Samedi 28 Juin 2008
Rue de Rivoli, dix-sept heures trente ; c’est le cirque. Je suis comme un acrobate qui cherche son équilibre au milieu de la foule bigarrée. Mais l‘exercice est périlleux, j’essaye un mocassin noir, debout sur une jambe et j’ai l’air d’un clown. Cependant, le numéro en vaut la chandelle; moins cinquante pour cent sur une paire de godasses accouchée en Chine par une pékinoise qui peine à nourrir son fils unique, c’est trop jouissif.
C’est déjà l’été, ma carte bleue chauffe sous les néons de la société de consommation et du baril à cent quarante dollars. A ce prix la, je peux bien craquer pour une superbe casquette bleue pétrole, en plein choc.
Dans les rayons de Zara, le plusharcelantpourtant, c’est le choix. Compressé entre l’achat chipoteur et la dépense chimérique, je caresse à l’excès les cotons, les jeans, les polyesters, fibres synthétiques d’amidon et d’hydrocarbures aussi. Je redécouvre le plaisir du toucher, comme pour apprécier la forme et l’état extérieur des corps.
Soudain, je me sens emprisonné par cette valse des étiquettes, presque à la solde d’un pouvoir d’achat dont les médias nous rendent esclaves et je fuis.
Mais je ne dois rien à personne et à l’avenir, je vais m’ingénier à gravir les barreaux de l’échelle sociale comme pour sortir un peu d’une existence au rabais.