Il hésitait toujours avant d'entrer chez lui, le 6 ou le 8 ? Jusqu’au jour où il poussa la porte du 8 ; lui vivait au 6. Il remarqua que le hall du 8 était identique au 6, la seule différence c’était la couleur des murs, crème dans un cas, blanc dans l’autre. Il monta l’escalier, le même qu’au 6. Une fois sur le pallier du premier étage, il eut le choix entre trois portes, une rose, une bleue, une jaune, comme au 6, sauf que les couleurs étaient inversées. Il frappa à la porte jaune – sa porte d’appartement aussi était jaune - mais personne ne lui répondit. Il l’ouvrit et entra. L’appartement était décoré de façon très différente du sien et les murs étaient tendus de tissu sombre. C’est en pénétrant dans le salon qu’il la vit et son regard se glaça. Que faisait-elle là dans cette robe décolletée qu’il ne lui connaissait pas au lieu d’être dans leur appartement à attendre leur fils qui allait rentrer de l’école ? Assise dans le fauteuil blanc, la tête légèrement inclinée, elle semblait sommeiller.
- Myriam ! Hurla-t-il.
Elle ne réagit pas, comme si elle se moquait de lui et de sa colère.
Il répéta « Myriam ! » Mais toujours rien. Il s’avança vers elle comme à regret, le corps tendu, presque désespéré. Arrivé à sa hauteur, il la gifla et le corps de Myriam bascula immédiatement sur le côté, comme un pantin désarticulé.
Il vit alors que le dossier du fauteuil blanc était taché de sang.
PS : texte écrit à partir de cette photo de C. V. prise à Bruges.