C’est la première fois que je viens chez eux. La petite fille s’appelle “ma chérie“. Il parait que je vais jouer avec elle, maintenant. Mais à quoi ? “Ma chérie” ne sait jouer à rien. C’est une petite fille craintive et fragile. C’est pour ça que la dame lui fait beaucoup de câlins. Et la prend dans ses bras quand le monsieur s’énerve. Le monsieur s’énerve souvent. Il crie. Beaucoup. La dame aussi. Ca fait mal aux oreilles.
Ma chérie et moi, on dort dans la même chambre. Le soir, quand je pleure elle comprend pas pourquoi ? Et elle veut me prêter son doudou. Pour que je sèche mes larmes. Mais moi j’en veux pas. Moi je veux juste rentrer chez moi. Rien n’a la même odeur ici. La dame fait semblant d’être gentille. Mais je sais qu’elle est méchante. En vrai. Même si personne veut me croire. Elle comprend pas pourquoi je l’aime pas. Tout le monde l’aime à ce qui parait. Elle comprend pas qu’elle ne m’aime pas non plus. Elle comprend rien à rien. Le monsieur non plus. Il veut jamais que je pleure. J’ai pas le droit. Quand je pleure, ma chérie pleure aussi. Ca fait du bruit. Et il nous gronde. J’ai peur. Je veux pas rester ici. Avec eux. Ces gens. Sauf que j’ai pas le choix. Parce qu’ici, c’est chez moi, maintenant. Que ces gens, ce sont mes parents. Et qu’ils me reprennent avec eux. A partir de dorénavant. A temps complet. Ma grand-mère est partie pour toujours. Soit disant !… N’importe quoi. Comme si ça se pouvait que je la revois jamais. Comme si j’allais les croire !… Elle allait venir me chercher. C’était sûr. Et m’amener dans ce pays lointain merveilleux, entre chez Dieu et le père noël, reposer en paix avec elle. Loin d’eux.
C’était la première fois que la mort frappait à ma porte. J’ai pas tout de suite compris que mourir, c’était pour la vie. Et que sans ma grand-mère, je pourrais jamais finir la mienne. Sans sa présence. Sans sa voix rassurante. Son regard doux et protecteur. Son odeur. Son sourire ravageur qui m’avait laissée croire qu’elle était immortelle. Sans cette grand-mère que je croyais éternelle. Qui était pire qu’une mère pour moi. Et m’avait tant chérie les quatre premières années de ma vie. Du temps où c’était moi la princesse. Moi, ma chérie. Mais pour qui elle se prenait la mort ? C’était où ? Fallait faire comment pour y aller dans ce putain de Ciel, sans respirer ?!!! Et les ailes ?! Tu les as où les ailes ? Ca s’achète ? Ou c’est les bras qui se transforment ? Autant de questions qui me taraudaient du haut de mon tout petit âge. Et me laissaient pantoise. C’était la première fois qu’on m’amputait du cœur. Quand j’ai quitté Ploemeur. Je savais pas encore que la folie, ça pouvait me sauver la vie. Mais quand j’ai rejoint mes parents biologiques en banlieue parisienne, j’étais déjà bien fêlée, pour quatre ans.
