A MEZZANOTTE
Le sanglier blanc ― ou peut-être est-ce un loup ? ― rôde. Il coupe la route et court se perdre dans les griffes serres du maquis. Des ombres longues sortent des tombes le petit pont aux âmes court.
Un rideau de blé mûr détermine le jour mais c'est la nuit qui tombe. La coupe sombre du soir enveloppe les coques blanches de Navachjeli. Le vaisseau des tombes divague.
. et tangue entre mer et ciel noir.
Ailleurs, au chaud de la maison, Amour et Psyché dans leur drapé de gestes s'enroulent caresses de voix nues qui s'effilent se fondent s'aspirent en cônes acoustiques les papillons du soir stella maris glissent sur l'horizon le rideau étire son étole de blé mûr le thé durcit ses velours dans les coupes grenat qu'aucun fruit délicieux n'emplit de formes rondes.
Le vent tourne pale de rumeurs sombres nomades de la nuit qui vient
les heures passent d'horloge en horloge qui tangue le temps
tout l'univers se blottit dans nos mains la barque glisse sur les eaux dures du détroit noir
et les sons qui s'engouffrent défilé lisse sombre glacis des monts des gorges et des voies
tissent leurs silences le long des parois nocturnes
plaintes et pleurs
clapotis des âmes de la nuit.
Surgie du fond des eaux
l'hydre ondule vert de grimaces obséquieuses
la forêt sombre dans l'à-pic les visages lunes
éclaboussent de rire
les abords de minuit.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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