J'ai allumé la ptite lampe jaune, posée sur un coin de bureau. Elle annonce, dans mon imaginaire, le passage vers la nuit et d'un côté les "ténèbres" du dehors et de l'autre le fragile halo de lumière d'une maison chargée d'Histoires.
J'y ai mis tout exprès un pluriel majuscule à -Histoires- en tranches de vie de ces mômes échoués là par les rigueurs de la vie, les contraintes à pas de chance...Et c'est à nous, les bricolos de l'éducatif de prendre dans la tronche toutes leurs colères, haine, dégoût, violence...que sais-je encore. Voyez, tous ces mots denses ou leurs interprétations qui expriment l'injustice, la peur, la solitude...
Faut faire avec, disait l'apprenti sorcier jusqu'aux coudes empêtré dans sa pâte à modeler et essayant de construire ce qui devrait logiquement ressembler à quelque chose. Mais il fallait souvent recommencer parce que trop fragile, ça tombe, ça casse, ça ne va pas comme on on aurait tellement voulu...et même que, parfois on a envie de faire une grosse boule et de l'envoyer rouler, pour ne plus la voir.
Merde, c'est vrai, quoi à la fin, on n'est pas du genre sur-homme. Nous aussi, on vibre en émotions à fleur de peau, des trajets sensibles qui vous hérissent le poil, des découragements à se bloquer le dos et casser la voix -sic- et même à maltraiter l'oreiller quand on rentre chez soi parfois écoeuré, épuisé...
Mais bien sur, la nuit n'est pas toujours aussi noire, elle peut même parfois être drôlement brillante, par exemple quand on sent que des forteresses à priori imprenables peuvent s'ouvrir parce qu'elles ont baissé la garde ou eu juste un peu -cinq minutes- confiance.
Alors surtout, il faut les saisir ces instants là avant qu'ils ne s'échappent. D'ailleurs, si ça se trouve, on ne les reverra pas de sitôt. Mais comme chaque jour sent le neuf, qui peut prévoir?