C’est pas quand le monsieur est parti, que ça m’a fait comme si je comprenais plus rien à la vie pour la deuxième fois. C’est quand je l’ai revu. Plus tard. Beaucoup plus tard. Dans son nouveau chez lui. Et que je me suis demandée ce qu’il foutait ici ? Avec cette inconnue que j’aurais mieux vue avec le nouvel amoureux de ma mère. Moi. Personnellement. Mais le mariage et mai 68 avait eu raison du jeune couple que formait mes parents. Et que tout opposait. Bien que de droite, mon père s’était laissé porter par la vague peace and love que l’époque prônait. Mais surtout pour le côté love. Et surtout avec d’autres femmes. Ce que n’avait pas toléré ma mère, bien que de gauche. Ils avaient donc divorcé à l’amiable en 1970. Au tout début de la mode des divorces. Il était de bon ton de se séparer en bons termes. La rupture s’était donc faite en douceur. La dame et moi, on avait décidé de garder ma chérie. Et de vivre toute les trois. Tout simplement. Sans lui. Ma mère. Ma sœur. Et moi. Et même si je m’étais toujours demandé où il était passé. Mon père. Comment ça se faisait qu’on le voyait plus, ça m’avait pas traumatisée outre mesure. Jusqu’à ce jour là. Ce jour où j’ai compris qu’il reviendrait jamais. Parce que j’allais avoir un petit frère. Avec sa nouvelle femme. Et qu’on allait former une nouvelle famille. Tous ensembles. N’importe quoi ! Comme si j’allais passer ma vie… à changer de vie. Changer de gens. Passer ma vie à avoir peur qu’ils meurent. Ou qu’ils me laissent. Comme ça. Dans le vide. Un vide qui se remplissait jamais. Dans lequel je flottais. Et qu’ils creusaient. Chaque jour. De tous leurs mensonges. De toute leur lâcheté. De toute leur ignorance. De toute leur ineptie. Ce jour où j’ai compris qu’il valait mieux partir. Avant qu’ils t’abandonnent. Partir là où personne peut te suivre. Là où personne ne peut te tuer. A part des psys. Parce que c’est leur métier. Les psys. Tuer des gens. Ils n’allaient d’ailleurs pas me louper. Quelques années plus tard. Car “jamais deux sans trois”. Comme dit le proverbe. La troisième fois que ça m’a fait comme si je quittais la terre, c’est quand ma mère m’a dit que normalement, j’aurais jamais du exister. Jamais du gagner cette course folle à l’ovule. A la vie. Au miracle de l’existence. Cette compétition sans merci où j’avais tout donné. Envers et contre tous mes adversaires. Une chance sur des millions et j’étais arrivée première. Moi. Caro. Avec mon cerveau de travers. Je les avais tous niqué les clones potentiels de moi-même. Et c’est tout ce qu’elle trouvait à me dire ! Ben putain c’était bien la peine de courir comme une dératée ! Mais soit : j’étais un accident. Et alors ? Y’avait pas mort d’homme. On était nombreux dans ce cas. En des temps où l’abstinence était encore le meilleur moyen de ne pas en provoquer. D’accidents. En des temps où Simone Veil ne veillait pas encore. L’essentiel c’était que je sois là. Mais c’était pas si simple que ça.
Le fait est que ma mère était une toute jeune femme pleine de projets et de rêves quand elle subodora qu’elle était aussi pleine de moi. Et qu’elle allait devoir avorter bon nombre des ambitions qu’elle couvait. Pour me donner le jour. Violoniste émérite, férue de musique classique, elle avait eu plusieurs prix de conservatoire qui la promettait à un bel avenir. Et voulait faire Yéhudi Menuhin comme métier. Plus tard. Devenir une très grande concertiste. Si en cette fin d’été 63, elle s’était pas faite engrossée inopinément par mon père. Un petit caprice à la suite duquel elle avait fini par troquer son archet de violon contre une paire d’aiguilles à tricoter, qu’elle aurait du se mettre bien profond. Mais elle avait préféré me faire des pulls pour l’hiver. Et pour la vie entière. Apparemment. Sur le coup, j’ai cru que j’étais responsable de tous les maux de la terre. Les guerres, la famine, les maladies, le nazisme. Cru que c’était de ma faute. Tout ça. Mon côté mégalo sûrement. Déjà !… « C’est pas pour ça que je t’aime pas. », avait-elle ajouté. Que voulait-elle dire ; « pas que pour ça ? ». Et dans ce cas, pourquoi ? Pour quelle autre raison, encore ? Ou « pas pour autant ? ». Sous entendu qu’elle m’aimait malgré tout ? C’est comme quand elle disait qu’elle me regretterait. Si j’étais jamais née. Ou si je mourrais. Devais-je le lui prouver ? Ca changeait pas grand-chose au fond. Dans un cas fallait que je meure pour que ça fasse comme si j’avais jamais existé. Et qu’elle puisse accomplir so vie. Dans l’autre, fallait que je meure pour que ça fasse comme une vengeance pour moi. Comme un plat qui se mange froid. Un tout petit cadavre. Sur un plateau en or. Avec un peu d’ail. Du persil. Une coupe de champagne. Et le requiem de Mozart. Elle est pas belle, la vie ? Mourir ! Oui… Mais pour aller au Paradis, fallait pas se suicider. Et fallait être une petite fille sage. Et gentille. Aussi. Alors que moi j’étais méchante. Tout le monde le disait. Avec ma sœur. A l’école. Tout le temps. Et l’enfer, y’avait surement pas ma grand-mère. Comment j’aurais fait toute seule avec Satan. Du haut de mes sept ans ?
