamais. Ce qu’on sait grâce aux témoignages recueillis par la police, c’est que Jean-Paul a visiblement tout filmé avec son téléphone. On voit Marie qui grimpe sur Paul pendant que je me faufile sous la banquette et que je lèche Vanessa. Les Indiens ont trouvé ça assez drôle, les clients moins, la police a juste demandé les adresses des filles et la composition des kirs avant de nous laisser repartir.L’aprèm passe assez vite et me voici déjà en week-end dans les galeries souterraines super secrètes du Social Club. Un grand ours super sympa nous accueille. Eh mais je le connais, j’ai sa tête en couv’ d’un magazine à la maison. Oh putain c’est Brodinski ! Mais qu’est-ce qu’on fout là ? Ah, lui il mixe. Du bon son (passage corroboré par mon coloc). Et il explique pourquoi il a coopéré avec Wyborowa pour le design de leur nouvelle bouteille qu’elle est belle : parce qu’il est Polonais d’origine, comme elle. C’était lui le Polonais que le questionnaire me réclamait ce matin ! Lui, Olivia, Cyril, Laurent nous expliquent que c’est de l’eau de Pologne à boire avec modération. C’est fou tout ce qu’on fait avec de la Wodka avec un « W » de nos jours : des marshmallows, des desserts fondants à la pomme-chocolat. Et des cocktails qui font marcher pas droit vers la sortie. Arrivé à la maison, je m’achevais à coup de pattes à la Polonaise, mais ceci est une autre histoire…Grand jeu concours : à défaut de t’offrir un diamant, je cède une bouteille de W dessinée par Brodinski à qui repère le plus d’allusions bidons sur la Pologne dans cet article. Nasdrovia !