FANG
Les nuages pommelés se figent gris dans le verre
lumière bue dans l'écrin du vide
gorges tendues sur le fil du soir
les langues tanguent
la roue du temps
file ses heures
Tout l'univers se reflète dans les voix
chacune est là absente au monde
fond de décor d'âme sans tain
rien ne passe rien ne remonte
le ciel de verre prend la mer en otage
Ses yeux de braise sertis de noir
roulent leur joie d'ombre
― éclats d'innocence ―
Tout l'univers enclos dans les lampes-tulipes
vibre les sons hésitent fusent et tressent
en bulles rondes il est impossible
de les tendre sur un fil
voix vibratiles espaliers de sons
en suspens
La beauté fang toise le fleuve
peau sombre qui hante les abords
les joncs frissonnent sous la houle
roulements du tambour des eaux
Elle veille en déesse attentive aux remous
aux tourbillons subaquatiques
aspirés dans le miroir [capteur d'images]
le paysage s'inverse
― courbes inventées dans les revers ―
Lumière absorbée
dans le poli du verre lisse
une odeur de vanille vient se prendre
enroulée dans la boucle des heures
― ô anneau de nuit ―
égrenées
dans le chant.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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