Pendant que ces pensées morbides traversaient mon cerveau détraqué de fillette, le fossé se creusait entre moi et la vie. Cette vie que j’avais volée à ma mère. Et qui venait de me la reprendre. Une barrière s’installait entre moi et le monde. Ce monde qui me paraissait impalpable. Ce monde où j’avais rien à faire.
C’est dans la foulée que ma mère nous présenta à ma sœur et à moi celui qui allait devenir son nouveau mari. Car on allait avoir non pas un mais deux petits frères. En fait. A deux ans d’intervalle. Un du côté de mon père. Qui avait épousé Michelle, sa secrétaire. Une femme très ordinaire qui venait d’Armentières. Sans prétention. Sans ambition. Et dont j’ignorais les convictions politiques. Un du côté de ma mère. Qui allait convoler avec Philippe, un jeune gauchiste convaincu de sept ans son cadet qu’elle avait rencontré dans une MJC, éducateur de son état, un métier typiquement de gauche à l’époque. Qui consistait à vivre des pots cassé que le système fabriquait. C’était pas le premier à nous demander la main de notre mère. Mais c’était le premier à pas faire trop « grand père ». Physiquement, c’était quelque chose d’improbable entre Astérix, Rahan et un petit je ne sais quoi de Jean Sarkozy. Il avait une très grosse moustache. Conduisait une toute petite Fiat 128 immatriculée dans le 74. Il adorait le foot. Les Beatles. Et les œufs à la neige. Détestait la salade. Pouvait confondre Mozart et Clayderman. Mais il était gentil. Et avec ma sœur, on a tout de suite dit oui. C’est grâce à lui que j’ai décidé d’arrêté de compter les fois où je décrochais de l’espace et du temps. D’enlever définitivement la passerelle qui me reliait encore à la réalité. Lui qui le premier nota chez moi des signes précurseurs de dysfonctionnements. Des défaillances un peu mentales. C’était aussi le premier à parler avec des mots qui commençaient par “psy”. Des mots hyper compliqués. Et qui faisaient super peur. Normal : éducateur, tu fais un peu de “psychologie” aussi. Pour mieux comprendre les pots cassés. Mieux les guider. Autant dire que Freud et Lacan n’avaient aucun secret pour lui. Il disait que “psychotique“, je le faisais super bien. Moi, “psychotique”, je savais pas ce que ça voulait dire. Mais c’est vrai que j’étais bien à me balancer pendant des heures. Avant. Arrière. Avant ariière. Bercer mon corps de fillette endolori. Recroquevillé. Des heures entières à me laissée couler. aspirer par le vide. Par le rien. Littéralement. Intégralement. Jusqu’au fond. Jusqu’au bout. Des heures à ne plus avoir peur d’être obligée de le tuer. Pour qu’il ferme sa gueule de pseudo psy de comptoir. Déconnecter. Ne plus chercher à comprendre pourquoi j’étais tout le temps en dehors de mon corps. A marcher à côté de ma vie. Pourquoi ça me faisait moins mal de m’entailler la chaire que d’entendre les mots qu’il disait. Quand il signifiait à ma mère qu’en m’infligeant de telles blessures, je m’auto punissais. Et qu’elle le croyait. Et plus elle le croyait, plus je me défigurais. Pour leurs montrer mon mal. Vu de l’extérieur. Leurs montrer que j’avais pas peur. Et que ça, y’a que moi qui pouvais le faire. La folie. Y’avait plus que ça pour pas devenir cinglée. J’avais trop de prédispositions. Au fil du temps et des désillusions, j’ai perdu pied.
