Voici quelques textes propres à étoffer ce qui a été dit dans l'article précédent, pour manifester que l'exigence de la soutane est bien une exigence ecclésiale.
Jean-Paul II le 31 janvier 1994 :
« ...On ressent aujourd'hui particulièrement la nécessité que le prêtre, homme de Dieu, dispensateur de ses mystères, soit reconnaissable par la communauté, également par l'habit qu'il porte. Le prêtre doit être reconnu avant tout par son comportement mais aussi par sa façon de se vêtir pour rendre immédiatement perceptible à tout fidèle et même à tout homme son identité et son appartenance à Dieu et à l'Église. » ( Jean-Paul II, Directoire pour le ministère et la vie des prêtres,1994, p. 69).
Le mardi de Pâques 1997, il redisait encore à des prêtres réunis dans la crypte de Saint Pierre :« Il n'est pas fiable celui qui se cache dans l'anonymat d'un vêtement civil ». Ce n'était qu'un rappel des règles du Concile de Trente :
« La témérité de certains prêtres - et leur mépris de la religion - s'affichent à ce point que, faisant peu de cas de leur dignité et de l'honneur clérical, ils portent des vêtements laïcs, ayant ainsi un pied dans les choses divines et l'autre dans les réalités charnelles » (Concile de Trente, session XIV, chapitre 8).
Le 23 mars 1967 l'Épiscopat français avait demandé :
« aux prêtres, pèlerins de Lourdes, de porter la soutane dans le domaine de la grotte: pour qu'on puisse aisément
les identifier ; pour écarter les tenues qui n'ont souvent rien d'ecclésiastique; pour créer, dans le sanctuaire, un climat de dignité religieuse profitable aux pèlerins
».
CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ
DIRECTOIRE POUR LE MINISTÈRE ET LA VIE DES PRÊTRES
31 janvier 1994
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66. /Obligation de l'habit ecclésiastique
Dans une société sécularisée et qui tend au matérialisme, où les signes extérieurs des réalités sacrées et surnaturelles disparaissent souvent, on ressent aujourd'hui particulièrement la nécessité que le prêtre --- homme de Dieu, dispensateur de ses mystères --- soit reconnaissable par la communauté, également grâce à l'habit qu'il porte, signe sans équivoque de son dévouement et de son identité de détenteur d'un ministère public.(211) Le prêtre doit être reconnu avant tout par son comportement mais aussi par sa façon de se vêtir, pour rendre immédiatement perceptible à tout fidèle et même à tout homme (212) son identité et son appartenence à Dieu et à l'Église.
Pour cette raison, le prêtre doit porter «un habit ecclésiastique digne, selon les normes indiquées par la conférence épiscopale et selon les coutumes locales légitimes». (213) Cela signifie que, lorsque l'habit n'est pas la soutane, il doit être différent de la manière de se vêtir des laïcs, et conforme à la dignité et la sacralité du ministère...
A cause de leur incohérence avec l'esprit de cette discipline, les pratiques contraires ne peuvent être considérées comme des coutumes légitimes et doivent être supprimées par l'autorité compétente.(214)
Sauf des situations totalement exceptionnelles, ne pas utiliser l'habit ecclésiastique peut manifester chez le clerc un faible sens de son identité de pasteur entièrement disponible au service de l'Église.(215)
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NOTES
(211) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre au Card. Vicaire de Rome (8 septembre 1982): «L'Osservatore Romano», 18-19 Octobre 1982.
(212) Cf. PAUL VI, Allocutions au clergé (17 février 1969; 17 février 1972; 10 février 1978): AAS, 61 (1969), 190, 64 (1972), 223; 70 (1978), 191; JEAN-PAUL II, Lettre aux prêtres à l'occasion du Jeudi-Saint 1979, Novo incipiente (7 avril 1979), 7: AAS 71 403-405; Allocutions au clergé (9 novembre 1978; 19 avril 1979) Insegnamenti, I (1978), 116; II (1979), 929.
(213) C.I.C., can. 284.
(214) Cf. PAUL VI, Motu Propio /Ecclesiae Sanctae, I, 25, 2d: AAS/58 (1966), 770; S. CONGR. POUR LES ÉVEQUES, lettre circulaire à tous les représentants pontificaux Per venire incontro (27 janvier 1976); S. CONGRÉGATION POUR L'ÉDUCATION CATHOLIQUE lettre circulaire The document (6 janvier 1980): «L'Osservatore Romano» suppl., 12 avril 1980.
(215) Cf. PAUL VI, Catéchèse dans l'audience générale du 17 septembre 1969; Allocution au clergé (1er mars 1973): Insegnamenti, VII (1969), 1065; XI (1973), 176.
À la veille de son départ pour son premier Voyage apostolique en Afrique, le Pape Benoît XVI a reçu en audience, le 16 mars, les membres de la Congrégation pour le Clergé:
"la mission du prêtre a ses racines, de manière spéciale, dans une bonne formation, réalisée en communion avec la Tradition ininterrompue de l'Église, sans coupures ni tentations de discontinuité. Dans ce sens, il est important de favoriser chez les prêtres, et surtout chez les jeunes générations, une réception correcte des textes du Concile oecuménique Vatican II, interprétés à la lumière de tout le bagage doctrinal de l'Église. Elle est urgente la récupération de cette conscience qui pousse les prêtres à être présents, indentifiables et reconnaissables, et par leur jugement de foi, et par les vertus personnelles, mais aussi par l'habit, dans les milieux de la culture et de la charité, qui sont depuis toujours au coeur de la Mission de l'Église".
Mgr J. Masson