-« Сукин сын* ! Je vais te faire bouffer tes… »
Il n’avait pas pu finir sa phrase. Au claquement de doigts de son maître, la grosse main d’un des gardes du corps avait saisi le cou du rouquin qui, après être passé par le rouge puis le violet peinait à respirer. Il tomba dans les pommes quelques minutes.
« - Il se réveille !! »
Le rouquin reprenait lentement ses esprits. Il passa délicatement la main autour de son cou endolori. Sa vision devenait de moins en moins trouble, il tenta de réitérer ses menaces en regardant vers le miroir. Il n’en eut pas le temps. Vladimir lâcha :
-« Attachez-le et bâillonnez le. Je ne veux plus entendre ce maudît insecte et encore moins qu’il puisse me nuire à nouveau. Puis, s’adressant directement à lui : Ton collègue n’a pas dû te transmettre le message il y a quelques mois. Tu vas connaître le même sort que tes complices. »
Il se retourna violemment pour s’adresser cette fois à ces deux gorilles, les yeux injectés de sang :
-« Dès que nous en aurons fini ici, vous irez lui broyer les jambes avec sa voiture, comme il a pu faire à Oleg ; Ensuite, vous irez le couler jusqu’aux genoux dans le béton avant de la jeter dans la Seine. Toi, s’adressant au premier garde du corps, tu fouilleras et tu prendras sa voiture. Tu te chargeras de son maquillage avant de la recycler. Quant à toi, s’adressant à l’autre garde du corps, tu t’occuperas de notre ami en le ramenant à la cave après que vous vous soyez occupés de ses jambes. N’oubliez pas les sacs poubelles pour envelopper le tout, je ne veux pas de trace. Je compte sur votre discrétion, vous n’êtes plus des amateurs… Ce soir, quand nous ferons le point à la maison, nous décortiquerons le répertoire de son téléphone portable et l’historique de ses messages et appels. On va faire parler ce Qtek pour remonter jusqu ‘à Keller! C’est moi qui vous le dit…»
Les deux molosses se contentèrent d’un hochement de tête en guise de réponse. Ils esquissaient un sourire sadique en molestant et en attachant leur future victime qui tentait vainement de se débattre.
L’attention de Vladimir se portait maintenant sur l’entrée de l’Eglise. Il alluma un nouveau cigare. L’emplacement du taxi aux vitres fumées était parfait pour voir sans être vu.
A l’intérieur de l’Eglise, Paul faisait les cents pas et ne cessait de consulter sa montre. Sue, qui était assise près de l’Office, semblait récupérer un peu d’énergie en serrant entre ses deux dans sa main une des bibles de la paroisse.
Il était maintenant 18h10 à la montre de Paul. L’impatience se lisait sur son visage. Il s’immobilisa devant les portoirs de cierges et tâta machinalement ses poches avant de se tourner vers son « amie » :
-« T’aurais pas 2€, je n’ai plus un Suellen… ».
La nervosité avait fait réapparaître chez Paul un sens de l’humour qui lui était bien propre : des blagues à deux balles qui ne font rire personne à par lui. C’était le cas de Sue. Elle n’esquissa pas l’ombre d’un sourire. Elle lui tendait simplement la pièce. Paul n’insista pas et son visage se referma aussi sec. Il mis la pièce dans l’urne et s’empara d’un gros cierge. Sans doute un signe du destin, il dû s’y reprendre à trois fois avant de parvenir à l’allumer. Il l’installa sur le portoir puis, tout en fermant les yeux, se replongea dans sa réflexion : ses enquêtes, ses trahisons… Tout le travaillait de plus en plus. Il sentait naître en lui un besoin urgent de se soulager, de tout raconter à celle qui le considérait comme son ami, son confident. Après tout, il avait bien réussi à parler à sa fille, Sally. Parler à la mère ne devrait pas être plus difficile, d’autant plus qu’il était convaincu au plus profond de lui-même, de ne pas avoir peur d’une quelconque réaction de Sue. Quand il rouvrit les yeux, sa décision était prise. Il vit soudain la flamme de son cierge vaciller puis s’éteindre. Un courant d’air avait traversé l’Eglise de part en part. Paul sentit un frisson parcourir son dos. Quelqu’un venait d’entrer…
* : Fils de pute