9 novembre 1989, dans le ciel clair de nos consciences s'élève le violoncelle de Rostropovitch, la nuit s'achève, la nuit des emmurés, la nuit qui nous habituait à toutes les nuits d'où l'on débarquait des wagons, les troupes fraîches dont l'histoire avait besoin pour que nous restions muets. Mais muets nous n'allions plus le rester, muets nous ne pourrions plus l'être, puisque nous hurlions en nous embrassant, puisque ceux que nous croisions et nous offraient les petits morceaux de béton coloré des murs de leur ex-tombeau, en ex-RDA, dans l'ex-union soviétique, puisque ceux là nous les invitions à prendre place au banquet qu'allait nous offrir le capitalisme triomphant. Puisqu'il n'y aurait plus de murs, jamais plus aucun mur entre l'homme et l'Homme...
9 novembre 2009, dans le ciel clair de nos consciences ne s'élève plus le songe du violoncelle. Rostropovitch est mort, ceux avec qui nous hurlions contre le silence des murs, avec nous ont fait de leur consciences des no man's lands balayés par les projecteurs de la surveillance rapprochée. L'Europe est faite. Et nous, les murs parfois pour le bref éclat d'une commémoration on nous autorise à les longer interminablement, afin de nous souvenir. Je ne me souviens pas du mur de Berlin.