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Réfugiés à Bastille ?

Publié le 18 novembre 2009 par Bix

Inspiré de mes lectures régulières de Transit City, un billet de prospection sur un des avenirs urbains possibles. Je vous préviens, c'est pas joyeux joyeux.

En passant à pied près de Bastille, près du port de plaisance, plus précisément Boulevard de la Bastille, je suis tombé sur ces tentes. Bien sûr il ne s'agit pas de tentes d'un camp de réfugiés, probablement un marché de noël ou un truc comme ça. L'idée m'est venue alors que je m'étonnais de l'absence de SDF dans ces tentes, probablement "gardiennées" toute la nuit en fait. L'idée du camp de réfugié s'est imposée ensuite, District 9 étant encore frais dans mon esprit ainsi que les scènes quotidiennes de la Gare de l'Est.

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Depuis que je bosse près de la Gare de l'Est, je croise tous les jours des réfugiés afghans. Ils dormaient au square Villemin avant d'en être virés. Le square était surnommé le petit Kaboul. Dans la capitale afghane, on connait ce minuscule coin de Paris, coincé entre le canal St-Martin et le parvis de la gare. Lisez donc, pour en savoir plus, la belle intervention faite par le collectif des Exilés du 10e à l'occasion de l'inauguration des ruches du square. Quand on se promène dans le quartier, on croise tout le temps des Afghans, jeunes et moins jeunes, au téléphone d'une cabine, près du bus Médecins du Monde, attendant la fin de la journée sur un banc, sur la pelouse...

Poussés par la guerre, les réfugiés afghans ne sont pas dissuadés par l'arsenal policier et juridique. Pas moins que les Algériens (qu'on appelle "harraga" car ils brûlent leurs papiers), les Sénégalais (qui vont désormais voir du côté dé l'Argentine !), Maliens, Marocains, Sri Lankais... Ces gens traversent le désert à pieds, les océans dans des barques de pèche, des steppes dans des containers, s'accrochent à des essieux de camions. Comment cela pourrait-il être pire ? plus dangereux ? Il y a déjà des milliers de morts à nos frontières.

Sans vouloir être pessimiste, simplement réaliste, le nombre de réfugiés et de migrants en général risque fort d'augmenter dans les décennies à venir. L'Europe (pour ne parler que d'elle) n'arrive pas à gérer l'afflux actuel : refus d'accueil, érection de fortifications, expulsions... Rien n'est de trop pour se débarrasser de ces importuns venus profiter des richesses occidentales. Qu'en sera-t-il quand ces réfugiés seront des millions, des dizaines, des centaines de millions en raison des bouleversements climatiques en perspective (terres arables noyées, îles englouties, sécheresse interminable, inondations dévastatrices...) ?

Je ruminais ces pensées en prenant ces tentes en photo. Je me demandais dans quelle mesure cela pouvait donner une idée de la manière dont il allait falloir gérer les afflux de migrants en France. Entre situation d'urgence et construction d'un avenir commun. Nous n'aurons pas le choix, sauf à verser dans l'horreur d'une discrimination criminelle et assassine, d'un apartheid à côté duquel les propos de Besson passeront pour un argumentaire d'objecteur de conscience hippie. Ne nous leurrons pas : même si le pire n'est jamais sûr, il y a de fortes chances pour que cela arrive et que ces photos soient loin de l'horreur de la réalité.

Toutes les photos de ce quai.


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