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Timeo Danaos et dona ferentes Le billet de Nestor

Publié le 23 novembre 2009 par Angèle Paoli
Le billet hebdomadaire de Nestor (7) TIMEO DANAOS ET DONA FERENTES


      Revenir sur tes pas, ne donnant et ne prenant que ce temps auquel les signes pesants ont renoncé, qui t'éloigne sans te contraindre, te traverse sans te vouer, désespérément, à l'Unique...

      Donner à lire, c'est permettre et non transmettre ; voilà pourquoi il n'y a pas, il n'y a jamais eu de RÉEL : parce qu'il n'y a pas de faits, seulement des interpolations...

      Naïve vanité que de croire que les choses ont mieux existé quand tu les as mises en mots.

      Seul le déni nomade demeure... Ce que tu sais, c'est pour tous que tu le sais : les marques, les incisions, les gestes...

      Bénis l'impuissance des mots, accouplement de qui nous ignorions...

      Du monde dont tu t'es détaché, du geste que l'on t'adressa, il ne restera qu'une image, une trace imperceptible... Royaume double, royaume mort, masque de plâtre.

      De tes trois pesées, la plus légère est celle dont tu es aujourd'hui l'unique dépositaire, sans pouvoir avec quiconque la rejoindre : les autres sont morts ou doublement effacés depuis si longtemps que si tu les rencontrais, vous n'auriez même pas à faire semblant de ne pas vous voir...

      Le désir n'est jamais vierge, il ne s'appartient plus, il est à qui en clôt la torsion, là où dire n'est pas faire, pas encore, sauf à frôler le pressenti comme tremplin, comme soubassement, comme entrailles...

      Choisir c'est refuser, monde qui n'est que s'il est traversé, ébauche qui ne tend que vers ce qu'elle renvoie...

      Ne s'aboucher qu'au Tout, jamais à ses ébats...

      Libre, comme s'il était soudain devenu ce pur voyeur jamais blessé par ce qu'il démêle ou appréhende...

      Vain espoir que l'oubli ne nous oublie pas trop, lois tordues, passage des captifs, apaisement de qui réapprend la pénombre, où ceux qui mirent le feu toujours s'enfuient devant nos femmes...

      Aigu du désir, de ce que tu ne nies et n'appréhendes que pour aller au-devant du gardien des louanges...

      Reviens, guetteur de l'épars, tremplin du tisserand d'ombres, qui ploie, qui danse...

      Tu sais qu'il n'y a rien à comprendre, c'est là ta paix, et ton triomphe. Mais à quoi bon si les autres toujours te questionnent, rouvrant ces blessures oubliées qui nous firent adultes, nous poussant dans cette histoire qui sinon n'en serait pas devenue une, oublieuse d'elle-même, se dispersant, ne s'éprouvant que dans le désaveu...

André Rougier
D.R. Texte André Rougier


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