Beaucoup de gens croient, en lisant ce blog, que je suis une éternelle bout-en-train-grande-gueule-rigolote qui joue à la Mère
Théresa en converses, tout en dansant sur du Mika...
Détrompez-vous, détrompez-vous. Il n'y a rien de plus faux qu'un blog, nous les bloggeurs sommes aussi nuls que vous, les lecteurs ! Remplis de failles, de verrues, de défauts de fabrication irréversibles. De traumas aussi. Sauf qu'on oublie souvent de vous les montrer !
Il y a quelques semaines, j'ai beaucoup réagi à deux billets de Zébuline. Un billet parlait de sa maman décédée, l'autre parlait de ses oncles. Des billets courts, intenses et justes. J'ai beaucoup réagi, mais dans le silence, comme tu as pu le constater Zébuline, car j'étais incapable de pondre un commentaire à la hauteur de ces souffrances. Ou même prendre mon téléphone pour t'en parler. J'en suis d'ailleurs toujours incapable, comme quoi le virtuel (et nos échanges rapides en réel !) ont leurs limites. Mais le silence chez moi signifie souvent bien des choses...
Alors à la Zébuline, j'ai envie de commencer ce billet en disant :
"C'était il y a 30 ans, et enfin aujourd'hui je pleure."
Ce matin, j'avais la forme, mais j'ai eu une contrariété, comme ça peut arriver à tout le monde. Cela ne m'a pas empêché de prendre mon train direction le Indian district pour choisir avec mes parents le carram (jeu de indien qui peut s'apparenter à un billard avec jetons) qui sera bientôt sous notre sapin, comm d'habitude j'avais mes écouteurs sur mes oreilles et ma casquette bien basse pour cacher mes yeux. Du sujet de contrariété, mon esprit s'est mis à gambader vers les souvenirs les plus noirs de mon enfance de fille unique.
(...... détails supprimés, version light.....)
Depuis que je suis adulte et mère, j'ai essayé de comprendre. Et j'ai découvert quelles peuvent être les conséquences de la dépression, ce que peuvent être les difficultés de l'inactivité de parent au foyer, j'ai analysé avec mon regard d'adulte le passé et l'enfance difficile de mes parents. Je ne leur en veux pas, mais je ne peux pardonner. Malgré celà, on se supporte sans trop de heurts, à petites doses pour moi, car très vite je sature. Comme eux, comme tout les parents, j'ai mes grosses failles, je sais à quel point être un bon parent est un mission hardue. Mes failles à moi, sont heureusement différentes des leurs et sans doute moins traumatisantes, mais sûrement que mes enfants ne me les pardonneront pas quand ils seront grands ?!!
Mais tout à l'heure je me suis laissé pleurer dans mon train direction gare saint la' en repensant à cette violence et aussi à ces deux noëls désastreux qui me hantent depuis toujours. Et quelques heures plus tard, lorsque j'avançais vers eux dans le quartier indien, j'avais des bouffées de chaleur de colère et des larmes plein les yeux. Mes larmes de petites filles qui pleurait l'inscouciance qu'on lui avait volé.
Comme d'habitude, je n'ai rien dit, rien montré. Je n'ai jamais évoqué tout celà avec eux depuis que je suis mère ou adulte, j'ai presque l'impression qu'ils ont oublié, après tout ils sont vieux, à quoi cela me servirait de leur en parler ? Ils sont de bons grand-parents avec mes enfants, ils m'aident das ma vie d'adulte et ils m'aiment, alors pourquoi rompre un équilibre ? Mais ma colère remonte de temps en temps, et lorsque j'ai besoin de pleurer ces moments douloureux, je laisse couler les larmes qui ne coulaient pas lorsque j'étais petite. Mais très vite, j'oublie, je passe à autre chose, je n'aime pas me faire plaindre, ce n'était pas le but de mon billet, j'aime avancer, et j'avais juste besoin de lâcher le morceau (surtout dans la version hard).
Alors si vous réagissez à ce billet ici, svp ne parlez pas de moi, et répondez tout simplement à cette question, en tant que mère, père, enfant, ou grand-parent, : pardonne-t-on un jour à nos parents ?
Merci de ne pas reprendre ce billet sans mon autorisation.
Découvrez la playlist Blog avec Christophe Willem
Cette chanson m'a aidé à libérer mon esprit tout à l'heure dans le train. Dans ces instant là, je m'y retrouve bien par rapport à ce que je disais tout au début du billet (et le reste du temps, elle me saoule !!).
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 11 mai à 19:00
Moi aussi parfois je pense qu'on m'a volé mon insouciance, mon père a refait sa vie avec une autre femme et ils ont eu un enfant, le sentiment de ne plus faire partie de sa vie, de louper des choses, qu'ils regardera l'évolution de ma demi soeur et plus la mienne, presque je dirais un sentiment d'abandon... Quand je me place de son côté j'arrive à le comprendre mais ce qui me fait mal c'est que lui n'a pas pris le soin de pense à moi avant de faire ce grand pas. Je suis brisée, détruite, je n'ai que 16 ans mais mon dieu j'ai le sentiment d'avoir pris 20 ans quand on est mis face à la (sorte) de "trahison" de son propre père... Je n'accepte pas ma demi soeur, je n'accepte plus ma belle mère, je fais tout pour ne pas le montrer mais rester trop longtemps avec elles deux me détruit complètement et je préfère partir plutôt que de souffrir, du coup je vis chez ma mère mais quand j'en parle elle ne semble pas comprendre, je me sens seule, incomprise, détruite, on me reproche un manque de maturité alors que je fais tout pour que ça aille pour le mieux mais personne ne semble comprendre que je suis toujours sous une forme de traumatisme depuis 9mois (naissance de ma demi soeur) ! J'aime mon père plus que tout mais il semblerait que je n'arriverais jamais à le pardonner. Merci de cet article il m'a servi d'exutoir, je ne peux m'empêcher d'ajouter un mot sur ton histoire : tu es courageuse. Bonne continuation