Une chronique de Vance
A mon tour d’entrer « dans la peau de Steven Soderbergh », comme l’avait titré Niko, l’un de nos plus fervents contributeurs. Il s’agit donc de répondre à son appel (du pied) pour continuer une chaîne qui a fait le tour des blogs les plus cinéphiles du moment.
Ca n’a pas été facile du tout.
Comme si ça pouvait couler de source…
Voyons voir…
Le film que vos parents vous ont empêché de voir?
Mes parents ont sans doute dû plusieurs fois m’indiquer la direction de la chambre lors de la diffusion en deuxième partie de
soirée d’un film moins « tous publics ». Néanmoins, je n’ai pas le souvenir d’un titre en particulier. Mon père adorait les péplums, et j’ai bien dû voir une dizaine de fois
Quo Vadis ou Barabbas. Ma mère avait une passion inexpliquée pour John Wayne (juste derrière Steward Granger) et les deux aimaient beaucoup les comédies
populaires. Le cinéma à la maison, c’était plutôt ça. Je me souviens toutefois d’un soir où un film passait sur l’écran alors qu’on recevait des invités ; peut-être un film de Claude
Sautet, mais je suis sûr qu’il y avait Romy Schneider. Elle se livrait à une scène de séduction extrêmement équivoque qui a choqué ma mère (mais pas le compagnon de l’actrice qui
restait de marbre – Piccoli ? Ca reste flou en tous cas…). Résultat : les enfants ont été vivement encouragés à jouer dans les chambres.
Une scène fétiche ou qui vous hante ?
La fin d’Excalibur, incontournable, avec le crescendo des Funérailles de Siegfried de Wagner et cette image du bateau emportant le corps d’Arthur vers Avalon au soleil couchant…
Mais je ne puis passer sous silence la scène d’adieux du Cercle des poètes disparus : elle est tellement chargée de sens pour moi, elle me parle directement, au fond de l’âme
et ne me laisse jamais intact.
Vous dirigez un remake : lequel ?
Ouh là ! Il faudrait pour cela que je conçoive que le remake est obligatoire – donc que le matériau original puisse
s’améliorer. Un bon film mais qui aurait mal vieilli ? Ce n’est pas que j’aie les remakes en horreur (il y en a eu d’excellents, surpassant même – mais rarement – les originaux), mais le
principe me gêne. Faire un remake d’un film qu’on aime, ce n’est pas lui rendre hommage, mais tenter de prouver qu’on puisse faire mieux (sinon à quoi bon ?). Ah mais, tiens, un remake
d’I Robot qui serait plus dans l’esprit d’Asimov, là oui !
Je signe.
Le film que vous avez le plus vu ?
Les multiples diffusions télé font que certains films me semblent difficiles à battre : ça va des Goonies aux Sous-Doués en passant par les 7 Mercenaires, Kramer contre Kramer, Un éléphant, ça trompe énormément et la Grande Evasion. Au cinéma, c’est le Retour du Jedi que j’ai vu le plus de fois (11, dont parfois 2 fois le même jour !). Cette performance sera difficile à battre en salles. Sinon, dans mes lecteurs, Labyrinthe, Commando, le Meilleur, Cendrillon et surtout Excalibur.
Qui ou qu'est-ce qui vous fait rire ?
Je n’ai pas une sensibilité particulière pour un genre de comique. Je me souviens des fous-rires inextinguibles avec mes frères
quand on était tombés sur Hellzapoppin’ ou un film des Marx Brothers. Le nonsense des Monty Python fait aussi souvent mouche. Certaines situations de Un éléphant, ça trompe énormément continuent à me faire marrer, tout comme Choco qui raconte sa bouteille de faux vomi dans
les Goonies ou Bourvil qui se plaint de la taille de ses chaussures dans la Grande Vadrouille (et la tête qu’il fait lorsqu’il
pète une boule puante dans le Cerveau). Bill Murray dans Ghostbusters (« C’est le salaud qui m’a tout englué ! »). Jim Carrey dans Bruce tout-puissant. Jean
Dujardin dans ses OSS 117. Le duo Bacri-Chabat dans Didier. Buster Keaton.
Votre vie devient un biopic...