C’est quand mon père s’est foutue une balle que mon cerveau a explosé pour la toute dernière fois. Et qu’on m’a reconnue. Officiellement. Dans la haute sphère de la démence. Mon père le vrai. : mon géniteur. J’avais vingt ans. Mais je croyais que Dieu c’était les gens. Et qu’ils allaient me sauver la vie. C’est pour ça que je suis allée voir des psys. Au début. Je croyais que c’était des humains. A la base. Quand ils m’ont dit que j’étais folle à lier, j’aurais du être flattée de cette reconnaissance hautement professionnelle. Puisque j’avais gagné. Mais ça m’a achevée. Quand ils m’ont vraiment liée, ça m’a refroidie. Instantanément. Quand ils m’ont piquée, tout s’est arrêté. Net. Tout sauf cette putain de balle qui ricochait dans ma tête. Tout sauf la rage qu’ils m’injectaient. La haine qu’ils m’inoculaient. Tout. Même le monde. Même le vide. Et même la folie. Mais il était trop tard. Trop tard pour prouver que je ne l’étais pas. Mais que j’allais le devenir. Grâce à l’HP. Définitivement.
Ca aurait pu être pire, la vie, tu me diras. J’aurais pu finir dans un congélateur. Ou m’appeler Philippe. Comme prévu. Comme mon beau père. Puisque ma mère voulait un garçon, à la base. Mais je l’avais grillé, moi, mon duplicata mec. Dans la dernière ligne droite. En toute fin de course. Je lui avais fait un croche pied, à ce bouffon. C'’est pas bien. Je sais. Mais il se la jouait grave avec son cerveau tout bien rangé. Les cases pré-formatées pour mettre les dictons et les proverbes dedans. Son plan de vie tout bien organisé. Et son air arrogant, là. A me regarder de haut. Alors quand il m’avait doublée en me faisant un gros doigt, je l’avais neutralisé. Si si. Je m’en souviens de ma vie pré fœtale moi. Pourquoi pas toi ? C’est peut être grâce aux psys ça. En même temps, à force d’introspection mentale et d’analyses psychanalytiques, il manquerait plus que ça que tu te souviennes pas de choses un peu saugrenues quand même !… L’hypnose, moi non plus j’y croyais pas au début. Mais les psys, eux, ils voyaient plus que ça. Trouver le point de rupture. Le pourquoi du comment je tournais pas rond. C’était leur obsession. Après les camisoles chimiques qui m’avaient ruiné les neurones, les séjours en HP qui m’avaient achevée, j’avais participé à des séances de thérapie de groupe que j’avais du mal à situer entre le cours de théâtre et la secte, tant c’était surréaliste tous ces gens désinhibés qui vivaient sans pudeur leurs frustrations d’enfance les plus refoulées. Comblaient respectivement leurs manques les plus cruelles. Comme cette femme qui, séparée de son enfant à la naissance, donnait le sein sans pudeur à cet homme inconnu que sa mère n’avait pas allaité bébé. Comme ces phrases qu’il fallait répéter. Dix fois. Vingt fois. Trente fois. De plus en plus fort. A l’unisson. Jusqu’aux larmes. Jusqu’à la transe. On aurait dit qu’ils étaient possédés. Que c’était l’exorciste, là dedans. Y’a que sur moi que ça marchait pas toutes ces théories thérapeutiques. J’étais récalcitrante à toutes formes de lâcher prise. L’hypnose, j’étais plus à ça près. Cet état second où je m’abandonnerai (peut être) allait faire resurgir des souvenirs totalement enfouis des fin fonds de ma mémoire morte. Disaient les psys. Je m’étais donc prise au jeu. Détendue. Complètement détendue. De la pointe du crâne à celle des orteils. Je m’étais imaginée dans un endroit paisible. A n’entendre plus que leur voix. Rien que leur voix. A trois ils avaient dit : « levez le bras ». J’avais levé le bras. « reposez votre bras ». J’avais reposé mon bras. C’était para normal. Au bout de seulement quelques minutes, contre toute attente, je m’étais mise à parler. Balbutier :
« Je suis au milieu d’une foule. On est des millions à attendre. Serrés les uns contre les autres. Dans un endroit très exigu pour une foule si nombreuse… »
« Pouvez-vous nous décrire cet endroit Madame K. ? » avait susurré l’un des psys. Celui qui ressemblait à Bernard Henry Levi.
