Dans le deuxième dossier, il retrouva le texte qu'il avait tenu en main le matin même. Cette fois-ci il était dactylographié. Quelqu'un avait donc recopié l'exemplaire manuscrit qui se trouvait dans le sac. Steve n'était certes pas un geek, mais il savait cependant qu'un ordinateur connecté à Internet pouvait lui apprendre beaucoup sur la langue dont le manuscrit était fait. Il ne savait pas exactement comment traduire un texte de plusieurs pages, mais il pouvait toujours tenter un google translate sur une phrase prise au hasard. Il saurait au moins si c'était une langue répertoriée, ou un code. "Tiens, prenons la première phrase, par exemple…"
Lumière. Contrairement à ce qu'il s'était bêtement imaginé quelques heures plus tôt, ce n'était pas un code secret... C'était du Russe. Et d'après la piètre traduction du moteur de recherche, ça signifiait "Copie du rapport intérieur à la raison de la surveillance du sujet homme SK"… Malgré son mal de tête tenace, Steve comprit instantanément que ce texte était tout bonnement un relevé de ses faits et gestes ces derniers temps. Et à en croire les photos, ces derniers temps remontaient à plusieurs années… "Qu'est ce c'est que ce cirque ?… A l'occase, faudra bien que je traduise tout ça comme il faut !" se surprit-il à marmonner tout haut. De fait, il se sentait étonnement serein au regard de l'absurdité de la situation. "Voyons la suite".
Le troisième dossier était moins volumineux : il contenait seulement la copie d'un plan mappy, avec une note : "SK - RDV dimanche 26 mai 21 H. N'oubliez pas le sac". Une flèche partait du texte et aboutissait à un point précis du plan. Machinalement, Steve tata les poches de son jeans à la recherche de son portable : il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était.
"Mon portable ! Les fêlés de la camionnette l'ont gardé !". Il songea alors que le message qu'il n'avait pas écouté avait peut-être un rapport avec tout ça. Il songea qu'à l'occasion il devrait trouver un moyen de l'écouter. Puis il songea que tout ça était absurde et qu'il allait certainement se réveiller, ou apercevoir Marcel Bélivot dans un coin du Cybercafé. Son esprit commençait de nouveau à s'embrouiller. Il songea alors à prévenir la police. Mais depuis que le "policier-charcutier" lui était tombé sur le râble, il ne savait pas précisément dans quel camp la police était. Il songea d'ailleurs qu'il ne savait pas vraiment dans quel camp il était lui-même.
L'ordinateur indiquait 10H40. Ça lui laissait du temps. Mais d'abord, il lui fallait récupérer le sac. Il imprima rapidement le plan, et fourra la clé USB dans la poche arrière de son jeans. Dans un éphémère instant de lucidité, il songea, enfin, que certains réflexes commençaient à lui revenir.