La complainte de mon vers

Publié le 10 novembre 2009 par Papote

L'autre jour, je jardinais un peu et, tout à coup, d'un malencontreux coup de bêche, je déterre un petit ver de terre. Je m'apprêtais à passer mon chemin quand la petite chose, toute tortillante et vitupérante, m'interpelle :

- Eh, dites donc, vous ! Ca ne vous dérange pas de venir perturber mon repos dominical ? J'étais tranquillement entrain de me reposer et...

- Et quoi ? Je jardine... Cependant, je regrette de vous avoir réveillé. Veuillez m'en excuser...

- Et vous croyez que cela va suffire ?

- Je vous ai présenté des excuses. Nous n'allons pas, non plus, couper les cheveux en quatre pour ça... Nous cohabitons dans ce jardin mais je ne vais pas passer le terrain au scanner chaque fois que je dois y travailler ! Partageons donc en frères !

- Ah, ben, ça... C'est bien typique de vous, ça ! Vous avancez avec vos gros sabots, fredonnant "La Javanaise" sans faire attention que certains peuvent vouloir dormir, vous détruisez mon domaine avec votre outil de la mort et de simples excuses devraient clore l'histoire ?

- Oui, je reconnais mais je vous répète que je ne l'ai pas fait exprès et que je vous ai déjà présenté mes excuses ! Je ne vais quand même pas vous les mettre sous enveloppe, avec un ruban rouge autour, afin que vous les encadriez au dessus de votre cheminée !!!

Alors, tel Camille Desmoulin haranguant la foule aux premières heures de la Révolution, le ver se lança dans une diatribe qui était loin d'avoir, à mes oreilles, la douceur de la guimauve...

- Le mépris que vous m'envoyez, tel un trait de flèche empoisonné, ne m'atteint pas ! Sachez que vous avez beau être beaucoup plus grande que moi, vous ne m'impressionnez pas...
Vous bêchez, non seulement ma sieste, non seulement mon jardin et sa plantation de cannabis, mais aussi le droit à la dignité des personnes de petite taille.
Sachez que nous sommes tous égaux en droit, quelle que soit notre taille !
Madame, notre cohabitation ne peut point s'entendre en de telles circonstances. Nulle fraternité n'est envisageable tant que vous ne verrez que votre seule liberté à faire ce que vous voulez quand vous le voulez... Mais je ne laisserai point votre forfaiture impunie. J'irai, s'il le faut, jusqu'à la Cour Européenne des Droits de l'Homme !

- Ah mais je commence à comprendre... Je songeais que vous aviez abusé de vos plantations jardinières mais, en fait, ce qui vous met de mauvais poil (et ne niez pas, je le vois à votre oeil lombric lubrique !), c'est que vous rêviez d'une sieste crapuleuse et que Madame Ver vous a contraint à l'abstinence, suite à votre retour tardif cette nuit !

- Vil faquin ! Votre orgueil  démesuré et votre cynisme sans borne vous font fouler au pied jusqu'aux principes fondamentaux de notre belle république, gravés dans la pierre des frontispices de nos édifices publics... Je crie donc haut et fort : liberté, égalité, fraternité ! Et je dis "mort aux baffoueurs !"

- Ah ça, vous criez bien fort pour une si petite personne mais c'est tout à fait anticonstitutionnellement que vous souhaitez me faire culpabiliser et je ne cèderai pas...
Pour l'heure, vous me fatiguez et je vais donc aller faire une petite sieste crapuleuse...

Ainsi fut fait ! J'attends, désormais, ma convocation devant la Cour Européenne...

A bientôt !

La Papote

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PS : Et de trois mille commentaires sur mon blog !

C'est Mam'Julie qui a "gagné" le droit de me suggérer un thème (Liberté, Egalité, Fraternité) et dix mots (scanner, enveloppe, flèche, guimauve, cannabis, cheveux, abstinence, anticonstitutionnellement, javanaise et ver de terre) pour que j'en fasse un billet...
Comme Miss English pour le 1.000è  et comme MamanCélib pour le 2.000è !

Alors, une fois encore, merci encore à vous tous de vos commentaires, de vos encouragements, de vos visites ponctuelles ou régulières !
On va pouvoir reprendre une activité normale !!!