La débâcle liturgique et ses accessoires (7) : Les ornements ou vêtements liturgiques (a)

Publié le 23 novembre 2009 par Hermas

Ce sont: la soutane, l’amict, l’aube, le cordon, anciennement le manipule, quand existait l’Ordre Majeur du Sous-Diaconat, l’étole croisée sur le devant de la poitrine, la chasuble, sans oublier le voile recouvrant le calice (cf. déjà «hermas» 12 juillet 2009, où cette question a été abordée brièvement).

Pourquoi revêtir les ornements liturgiques?

Notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI, l’a expliqué de manière très claire, lors de la Messe Chrismale du Jeudi-Saint, le 5 avril 2007, car le prêtre qui célèbre, célèbre «in persona Christi»:

«In persona Christi - au moment de l'Ordination sacerdotale, l'Eglise a rendu visible et tangible pour nous cette réalité des "vêtements nouveaux", même extérieurement, car nous avons été revêtus des ornements liturgiques. Dans ce geste extérieur, celle-ci veut mettre pour nous en évidence l'événement intérieur et la tâche qui en découle pour nous: revêtir le Christ; se donner à Lui comme Il s'est donné à nous. Cet événement, "se revêtir du Christ", est représenté toujours à nouveau lors de chaque Messe à travers le fait que nous nous revêtons des ornements liturgiques. Les mettre doit représenter plus qu'un fait extérieur pour nous: c'est entrer toujours à nouveau dans le "oui" de notre charge - dans ce "non plus moi" du baptême que l'Ordination sacerdotale nous donne de manière nouvelle et, dans le même temps, nous demande. Le fait que nous soyons à l'autel, revêtus des ornements liturgiques, doit immédiatement rendre visible aux personnes présentes et à nous-mêmes que nous sommes là "en la personne d'un Autre". Les habits sacerdotaux, tels qu'ils se sont développés au cours du temps, sont une profonde expression symbolique de ce que le sacerdoce signifie. Chers confrères, je voudrais donc expliquer en ce Jeudi Saint l'essence du ministère sacerdotal en interprétant les ornements liturgiques qui, pour leur part, veulent précisément illustrer ce que signifie "se revêtir du Christ", parler et agir "in persona Christi".

  1. La soutane?

J’en ai déjà parlé ci-dessus. Mais, actuellement, rarissimes sont les prêtres qui se présentent à la sacristie, vêtus au moins du clergyman noir ou gris foncé: ils sont en civil, en polo! La plupart des prêtres, parmi les plus âgés n’ont plus ou n’ont pas de soutane. Chez les plus jeunes, la grande majorité n’a jamais eu de soutane. Même pour leur ordination sacerdotale. Et pas même lors des grandes concélébrations à Saint-Pierre de Rome!

Aucun Evêque, aucune Autorité responsable, n’intervient pour rappeler l’obligation du port de la soutane pour la célébration de la Messe. L’Evêque devrait le rappeler au futur prêtre, sous peine de ne pas l’ordonner; on ne devrait pas accepter, même à Saint-Pierre de Rome, que des prêtres se présentent pour concélébrer s’ils ne sont pas vêtus normalement, c’est-à-dire s’ils se présentent en clergyman, et plus encore s’ils sont en civil! Le silence des Responsables est un manquement à leur devoir, un silence coupable, qui encourage à continuer dans la même ligne. L’autorité est une charge, un devoir, et celui qui la détient doit savoir s’en servir «in tempore opportuno», avec délicatesse, bonté et FERMETE. On ne peut laisser ainsi passer la désobéissance, ou la cautionner par un silence qui devient complice!

En revanche, si vous vous présentez en soutane, de passage dans une église, ou même à Saint-Pierre de Rome (c’était vrai jusqu’à quelques années en arrière, au temps du Cardinal Noé, Archiprêtre de la Basilique), vous êtes déjà «catalogués». A Saint-Pierre de Rome (au temps du Cardinal Noé), les prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, en soutane bien sûr, se sont vus refuser la célébration de la Messe, parce que «la Messe de Saint Pie V était interdite». Et pourtant, ils avaient le «celebret» qui indiquait que c’était leur rite.

Je suis allé, un matin pour célébrer la Messe sur le tombeau de Saint Pierre. J’étais en soutane. Le collaborateur de l’Archiprêtre me déclare sèchement: «Il n’est pas question de célébrer la Messe de Saint Pie V: c’est interdit!». Je lui ai répondu simplement: «Qui vous a parlé de la Messe de Saint Pie V?».

On le voit, l’autorité s’exerce à sens unique, quand elle semble ne pas aller «dans le sens de l’histoire». Et, ce qui est grave, c’est que celui qui agit ainsi, à la seule vue de la soutane, se permet de juger qui est en face de lui. Porter la soutane, aux yeux de beaucoup de prêtres, est considéré comme une condamnation du fait qu’ils se sont mis en civil. Le prêtre en soutane devient alors un reproche vivant.