Non. A moins que le scénario soit de Broots et la mise en scène de TWIN, dans une production Cameron. On peut toujours rêver. Ils réussiraient peut-être à en faire un film regardable.
Sinon, j’adorerais qu’on raconte la vie de certains de mes personnages/avatars créés pour des jeux de rôles : Vance, le
faux médium mais vrai élu ; Sean, le journaliste-écrivain qui a voyagé dans les dimensions et le temps ; Abe, le fils d’Indien qui traque les sectataires et autres cultistes (hé
hé !) ; Josh, l’héritier et ancien sherpa, directeur d’une agence secrète de lutte contre les sbires de Cthulhu ; Thorm, l’extraterrestre à peau bleue qui opère comme
Messager Galactique ; Szam, le mercenaire désabusé au service de l’Alliance Rebelle ; Ephram, le prêtre-sorcier de l’Empire du Nil ; Isaac, le charmant œnologue agent
du MI-6 ; et bien d’autres…
Le cinéaste absolu ?
Stanley Kubrick. Personne d’autre ne
peut me faire dire qu’il a atteint une forme de perfection dans son art – en dépassant même parfois les limites.
Le film que vous êtes le seul à connaître ?
Pendant longtemps, je gardais précieusement une VHS sur laquelle était enregistré un de mes films préférés, qui ne passe
qu’exceptionnellement à la TV : le Meilleur, signé Barry Levinson avec Robert Redford.
Etrangement, je me suis aperçu que personne ne le connaissait, même parmi ceux qui aimaient le cinéma. Je pense en revanche qu’aux USA, au vu des nombreuses citations qu’on retrouve dans les
films ultérieurs ou surtout dans les séries TV (des Simpson à Madame est servie), il fait partie du patrimoine.
Une citation de dialogue que vous connaissez par cœur ?
Au nom du Tout-Puissant, de Saint-Michel et de Saint-Georges, je te fais chevalier. Ou bien :
Tu as brisé… ce qui ne peut être brisé. Le rêve… est brisé. Ou encore :
L’avenir a pris racine dans le présent. Ou :
Quel est le Secret du Graal ? Qui sert-il ?
La solennité dont sont empreintes les paroles du film Excalibur m’a toujours profondément touché, et séduit.
L'acteur que vous auriez aimé être?
Je ne sais pas. James Stewart ?
Ou Hugh Jackman. Pour des raisons radicalement différentes.
Le dernier film que vous avez vu? Avec qui? C'était comment?
J’ai cédé à la tentation du cycle Hitchcock sur Arte avec les 39 Marches. Un film que je croyais connaître… et
en fait, non. Il m’a beaucoup plu, même si certaines transitions manquaient de justesse et que l’ensemble tirait en longueur. Beaucoup d’humour décalé, cet understatement très spécifique
qu’il revendique (notamment dans ses entretiens avec Truffaut), et une très belle scène puissamment érotique lorsque la jeune femme, liée à son ravisseur par des menottes, enlève ses bas
et ne peut empêcher ses mains à lui de frôler ses jambes…
Un livre que vous adorez, mais impossible à adapter?
Hypérion. Fondation. Adapter ce genre de livres univers, c’est
forcément aller vers l’amoindrissement.
Quelque chose que vous ne supportez pas dans un film?
Je m’aperçois en rédigeant ça que je réagis souvent comme Niko. Là aussi, je suis d’accord avec lui : je déteste les scènes trop ouvertement explicatives, où l’un des personnages se mue en
pédagogue pour que les spectateurs puissent comprendre les motivations et les buts de chacun des protagonistes. Quand Xavier rencontre Magneto au début de X-Men, on en a un
aperçu flagrant, qui défigure un peu ce film (il y aurait gagné à être plus suggestif). Parfois, c’est nécessaire, mais les moyens pour y parvenir au cinéma sont tellement variés qu’on peut se
passer d’un dialogue creux et artificiel. Je préfère de loin le discours des symboles.
Le cinéma disparait. Un épitaphe ?
Né dans la Lumière, berceau d’étoiles et source d’illuminations.
Qui tagues-tu à ton tour ?
J'aimerais que mes compagnons du Groupe (Broots, Nico, TWIN et Jennifer) se prêtent au jeu, aijnsi que tous les généreux contributeurs du Palmarès qui n'ont pas été abordés par Niko.