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Interview de Monseigneur AILLET évêque de Bayonne

Publié le 11 novembre 2009 par Fbruno
Interview de Monseigneur AILLET évêque de Bayonne

Monseigneur AILLET a accepté de répondre aux questions des responsables de Webcompostella sur son approche et son expérience du Chemin vers Santiago dans un esprit de préparation à l'Année Sainte 2010.

Son témoignage est vivifiant pour l'esprit d'évangélisation à retrouver sur cette voie de pèlerinage.

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, fait l'éloge du Chemin de Compostelle. Si ce dernier est un lieu de rencontres, d'effort physique et de découverte culturelle, c'est aussi et surtout un itinéraire de conversion. Entretien avec l'évêque pèlerin.

1. Monseigneur, avez-vous déjà marché sur le chemin de Compostelle ?

R - Oui, en tant qu'aumônier Scouts d'Europe, j'ai eu l'occasion de marcher sur divers tronçons. Avec des jeunes de 18 ans et plus, j'ai pu expérimenter que la randonnée au long cours est un lieu privilégié de conversion, de découverte du Christ.

2. De nombreux saints sont honorés au long des différentes étapes vers Compostelle chapelles, sanctuaires, pèlerinages locaux maintiennent leur histoire et leur témoignage. A Tours, étape pour les pèlerins du Nord et en même temps point de départ, chacun peut venir honorer et prier saint Martin, figure que vous connaissez bien…

R - Marcher vers le Christ c'est rejoindre un orient intérieur. Comme les Rois Mages ont cheminé physiquement mais aussi et surtout spirituellement vers Celui qui donne sens à nos vies, le pèlerin de Saint Jacques peut devenir au fur et à mesure de sa marche un disciple de Jésus. En effet, pour Le suivre partout où Il va, celui-ci doit quitter ce qui en lui ne peut que vieillir, pour rejoindre et embrasser la pauvreté. Saint Martin, l'apôtre des Gaules, est célèbre pour avoir accompli quantité de pérégrinations pour annoncer l'Evangile. Il nous rappelle que le Chemin de Saint Jacques est pour beaucoup un chemin de rencontre avec Dieu, en témoignent les chrétiens rencontrés en route, pierres vivantes ainsi que les monuments magnifiques.

3. Au cœur d'une société déchristianisée marquée par la quête de l'éphémère, la démarche du pèlerin peut surprendre. Faut-il voir là un réveil de l'Occident chrétien ?

R - Le marcheur est un homme qui se tient debout. Le pèlerin répond à l'appel de Celui qui nous dit : « Lève-toi et marche ». Oui, notre Europe à bout de souffle n'en peut plus. Le seul horizon matériel, le culte de l'argent, la débauche dans laquelle semble sombrer parfois notre civilisation sous le regard stupéfait des pays du Tiers-Monde, le taux impressionnant de suicides, spécialement chez les jeunes, la drogue,… manifeste la lassitude éprouvée par nos contemporains à l'endroit de ce qui demeure évanescent et sans fécondité. Combien de personnes rencontrées sur le Chemin de Compostelle vivent leur pèlerinage comme une cure de désintoxication ! Et seul le Christ peut nous guérir ! Il revient donc à tous ceux qui proposent un accueil aux différentes étapes de cet itinéraire vers le sanctuaire de Galice, d'annoncer le Christ mort et ressuscité. En Lui seul se trouve la vie car Il a vaincu la mort ! L'Europe, dont l'identité profonde est chrétienne, ne pourra retrouver l'Espérance que si elle reconnaît le Christ comme son Seigneur.

4. Itinéraire spirituel depuis le XIème siècle, comment voyez-vous aujourd'hui l'évangélisation de ceux qui empruntent ce chemin ?

R - Plus que jamais, l'Eglise Catholique doit être présente tout au long des étapes du chemin. L'effort missionnaire des hospitaliers, des prêtres et religieux présents tout au long du parcours, est à développer dans ce sens. La raison d'être profonde du « Camino » c'est la rencontre avec le Christ. Mon rêve serait que tous les 25 kilomètres, les marcheurs puissent se reposer dans un cadre nourrissant leur croissance spirituelle : un lieu d'accueil et d'écoute avec la possibilité de recevoir le sacrement de pénitence et réconciliation, d'adoration, …

5. Monseigneur, irez-vous bénir des pèlerins qui partent vers Compostelle ?

R - Sûrement ! Pour tout vous dire, j'irai marcher moi-même quelques jours au printemps 2010 avec les 7 jeunes entrés récemment en année de discernement vocationnel (propédeutique) pour le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron. Je les confie à votre prière afin que nombreux soient ceux qui répondent à l'appel du Seigneur.

Toute l'équipe de Webcompostella tient à remercier Monseigneur AILLET pour sa disponibilité à nous répondre sur le sujet du pèlerinage à St-Jacques de Compostelle. Remerciement aussi à Jacques MULLON pour son dévouement à servir d'intermédiaire avec Monseigneur. Jean-Marc LUCIEN, Pierre GAUER, Yves AUBLE et René de Laportalière.


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