Magazine Journal intime

I do ... pick a number too (About a Girl)

Publié le 11 novembre 2009 par Jess_kelig

La page 17, bonne lecture à vous.
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Arrivée à destination, je pris au hasard une des galettes et la donnait en pâture à mon lecteur affamé. Je savais que mes oreilles allaient souffrir mais j’étais loin de me douter que ça serait à ce point. Paroles insipides, musique limite automatique. Taillé pour passer en radio et taillé pour plaire au plus grand nombre. Les thèmes étaient hyper adolescents. Non pire, ils étaient édulcorés au possible. Comment des gamins pouvaient écouter ces trucs quand il suffisait de gratter un peu plus loin que le bout de son nez pour rencontrer la VRAIE musique. Des vrais grands groupes et artistes qui faisaient vibrer des générations entières sous l’étendard de la révolte. Ok j’écoutais du punk rock. Bon j’admets que tous les gosses de dix ans ne pouvaient pas s’identifier aux mélodies et aux textes. Mais quand même ! De là à tomber dans une sorte de soupe mielleuse ! Il y avait une frontière.

J’essayais d’avoir douze ans. Je regardais les photos, lisais les biographies. J’essayais d’interpréter et de déceler un intérêt à ce qui se racontait. Je souffrais mais je me forçais à écouter encore un peu. Titres par titres je vins enfin à bout de la pile qui m’avait été attribuée. Ouf. Quel mot employer ? Comment pouvais-je décrire tout ce que je ressentais ? J’allais devoir subir ce tintamarre même en concert ? Non. Je vérifiais dans les archives : personne ne faisait de live report. Alléluia merci mon Dieu. Je me mis en quête d’avaler tout ce qu’ils avaient publié depuis des années. Les questions étaient à l’image de la musique : niaises. J’allais vraiment devoir revoir ma copie. En même temps, il ne me serait pas trop difficile d’adapter mon style. A chaque interview, les mêmes questions.

« Salut ! Présente-toi ! », « Tu as une petite copine ? », « Tu aimes quoi dans la vie à part t’éclater sur scène ? ». Creux. J’allais me coucher en me répétant qu’au moins j’avais un boulot. Et puis j’avais fait du progrès : j’étais dans une rédaction.

Je passais les jours suivants à recevoir des emails, gérer des rendez-vous avec les agents des différents artistes qui m’étaient attribués. Une vrai pro. Je me mis à consulter frénétiquement les sites internet qui leur étaient consacrés. Parmi la liste que j’avais, je devais rencontrer prochainement un groupe d’ado faisant du « rock » selon eux, de la pop légèrement (mais très très légèrement) violente selon moi. Les gamines étaient toutes à moitié hystériques quand on évoquait leur nom. Internet devint une mine d’or. Les sites pullulaient et je n’avais que l’embarras du choix. Je décidais de me prendre au jeu et m’inscrivais sur un des forums dont ils étaient le thème de prédilection. Je me fis passer pour une jeune fille de treize ans, dingue d’eux. Je lançais un sujet : « Si vous pouviez leur poser une question vous leur demanderiez quoi ? ». Jackpot. Les réponses affluaient. « Moi je voudrais savoir s’ils sont célibataires » répondit une. Evident. « Moi ce qu’ils pensent de leurs fans » proposait une seconde. Au fil des messages qui défilaient sur mon écran, la trame de mes questions se dessinait. Pour répondre aux attentes d’un public, quoi de mieux que d’interroger directement les personnes concernées ce qu’elles souhaitaient ?

Je vécus une intense semaine pré pubère au bout de laquelle je décidais de replonger dans le monde réel. Une amie m’avait invité à un concert de rock d’un tout nouveau groupe qui, en un titre, s’était déjà attiré les éloges de la part des critiques comme du public. Je me laissais tenter par cette soirée qui me changerait les idées. Fini les bébés rockeurs, bonjour la musique, la vraie.

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