99 luftballons

Publié le 09 novembre 2009 par Clarac
1982 : la Guerre Froide. On entendait cette expression partout : elle était dans la bouche des adultes, elle se faisait une part belle dans les informations. J’avais 11 ans et j’avais peur quand j’entendais ces deux mots terribles. Pour moi, une guerre froide était silencieuse. Je n’en savais pas plus : chut ! tais toi... ce n’est pas pour les enfants, monte dans ta chambre le tout dit sur un d’un ton plus ou moins péremptoire. Non informée (mal informée ou désinformée, je laisse le soin à chacun de choisir le terme qui trouve le plus adéquat), l’imagination alimentée par les aventures et les exploits du Club des Cinq, je me couchais très zen… Allongée en chien de fusil, je guettais chaque bruit suspect, j’épiais les ombres, j’écoutais ma propre respiration avec l’angoisse de voir surgir un agent de cette guerre avec un long couteau. Une fois que la fatigue l’emportait, la guerre prenait quelquefois l’apparence d’un monstre tapi dans l’ombre qui m’attendait à la sortie de l’école ou d’un espion qui m’enlevait.
Les deux années suivantes, je chantais à plein poumon « 99 Luftballons » comme tout le monde. Un monde divisé en deux, représenté par le dessin de deux hommes armés jusqu’aux dents, et on parlait de la probabilité d’une nouvelle guerre mondiale. Il suffisait que l’un de deux appuie sur un bouton rouge et le monde explosait. Bon, heureusement, aucun des deux n’a renversé sa tasse de café, ni s’est reculé en voulant l’éponger, ni est tombé de sa chaise et ne s’est pas accroché à ce qu’il avait à portée de main : le bouton !!! Ouf, on y échappé de près surtout que les tasses pouvaient contenir soit du scotch ou de la vodka.
1989 : des murs sont tombés. Le premier, en juillet chez mes parents : j’avais mon bac en poche. Quatre mois plus tard, un autre mur bien plus important tombait lui aussi. Les yeux scotchés à la télé, je vivais en direct ce moment : l’émotion, ces hommes et ces femmes qui marchaient libres. Et je pleurais de joie pour eux.