Photo trouvée sur le net
Paul n'a jamais rien caché à sa femme. un jour, il est irrésistiblement attiré par une petite robe blanche exposée dans la vitrine d'un magasin. L'irruption de ce vêtement d'enfant dans l'univers feutré d'un couple sans histoire va soudain produire des effets dévastateurs et réveiller de vieux démons.
De quels secrets la petite robe blanche est-elle venue raviver la blessure?
Irène trie des vêtements dans le dressing de son mari, pour effectuer un don à la Croix-Rouge quand...
"Elle s'arrêta net : les cintres, par le mouvement qu'elle avait provoqué, avaient écarté les deux vêtements comme un rideau de théâtre pour laisser apparaître une petite robe blanche, une robe d'enfant manifestement neuve, accrochée là, au beau milieu des affaires de Paul. Irène eut une sorte de haut-le-corps, un recul mêlé de répulsion qu'elle ne put tout d'abord s'expliquer. Devant l'objet qui la provoquait sa réaction lui parut disproportionnée. Elle comprit cependant assez vite la nature de son trouble : cette robe avait été non pas rangée mais manifestement cachée par son mari dans ce placard, afin de n'être pas découverte. Pour la première fois depuis qu'elle vivait avec lui elle eut le sentiment que Paul lui dissimulait quelque chose, sous la forme de ce vêtement d'enfant, rendu plus fragile encore par sa proximité avec les sombres vestes d'homme.
(...)
Irène demeura immobile plusieurs minutes, la petite robe suspendue à ses doigts. Lentement son esprit se remit à l'ouvrage. Elle prit conscience de l'ampleur du choc provoqué en elle par cette découverte. Il n'en aurait pas été autrement, se dit-elle, si elle était tombée sur une lettre d'amour, signée d'un prénom inconnu et glissée dans la poche de l'une des vestes de Paul.
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Une autre pensée se présentait maintenant à elle, pensée folle, terrifiante, tout à fait étrangère à l'univers qu'elle s'était bâti : Paul avait une seconde vie. Depuis des années il entretenait une liaison dont était née cette petite fille qui fêterait ces jours-ci son anniversaire.
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Un autre choc la cueillit à la poitrine, plus violent encore. Elle eut beau refaire ses calculs, espérant s'apercevoir de son erreur, il lui fallut se rendre à l'évidence. Cet enfant si ardemment désiré par eux lorsque Agnès arriva à l'adolescence, ce second enfant attendu dans la joie et qui avait déserté son ventre au bout de trois mois aurait très exactement six ans aujourd'hui...
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Au moment précis où elle entendit la clef de Paul s'introduire dans la serrure se produisit un phénomène étrange dans l'esprit d'Irène : ses projets d'éclaircissement de mystère de la robe s'évanouirent instantanément. Elle se reprocha sa grande lâcheté mais il n'était pas question pour elle d'affronter le visage troublé de son mari, révélateur du secret dont il devait à tout prix la tenir à l'écart. Pas question davantage de le sentir obligé d'élaborer un mensonge dans la seconde, une histoire maladroitement brodée pour la rassurer. Elle ne lui demanderait rien. Cette décision lui pesa mais cependant elle allait se taire, accrocher ses doutes sur le cintre de la petite robe blanche, entre le costume anthracite et le blazer bleu marine.
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Beaucoup de ses relations féminines parlaient de la lâcheté des hommes : ils n'avouaient une liaison que le dos au mur et pouvaient mener des années durant une double vie..."
La petite robe de Paul - Philippe Grimbert - Le livre de poche n° 30045
J'avais découvert Philippe Grimbert au travers de son roman "Un secret", récompensé par le prix Goncourt des lycéens. Ce roman m'avait marquée, beaucoup troublée. On évoque souvent les secrets de famille, le plus souvent un aïeul qui avait une liaison, un enfant né hors mariage, une "fille-mère"...des évènements choquants pour l'époque et que l'on préfère taire aux générations qui suivent... mais qui en y réfléchissant bien pourraient être dévoilés... Le Secret de Philippe Grimbert, c'était autre chose... un secret tellement lourd à porter, une histoire si tragique... ce Secret on ne souhaite à aucune famille de le détenir... Telle fut ma conclusion lorsque le livre fut refermé...
