- Psssttttt!!
Je ne lève pas les yeux et je continu de préparer mes perfusions.
- Psssssssstt!!
Mon trocart par ici, mon perfuseur là. Le reste dans mon plateau.
- PSSSSSSSSSSSSSSTTTTTTTTTTTTTTTTTT!!!!
Étonné, je me retourne et je vois mon chef, la tête coincée dans l’entrebâillement de la porte de son bureau qui me regarde avec insistance et qui me fait signe de l’index de le rejoindre.
J’entre dans son bureau. Il ferme doucement la porte derrière moi. J’ai l’impression que quelque chose est en train de se jouer. Quelque chose d’important même…
- Dan, je suis très embété
- Ah bon?!
- Oui, je n’ai personne pour assurer la permanence demain entre midi et 14h.
- Ah…
- Oui et je sais que vous ne travaillez pas mais vous ne serez pas trop loin puisque vous étes en réunion…
- Euh… oui, d’ailleurs à ce sujet, je voulais vous demander, pour le repas…
- Teuh, teuh ,teuh, considérez que l’on vous l’offre, je m’en charge.
- Ah merci.
- Oui et en fait, je voulais savoir si entre midi et 14h, vous ne pourriez pas venir assurer la permanence ici. Vous n’aurez rien à faire, juste distribuer quelques médicaments et vous mangerez tranquillement dans l’office. Je suis vraiment embété,vous savez…
- Hum… ok, ok.
- Merci! Merci infiniment!!
Trois semaines plus tard, je reçois mon bulletin de paie avec le décompte de ma réunion. Le repas était pris en charge et j’ai mangé un plateau repas à 4,13 €. Mes 2 heures de permanence n’ont pas été payées.
Trois semaines et un jour plus tard, je reviens dans le bureau du boss pour lui demander s’il sait où est passé l’argent de mes 2 heures. Il regarde alors ses pieds et balbutie:
- Voyons Dan, vous savez, c’était entre vous et moi…
- Et..?
- …Et nous nous arrangerons entre nous plus tard. A vrai dire, je n’ai dis à personne que vous avez travaillé alors… euh… vous ne serez pas payé.
Je ne serais pas payé. La phrase reste et résonne encore dans ma tête. J’ai travaillé gratis, juste pour le fun.
C’est la vie et si je tiens à mes futurs congés, j’ai compris que j’ai tout intérêt à ne rien dire…