« Non. C’est très flou. Il fait sombre. Et très chaud. Humide aussi. Moite. Ca a l’air irréel. Un peu comme dans un rêve… »
« Qui sont ces gens qui vous entourent Madame K. ? Est-ce que vous les reconnaissez ? »
« Non. Je ne vois pas leur visage. On est tous dans le même accoutrement ridicule : capuches, sous pull, et collants blancs. Tous sur la ligne d’un départ imminent. A se regarder de travers. Se défier du regard. Tenter de déceler la faille. La petite faiblesse qui perdra l’autre. Je sais pas depuis quand on attend. Ni ce qu’on attend. Mais de toute évidence on est en concurrence pour une compétition sans merci où on a tous nos chances. Même celui qu’a pas de jambes, il est sur la touche. Prêt à sprinter. Prêt à bondir. Foncer. Sans savoir où. Tout donner. Sans savoir pourquoi. Gagner. Mais gagner quoi ? Les candidats ont l’air redoutable… »
« Poursuivez Madame K. poursuivez… Que se passe t-il ensuite ? »
« J’en sais rien. Tout va très vite soudain. On est tous bousculés. Comme propulsés. Expulsés à l’extérieur de ce lieu inconnu. Ca fait comme un mini tsunami. Certains tombent. D’autres se font piétiner. A croire que c’est une question de vie ou de mort. Cette course infernale. A vos marques prêt partez. Je démarre en trombe. Je sais pas où je vais. Mais j’y vais. C’est comme si je connaissais le chemin d’instinct. Ca y est. Je suis dans le tiercé gagnant. Dans la dernière ligne droite. J’accélère. Dans mon rétroviseur, mes adversaires sont loin derrière. Putain merde. C’est quoi ce mur ? Cette planète gigantesque qui s’approche de ma tête à la vitesse de la lumière ? Qu’est ce que je dois faire ? Le contourner ? L’escalader ? Pas moyen de m’arrêté. Ni de bifurquer. C’est pire qu’un aimant ce truc. Au secours. Je vais taper dedans tête la première. Me fracasser le crâne. Aaaaaahhhhhhhh !… »
C’est à ce moment là que je me suis réveillée. En sursaut. Essoufflée. Complètement éreintée. J’avais gagné. Gagné le droit de me faire hypnotiser dans 30 ans par une bande de charlots qui écoutaient bouche bée mes péripéties pré-embryonnaires. De toute évidence, l’hypnose avait marché au-delà de leurs espérances. Tellement en fait que ces messieurs doutaient du crédit qu’ils pouvaient accorder à mon récit. J’avais revécu sous leurs yeux, presqu’en en temps réel cet instant magique qui m’avait valu d’être là, j’avais succombée de tout mon être à cette méthode qu’ils me vantaient une heure plus tôt. Et c’est moi qui me jouais d’eux. C’était le comble. Et dans quel but ? Dans quel intérêt ? N’était ce pas ma santé qui était en jeu ? Une chose était sûre pourtant dans mon histoire : dans cette course effrénée à la vie, on avait tous nos chances. Il suffisait de les regarder. Avec leurs blouses blanches. Les trifouilleurs de cervelles humaines.