Aujourd'hui, avec "La petite robe de Paul", je retrouve tout le talent de Philippe Grimbert. J'apprécie toujours autant sa plume et sa grande connaissance de la psychologie féminine (Ph. Grimbert est psychanalyste) et des errances masculines... Lorsque je parle d'errance, je n'évoque pas les liaisons, les doubles-vies... Non même pas cela, simplement les mensonges, ou plus simplement encore les arrangements avec la vérité... les choses que l'on tait parce qu'on craint la réaction de sa femme, "sa jalousie maladive", "sa possessivité"... des choses simples qu'il serait préférable de ne pas taire... car c'est en se refermant dans le non-dit, dans le secret, dans le silence ou les arrangements avec la vérité que s'installent la perte de confiance, le malaise, la crise. Une crise bien plus difficile à traverser que celle que le conjoint aurait pu connaitre s'il avait été franc et loyal... Que peut penser par exemple une épouse si son mari lui dit avoir un rendez-vous urgent avec un plombier et que ladite femme le retrouve à une terrasse dégustant une glace avec une inconnue? Il m'a mentie, il me trompe... c'est sa maîtresse... Ou l'homme de votre vie est troublé par cette rencontre inopportune, se lève quand même rougissant et bafouillant un peu (car pris la main dans le sac!) et vous présente à la femme qui lui tient compagnie... ou pis encore, il feint de ne pas vous avoir aperçue... Après, il pourra toujours essayer de vous faire croire qu'il mène une existence limpide, qu'il ne sait pas ce qu'est une double-vie car il déteste le mensonge... ou encore, il pourra marteler sa devise préférée "Ne pas faire aux autres, ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse!" Oui beau principe, superbe résolution... mais il ne faut pas que tout cela reste à l'état de mots prononcés ou couchés sur du papier... Tous ces petits aménagements découverts au pied levé, ou dénoncés par des tiers heureux de vous faire du mal, sont autant de blessures qui maintiennent la plaie à vif. Vous voudriez pardonner, effacer tout cela, mais votre confiance a été trahie déjà tant de fois, le doute et la rancune s'installent, quelque chose est définitivement brisé en vous. Vous pouvez tourner la page une nouvelle fois, vouloir repartir sur des bases plus saines, ne pas accorder trop de crédit à certaines élucubrations d'étrangers, donner une énième chance à votre conjoint, mais vous savez très bien qu'au prochain minuscule grain de sable qui se glissera dans la machine... un appel téléphonique sur son portable qui le fait s'éloigner de vous à plus de 50m, un courrier urgent à rédiger sur l'ordi et qui l'oblige à s'enfermer dans son bureau à quadruple tours... vous douterez, vous souffrirez... "Il me cache quelque chose...!"
Je ne sais s'il s'agit de lâcheté de la part des hommes ou d'un manque de maturité (quelque soit leur âge, même à 50ans voire plus - d'ailleurs aux alentours de 50ans, certainement car c'est dans cette zone que rôde l'insidieux Démon de Midi) mais j'ai souvent constaté qu'ils cultivaient des points communs : ne pas dire, ou masquer la vérité pour avoir la paix! Pour mon mari, par exemple que des collègues féminines moches et grosses... et qui puent parfois... mais je ne les ai jamais vues, puisque je n'ai jamais été conviée au bureau et présentée... Je me suis souvent demandée s'il ne travaillait pas dans une quelconque "Cour des Miracles"... et lorsqu'il évoquait telle ou telle femme, je questionnais malicieuse "Ah oui... je vois... c'est celle qui a un oeil de verre, une jambe de bois, des poils de yéti sur l'autre et qui sent la transpiration...?"... Les copines de MSN, c'est pareil...que des moches et des vieilles...
Et il n'est pas le seul dans ce cas... Justement, j'avais croisé un internaute étranger sur un forum, et nous avions des discussions intéressantes et enrichissantes qui se poursuivaient sur MSN, jusqu'au jour où... Il est allé à Paris avec son épouse (très jalouse d'après ses dires), il a rencontré une correspondante âgée de 80ans... Accueil froid et distant de la part de l'épouse paraît-il... alors il a poursuivit ses rencontres seul, pour avoir la paix, pour apprécier pleinement les moments passés avec telle ou telle copine... Retournés chez eux, il a continué à discuter sur les forums, jusqu'au moment ou sa femme s'est inscrite anonymement elle aussi sur les mêmes sites, questionnant les intervenantes pour savoir si elles connaissaient tel internaute... Une d'entre-elles a répondu qu'effectivement elle le connaissait très bien, et d'après lui, a tout déballé!... Je ne sais si elle était belle, mangeuse d'homme ou quoique ce soit, et ce qu'il y avait eu entre-eux (ça n'est pas mon problème) mais elle était jeune... et notre internaute marié à "la jalouse" pour endormir les soupçons de sa femme avait dit qu'il ne fréquentait que des vieilles!!!
Nous pouvons imaginer la réaction de la femme légitime, les problèmes qui ont suivi. Ce monsieur n'était pas dans ses petits souliers... Il a alors abandonné tous les forums, n'est plus jamais venu sur MSN, nous avons perdu un correspondant instruit et intéressant qui nous ouvrait les portes d'une autre culture... Dommage pour lui, dommage pour nous, et surtout grand dommage pour son couple! Un beau gâchis...