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Confidence (s) d'automne

Publié le 11 novembre 2009 par Araucaria
Je crois vous l'avoir déjà dit, j'aime beaucoup cette citation de Paul Eluard : "Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous". Sans doute parce que j'aime les rendez-vous et les belles surprises. J'aime être étonnée, j'aime être conquise.
Parfois la vie me gâte et je ne rate alors sous aucun prétexte aucun rendez-vous. Je fonce, je m'élance, j'attrape la main que l'on me tend, je pousse un peu plus la porte que l'on entrouvre, j'invite à entrer. Je veux aller plus loin, surtout que ce rendez-vous ne reste pas sur le bord de la route, et que moi je ne reste pas sur ma faim.
Il me plait à croire qu'une de ces superbes rencontres m'a été offerte il y a quelques jours. Un lecteur de ce blog est venu discrètement frapper à ma porte. Il avait constaté certainement que j'appréciais les textes de qualité, et il m'invitait à découvrir ses poésies. Je suis curieuse, je ne veux pas passer à côté d'un chef-d'oeuvre. Je suis allée le lire, j'y suis retournée... (je m'y rendrai à nouveau). J'ai été conquise... Thierry Cabot m'a autorisée à utiliser quelques-unes de ses poésies pour enrichir mon blog, et aussi à l'inscrire dans mes liens.
Je le remercie de cet honneur, et c'est avec le plus grand plaisir que je vous fais découvrir aujourd'hui sa magnifique "Confidence automnale". Poème qui fait suite à "La Chanson des Vieux Amants"... pas vingt, mais trente ans après une rencontre, un rendez-vous, (pas un hasard), je suis cette femme aux cheveux blancs et au coeur à jamais affamé...
http://www.atollduweb.net/Peinture/PeintresCelebres/VG1885.jpg
Paysage d'automne - Vincent Van-Gogh (photo trouvée sur le net)

Confidence automnale



L'automne jeune et beau dans les plaines arides,
Vibrait ingénument de ses feux redoublés ;
Tes longs cheveux blanchis, en flots amoncelés,
Mangeaient ton clair visage aux lumineuses rides.

Et je te voyais là, doux fantôme incertain
Contemplant sur mon front une ou deux mèches grises,
Et je sentais sur moi tes prunelles éprises
Qui semblaient repousser quelque démon lointain.

Vingt ans avaient coulé, perfides comme une onde,
Vingt ans de vain tumulte et de lits captieux
Où le temps avait mis de l'eau trouble en tes yeux
Et dans les miens l'amère inanité du monde.

J'étais le confident, le complice autrefois
Bien que dix mille jours fissent de toi l'aînée ;
Nous avions souvent eu la lèvre illuminée
Par des tableaux profonds et rieurs à la fois.

Cependant le vent tiède échevelait nos têtes ;
Tes fines mains déjà frissonnaient en fuyant ;
Dehors tout s'animait ; le soleil bienveillant 
Faisait avec éclat de nouvelles conquêtes.

Et sans même un regard et le coeur affamé,
D'une tremblante voix d'où montait une plainte,
Tu murmuras longtemps, vieille, la face éteinte :
" Oui, je t'ai bien aimé, bien aimé, bien aimé... "
Thierry Cabot

Poème extrait de " La Blessure des Mots "
http://www.p-o-s-i-e.over-blog.net

Merci Thierry.....


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