La récolte des olives vient de commencer et cela me ramène à mon enfance. Mon père était le responsable du moulin coopératif.
Dès la sortie de l'école, je le rejoignais vite au moulin et me laissait envelopper par la chaleur des lieux. En effet, un moulin doit être bien chauffé pour permettre une bonne extraction de l'huile. La chaudière ancestrale me faisait un peu peur. Elle était d'une taille impressionnante et ressemblait à une cafetière italienne car à son sommet se trouvait un réservoir d'eau chaude.
J'adorais être là, entendre la meule tourner, regarder les presses qui montaient et esquichaient les scourtins, suivre des yeux le chemin du liquide qui en sortait et se dirigeait vers les bassins de décantation.
Ces moments-là étaient riches en sensations: la chaleur, le crépitement du feu dans la chaudière, le bruit des hommes et des machines, la douceur du grignon, l'odeur et le goût de la roustide que l'on me servait...
Maintenant le moulin a fermé, tout est froid, poussiéreux...
Autre temps, les olives sont pressées ailleurs dans un moulin moderne, plein d'inox... Autre temps...
Je regrette de ne pas avoir saisi que ce temps-là s'arrêterait un jour et de ne pas en avoir gardé un témoignage photographique...