Il ne veut pas l’être. Mais, aux yeux des fidèles, il le devient. Car nombre de fidèles veulent voir «de vrais prêtres». Quand on présente un prêtre à la télévision, pour une annonce publicitaire, sur les pâtes ou autres produits, il est TOUJOURS REPRESENTE VÊTU D’UNE SOUTANE. C’est là un signe parlant, et qui ne trompe pas! Et surtout pas les pauvres fidèles.

  1. L’amict

Un amict est un rectangle de toile fine muni de deux cordons qu'un prêtre catholique doit passer autour du cou avant de revêtir son aube. Le mot amictus vient du latin amicire qui signifie «couvrir». L'amict joue dans la tradition catholique le rôle de bouclier contre le mal, protégeant le célébrant des pouvoirs du malin.

L'amict est marqué d'une croix que le prêtre baise avant de le poser sur sa tête, puis de le descendre sur ses épaules pour recouvrir le col de sa soutane. L'amict doit être pourvu de deux cordons assez longs pour être noués sur la poitrine, en se croisant dans le dos. Il rappelle l'amictus qui était un vêtement long que les Romains portaient sur la tête et qui couvrait le corps entier.

Depuis la réforme liturgique de 1969, son emploi est jugé facultatif par l'immense majorité du clergé. Facultatif, bien sûr, veut dire «interdit»!

Cependant, le Cérémonial des Évêques (Cæremoniale Episcoporum) de 1984 précise que «le vêtement sacré pour tous les ministres quel que soit leur grade commun est l'aube, serrée autour des reins par le cordon Avant de revêtir l'aube on revêtira l'amict»

Poser tout d’abord l’amict sur la tête revêt une signification spirituelle très riche, comme l’indique la prière que le prêtre récitait, «in illo tempore», mais dont l’existence a été oubliée ou est totalement ignorée des jeunes générations:

«Impóne, Dómine, cápiti meo gáleam salútis, ad expugnándos diabólicos incúrsus».

«Placez sur ma tête, ô Seigneur, le casque du salut, pour vaincre et repousser les attaques du Démon»

Le casque du salut? Cette expression n’est pas nouvelle. Elle est même INSPIREE, et ce n’est rien moins que Saint Paul qui en est l’auteur, dans la Lettre aux Ephésiens (6, 11-17) qui présente le chrétien, et donc plus encore le Ministre du Seigneur, son Disciple, son Apôtre comme un soldat chargé de lutter contre Forces du Mal, pour «résister aux manœuvres du Diable» (verset 11-12

11.

Revêtez l'armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du Diable.

12.

Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes.

13.

C'est pour cela qu'il vous faut endosser l'armure de Dieu, afin qu'au jour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis en œuvre, rester fermes.

14.

Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture,

15.

et pour chaussures le Zèle à propager l'Évangile de la paix ;

16.

ayez toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais

17.

enfin recevez le casque du Salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu.

Le prêtre aurait-il oublié les avertissement de Saint Pierre lui-même, qui sait de quoi, et de Qui il parle:

«Quia adversus vester, Diabolus, tanquam leo rugiens, circuit quaerens quem devoret» (1 Epitre de Pierre 5, 8b)

«Parce que votre adversaire, le Diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer»

L’amict, même s’il est considéré comme facultatif depuis la réforme de 1969, et si la plupart des jeunes prêtres ne savent même pas ce que c’est (qui le leur aurait enseigné au séminaire?), ne l’est pas. Le Pape Benoît XVI a tenu à en parler, aux prêtres, le Jeudi-Saint de 2007, dans l’homélie de la Messe Chrismale:

«L'acte de revêtir les vêtements sacerdotaux était autrefois accompagné par des prières qui nous aident à mieux comprendre chaque élément du ministère sacerdotal. En commençant par l'amict. Par le passé - et aujourd'hui encore dans les ordres monastiques -, il était tout d'abord placé sur la tête, comme une sorte de capuche, devenant ainsi un symbole de la discipline des sens et de la concentration de la pensée nécessaire pour une juste célébration de la Messe. Les pensées ne doivent pas errer ici et là derrière les préoccupations et les attentes de ma vie quotidienne; mes sens ne doivent pas être attirés par ce qui, à l'intérieur de l'église, voudrait fortuitement attirer les yeux et les oreilles. Mon cœur doit docilement s'ouvrir à la parole de Dieu et être recueilli dans la prière de l'Eglise, afin que ma pensée reçoive son orientation des paroles de l'annonce et de la prière. Et le regard de mon cœur doit être tourné vers le Seigneur qui est parmi nous: voilà ce que signifie ars celebrandi - la juste façon de célébrer. Si je suis ainsi avec le Seigneur, alors avec mon écoute, ma façon de parler et d'agir j'attire également les autres personnes dans la communion avec Lui».

Il est vrai que l’amict, étant donné la forme actuelle de l’aube, et la mode qui se généralise de leur utilisation, semble devenue inutile!

 (à suivre)

Mgr J. Masson